Le Québec accueillera un Sommet des francophonies en 2020

La ministre québécoise responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Sonia LeBel. Archives ONFR+

QUÉBEC – Le gouvernement du Québec a annoncé, ce mardi, la tenue d’un Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes en 2020. Objectif : revoir le rôle du Québec dans la francophonie canadienne et développer des liens.

L’événement se tiendra à Québec les 16 et 17 juin, juste avant la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, prévue les deux jours suivants.

« L’année 2020 sera charnière pour la francophonie. Le moment est venu, pour le Québec, d’assumer un leadership à l’égard des différentes francophonies canadiennes. Le gouvernement du Québec accorde une importance à la vitalité et à la pérennité du français au Québec, mais aussi ailleurs au Canada. Nous continuerons d’appuyer nos actions en matière de francophonie canadienne, sur les valeurs que sont la solidarité, la justice, l’équité, la diversité et la collaboration », indique la ministre québécoise de la Justice et ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Sonia LeBel, par voie de communiqué.

En entrevue à ONFR+, la ministre explique la genèse du projet.

« La dernière fois qu’il y a eu un événement de ce type, c’était il y a plus de 50 ans avec les États généraux du Canada français. De notre côté, la réflexion est amorcée depuis un moment, mais il est vrai qu’à la lumière de ce qui s’est passé en Ontario cet automne, on s’est dit qu’il était temps de revoir le rôle du Québec dans la francophonie canadienne, comme seule province francophone. On veut aussi savoir ce que les communautés francophones à travers le pays attendent de nous. »


« On a vu se créer un grand élan de solidarité dans la francophonie canadienne, il ne faut pas le laisser s’éteindre » – Sonia LeBel, ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne  


Organisé en partenariat avec la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada et le Centre de la francophonie des Amériques, le Sommet réunira des représentants du Québec, de la société civile et des communautés francophones des provinces et territoires. La ministre LeBel n’exclut pas non plus d’inviter des élus des autres provinces et territoires.

L’événement sera le point culminant des consultations menées préalablement par le Québec afin de revoir sa politique en matière de francophonie canadienne.

« C’est toujours bon d’actualiser une politique », explique Mme LeBel qui plaide pour la mise en place de nouveaux partenariats, notamment économiques, avec les communautés.

Initiative québécoise

En janvier dernier, invitée à l’Université d’Ottawa pour une journée d’étude intitulée La francophonie canadienne et le Québec : un avant et un après Doug Ford, la ministre LeBel avait déjà ouvert la porte à une telle idée. Bien que récemment entrée en poste, elle révélait son ambition en matière de francophonie. Quelques mois plus tard, son discours n’a pas changé.

« Je suis convaincue qu’une francophonie forte au Québec aide toute la francophonie canadienne et qu’une francophonie forte à travers le Canada bénéficie au Québec. Pendant 50 ans, notre province, avec ses raisons, a travaillé à consolider sa propre francophonie. Aujourd’hui, je pense que nous sommes rendus au moment où on peut partager notre expérience. »

Une étape avant des États généraux?

La FCFA avait appelé de ses vœux une telle initiative, à plusieurs reprises, indiquant en janvier à ONFR+ espérer même la tenue de nouveaux États généraux de la francophonie canadienne en 2021. Ce mardi, son président Jean Johnson se montrait moins enclin à parler d’États généraux, niant même avoir utilisé l’expression.

« Parler d’États généraux, ce serait revenir en arrière. Un sommet, c’est plus neutre et ça laisse plus de liberté. Ça fait deux ans que nous avons des conversations avec le Québec pour un tel événement, ce qu’on espère, c’est développer un dialogue continu entre toutes les francophonies canadiennes et bâtir des ententes et des projets collaborateurs avec le Québec. »

La ministre LeBel entourée du directeur général de la FCFA (à gauche) et du président de la FCFA, Jean Johnson (à droite). Source : Twitter

L’idée d’États généraux de la francophonie canadienne a toutefois fait son chemin. Selon certaines sources, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal réfléchirait à la pertinence de tenir, dans un avenir plus ou moins rapproché, des États généraux de l’Amérique française.

La ministre LeBel indique que le sommet de Québec pourrait servir de point de départ à un tel événement, mais laisse la société civile en juger de la pertinence.

Nouvelle solidarité

Le président de la FCFA préfère se concentrer sur le sommet à venir et les perspectives qu’il annonce.

« Cela montre que nous avons trouvé un interlocuteur et des partenaires. (…) Ce qui est en jeu, c’est la légitimité de notre langue au Canada, car il n’y a qu’une seule langue officielle minoritaire, c’est le français! », a-t-il lancé, en conférence de presse.

M. Johnson espère bâtir une nouvelle solidarité au sein de la francophonie canadienne et attirer l’attention des médias québécois sur ce qui se passe en français à l’extérieur de la Belle province.

« Les crises linguistiques des derniers mois ont créé un intérêt renouvelé du Québec pour les communautés francophones et acadiennes. Il faut capitaliser sur cette amorce de nouvelle solidarité francophone et sur cette volonté d’action qui est en train de se créer. Le sommet sur le rapprochement est très important à cet égard. J’espère que nous y réaliserons que nous avons tous et toutes en commun un devoir d’agir, et d’agir maintenant, pour préserver la place du français au Canada et en terre d’Amérique. Nos enfants et nos petits-enfants nous en remercieront », commente-t-il.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le mardi 7 mai, à 13h35