Le nouveau test de français devrait être plus accessible et moins cher

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OTTAWA – Le gouvernement fédéral a annoncé, ce mercredi, un nouveau test de compétence linguistique en français plus accessible et moins cher, à compter de décembre, pour les candidats à l’immigration canadienne. Mais aucune garantie n’existe.

En se dotant de deux prestataires, contre un seul auparavant, pour évaluer les compétences linguistiques en français des candidats à l’immigration, le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de Citoyenneté du Canada (IRCC) espère faire jouer la concurrence pour rendre ce test plus accessible et moins cher.

« Le coût moyen national du test de français sera comparable au coût moyen du test d’anglais et il sera disponible dans les villes où il n’est pas disponible actuellement, à partir du 1er décembre », a assuré le ministre de l’IRCC, Ahmed Hussen.

En 2016, le Commissariat aux langues officielles avait blâmé le gouvernement pour cet obstacle supplémentaire à l’accueil de plus d’immigrants francophones dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire.

« On a entendu que le coût des tests de français était un des freins. On trouvait ça inacceptable! », a ajouté la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly.

Selon les données du Commissariat, le test d’évaluation de français (TEF), nécessaire pour les personnes qui souhaitent immigrer au Canada afin de prouver qu’elles maîtrisent une des deux langues officielles, n’était pas disponible à l’Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve-et-Labrador et dans les territoires, et huit des 18 centres d’examens qui le proposaient étaient situés au Québec. Le coût du TEF variait également de 330 $ à 485 $ contre 265 $ à 365 $ pour le test d’anglais.

Aucune garantie

Avec son réseau de 37 centres d’examen, selon son site internet, le Centre international d’études pédagogiques (CIEP) qui s’ajoutera à la Chambre de commerce et d’industrie de la région Paris Île-de-France pour offrir le test de français, devrait offrir plus d’options, espère le ministère.

Mais ce mardi, il était encore impossible de dire précisément où le test de français sera disponible au 1er décembre, d’autant que le CIEP n’en a actuellement aucun dans le Labrador et à l’Île-du-Prince-Édouard.

Quant au coût à défrayer, Ottawa dit avoir choisi les prestataires en fonction de ce facteur, qui doit permettre de l’offrir à un coût moyen de 300 $, soit l’équivalent de la moyenne nationale du test d’anglais. Toutefois, aucune obligation n’a été formellement imposée aux deux prestataires.

Lors de sa dernière vérification, #ONfr a constaté sur le site internet de l’Alliance française d’Ottawa, qui offre actuellement le TEF, que le prix a diminué de 460 $ à 380 $ depuis le 15 octobre. Cela reste toutefois supérieur de 100 $ à celui proposé pour le test d’anglais, à Ottawa.

Le directeur général de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Alain Dupuis, se montre toutefois confiant.

« On va rester vigilant pour s’assurer que ce soit le même prix. Mais je fais confiance que le gouvernement est sérieux dans son engagement. »

Des tests de France

Le choix du gouvernement de donner le contrat à deux entreprises françaises pourrait soulever des critiques, même si Ottawa indique avoir donné des balises pour la création du nouveau test.

« Nous avons choisi les prestataires les plus compétitifs », justifie M. Hussen.


« Ça aurait été souhaitable que ce soit un organisme canadien » – Alain Dupuis, FCFA


Pour M. Dupuis, il faudrait garder l’œil ouvert.

« On a des universités de classe mondiale ici, on a l’habitude d’administrer des tests de français. C’est sûr que ça nous inquiète. On veut s’assurer que le test sera adapté à la réalité linguistique canadienne. »

Un rôle central pour La Cité

Le ministre Hussen a également profité de cette Semaine nationale de l’immigration francophone pour annoncer que le collège La Cité, à Ottawa, jouera un rôle central pour aider les nouveaux arrivants francophones.

Une fois sélectionnés par le Canada, ils pourront s’adresser à l’établissement franco-ontarien pour obtenir de l’aide dans leur processus avant d’arriver sur le sol canadien.

« Ça permet à La Cité de jouer un rôle national au niveau de l’intégration de l’immigration francophone », glisse la ministre Joly.

Une enveloppe de 11 millions de dollars sur cinq ans a été débloquée qui permettra d’offrir des services et de l’aide, notamment en ligne, pour intégrer le marché du travail, mais aussi pour diriger les futurs nouveaux arrivants vers des organismes à leur arrivée.

« On a déjà une expérience pour accompagner et intégrer les immigrants. Ça nous permet d’élargir notre capacité. On aura, par exemple, des bureaux pour les prédéparts dans des pays francophones », explique la présidente de La Cité, Lise Bourgeois.

La Cité coordonnera le projet à partir de janvier 2019 avec quatre relais à travers le Canada : Actions interculturelles de développement et d’éducation, au Québec, la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique et la Société de la francophonie manitobaine.

« Avant, l’immigrant francophone avait du mal à se retrouver dans cette panoplie de services, majoritairement en anglais. Avec un service en français avant l’arrivée, on va faire cet aiguillage-là, pour qu’à toutes les étapes jusqu’à la citoyenneté canadienne il puisse obtenir des services en français », se réjouit le directeur général de la FCFA.

Le CFT confirmé à Pearson

Le ministre Hussen a enfin confirmé que le Centre francophone de Toronto sera chargé, à compter de mars 2019, d’accueillir en français les nouveaux arrivants francophones à l’Aéroport international Pearson pour leur distribuer de l’information et les orienter.

En 2018, sur plus de 90 300 résidents permanents ayant atterri à Pearson, environ 2 500 étaient francophones, selon les chiffres d’IRCC. Le directeur général de la FCFA espère qu’il ne s’agit que d’un début.

« C’est un premier pas, mais pour nous il est clair que ça doit être des services disponibles en français dans tous les aéroports majeurs qui accueillent des immigrants. »

Les mesures annoncées ce mardi permettront-elles d’atteindre la cible de 4,4 % d’immigration francophone à l’extérieur du Québec d’ici 2023 que s’est fixé le gouvernement fédéral? Pour M. Dupuis, il s’agit d’une étape.

« C’est un problème très complexe. Il va en falloir plus, mais je suis encouragé. Le fédéral fait les pas nécessaires pour aller dans la bonne direction. »


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