Le journal Le Droit obligé de déménager à Gatineau?

Les bureaux principaux du journal Le Droit.
Le journal Le Droit a pignon sur rue dans le Marché By à Ottawa. Archives ONFR+

OTTAWA – Le journal Le Droit est plus près que jamais de devenir une coopérative indépendante. Les employés de Groupe Capitales Médias (GCM) ont voté en faveur d’une offre d’achat des six quotidiens. Toutefois, Le Droit devra trouver une manière de concilier l’aide financière provenant du Québec et son héritage franco-ontarien.

Lors de sa rencontre de mercredi, le comité provisoire du projet de coopérative a présenté son plan d’affaires et son offre pour acheter les six journaux.

« Au journal Le Droit, l’appui était unanime », raconte Patrick Duquette, représentant du quotidien au comité et président du Syndicat des travailleurs de l’information du Droit. « On a aussi vu une adhésion massive au projet à travers les six journaux. Ce sont de bonnes nouvelles. »

Selon le modèle suggéré, chacun des six quotidiens formerait sa propre coopérative indépendante.

« Les journaux bénéficieraient aussi des services d’une coopérative de producteurs qui chapeauterait le tout, des services comme la paie ou la mise en page, par exemple », explique M. Duquette.

Le syndic en charge du dossier, PricewaterhouseCoopers, examinera les différentes offres le 7 novembre. Selon Pierre-Paul Noreau, président et éditeur du quotidien Le Droit, l’offre du comité provisoire sera pesée contre les offres de deux autres repreneurs potentiels qui ont été retenus par la cour.

Le représentant syndical demeure tout de même confiant : « Le plan d’affaires que nous avons proposé a plusieurs atouts et sera difficile à battre particulièrement en matière de maintien d’emploi. »

De l’aide du Québec

Sans divulguer de détails précis, M. Duquette note que le plan d’affaires proposé compte sur l’aide financière qu’a annoncée le gouvernement Legault plus tôt ce mois-ci.

À l’instar du gouvernement canadien, le Québec a annoncé son appui à la presse écrite sous forme de nouveaux crédits d’impôt sur la masse salariale.

« Tout ça aide à créer un environnement fiscal où les médias écrits peuvent amorcer le virage numérique », explique M. Duquette. « Jusqu’à maintenant, on était étouffé par la concurrence des grandes entreprises numériques, particulièrement les Google, Apple, Facebook et Amazon de ce monde, qui s’accapare la majorité des revenus publicitaires sur le web, sans pour autant payer de taxes. »

Toutefois, pour tirer plein avantage de cette aide, M. Duquette avoue que le quotidien examine l’option d’établir sa coopérative à Gatineau.

« Je peux dire absolument que Le Droit continuera d’assurer une présence en Ontario. On ne reniera jamais nos racines : nous sommes un journal de combat, né en 1913 pour protéger les droits des Franco-Ontariens. C’est dans notre ADN », dit-il en préambule. « Mais il faut concilier ça avec la réalité incontournable que l’aide financière, pour le moment, provient du Québec. Dans un contexte où on lutte pour notre survie, on ne peut pas se permettre de se passer de ces programmes. »

M. Duquette note en revanche que même si les bureaux principaux du quotidien sont actuellement à Ottawa, le siège social de GCM se trouve au Québec. « Donc, les gens ont la perception que le siège social est en Ontario, mais ce n’est pas tout à fait le cas. »

Déjà plus de 1 M$ amassés

En vue de déposer son offre d’achat au syndic d’ici le 7 novembre, les six quotidiens de GCM doivent récolter suffisamment de fonds.

« Le Droit a déjà atteint son objectif d’un million de dollars en engagement publicitaire et en lettre d’intention, mais la campagne se poursuit », note M. Duquette.

Ce montant compte entre autres un engagement de la Ville de Gatineau d’acheter 150 000 $ de publicités au cours des trois prochaines années et une contribution financière de 100 000 $ de la part du syndicat.

« Les travailleurs voulaient démontrer qu’ils croient au projet et montrer l’exemple », indique le président syndical.

Il dit avoir aussi reçu d’importantes contributions de la part de membres de la communauté à travers la campagne « Je coopère pour mon journal », mais ne peut préciser un montant exact.