Le Parti PC veut rafraîchir son image
OTTAWA – Le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario cherche à rafraîchir son image alors qu’il entame une consultation « exhaustive » de ses membres dans la préparation de son prochain programme électoral. Un programme qui se veut d’ores et déjà plus moderne, inclusif, et même vert, insistent les dirigeants de la formation.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
La troupe d’opposition à Queen’s Park a dévoilé un nouveau logo et les grandes lignes d’une vaste consultation populaire lors d’un congrès d’orientation à Ottawa, samedi 5 mars.
Signe que les temps sont en train de changer, le bleu, couleur emblématique du Parti PC, cède un peu de place au rouge et même au vert sur la nouvelle identité visuelle de la formation.
« L’époque où les politiques du parti étaient imposées du haut vers le bas est bel et bien révolue », a déclaré le chef progressiste-conservateur Patrick Brown dans un discours devant quelque 1700 militants de son parti, en début de soirée. « Je veux que la base de notre parti soit l’auteure de notre prochain programme. »
Dans l’opposition depuis plus d’une décennie, le Parti PC veut se montrer plus « moderne » et « inclusif ». Il veut miser sur le web et les médias sociaux pour rejoindre plus de gens, et les consulter de façon continue sur les grands enjeux de la province.
« Un Parti progressiste-conservateur moderne, compatissant et pragmatique est ce qu’il faut pour notre époque et ce qu’il faut pour notre province », a martelé M. Brown dans son discours.
Depuis son arrivée à la chefferie, il y a dix mois, Patrick Brown signale régulièrement bien que subtilement son intention de recentrer le Parti PC après une dérive sur la droite qui lui a coûté cher aux urnes en 2011 et 2014. Mais il insiste que le vrai changement doit venir de la base de la formation vers le haut, et non le contraire.
Changement climatique
Seule surprise : le chef de l’opposition à Queen’s Park s’est prononcé pour la première fois publiquement en faveur d’un prix sur le carbone pour lutter contre le changement climatique, s’attirant des réactions tièdes et aussi quelques « non » de la foule.
« Le changement climatique est un fait. C’est une menace. C’est causé par les humains. Nous devons faire quelque-chose. Ce quelque-chose inclut un prix sur le carbone », a clairement dit M. Brown. « Mais ça ne peut pas être une ponction fiscale. Il doit y avoir des baisses d’impôts équivalentes pour les individus et les entreprises ».
Le chef progressiste-conservateur a plus tard dit à la presse qu’il y avait « un appui significatif » au sein de son parti pour combattre le changement climatique et qu’il était tout à fait normal et sain, selon lui, qu’il y ait des divergences et des débats d’opinion au sein d’une famille politique.
Plusieurs membres influents du Parti PC ont reconnu publiquement à Ottawa que le manque de consultation de la base militante avait pesé lourd dans la défaite de 2014, lorsque l’ancien chef Tim Hudak, plombé par sa promesse controversée d’abolir 100000 emplois dans la fonction publique ontarienne, a servi un mandat majoritaire sur un plateau d’argent aux libéraux de Kathleen Wynne.
« Quand nos membres ne sont pas dans le siège du conducteur, nos politiques déraillent », a reconnu en début de journée Kaydee Richmond, responsable des politiques pour la formation d’opposition.
Consultations « exhaustives »
Les dirigeants du Parti PC veulent prendre les prochains mois pour « faire le tri » de leurs priorités. Ils veulent ensuite prendre le pouls de leurs membres, et aussi de la population ontarienne en général, par le biais de consultations « exhaustives » et un nouveau site web de rétroaction bilingue, www.forontario.ca.
Le site web principal du parti n’est, par contre, toujours pas bilingue.
Les libéraux au pouvoir à Queen’s Park ont pour leur part critiqué le dévoilement, en marge du congrès du Parti PC, d’un « fonds de la victoire » qui donnerait aux donateurs de 5000$ sur trois ans le privilège d’assister à la période de questions et de « rencontrer le chef et le caucus » par la suite dans le salon des députés.
« La tentative par Patrick Brown de vendre littéralement un accès aux députés conservateurs à l’intérieur de la Législature pendant qu’ils assument leurs responsabilités parlementaires est à la fois troublante et sans précédent », a réagi la libérale Marie-France Lalonde, réclamant du même souffle une enquête du président de la Législature et du commissaire à l’intégrité de l’Ontario.