Le TIFF vu par les cinéphiles francophones

Les productions franco-ontariennes au TIFF 2022 ne brillent pas par leur présence. Crédit image : Rudy Chabannes

TORONTO – La claquette s’est rabattue le 8 septembre dernier sur l’ardoise du clap annonçant le Festival international du film de Toronto 2022 (TIFF) avec au programme des films francophones à la pelle. Toutefois, comme de coutume, les longs-métrages franco-ontariens sont quasiment absents de cette édition faute de promotion, de distribution et de financement.

Avec une cinquantaine de réalisations et/ou de coproductions françaises et une douzaine de films québécois, le septième art francophone est bien représenté lors de cette édition du TIFF 2022.

Toutefois, en dehors des têtes d’affiche, la plupart de ces films tombent dans l’escarcelle du cinéma indépendant, souligne Jocelyn Pogorbsky, cinéphile et conseiller senior en affaires culturelles.

« J’essaie de voir le plus de films francophones possible, parce que le TIFF est une bonne opportunité pour voir des films qui ne seront pas projetés en salle durant le reste de l’année. Je regarde aussi les films dont tout le monde parle, mais j’essaie aussi de voir des films indépendants, ce qui comprend beaucoup de films francophones », souligne Jocelyn Pogorbsky, cinéphile et conseiller senior en affaires culturelles.

Quelques films francophones à ne pas rater

Parmi ces petites pépites, le jeune conseillé qui n’a raté aucune édition du TIFF depuis son installation en Ontario en 2016 préconise Retour à Séoul de Davy Chou.

« Ce film est justement plus indépendant et plus intime comme long-métrage. C’est à la fois une histoire personnelle et universelle en matière de recherche identitaire », explique-t-il.

Jocelyn Pogorbsky, cinéphile et conseiller senior en affaires culturelles. Gracieuseté

Autre acteur du secteur, autre avis, Marcelle Lean, fondatrice et directrice du festival Cinéfranco qui arpente les allées du TIFF afin de « découvrir des films du monde, réseauter et assister à des conférences de presse », conseille Les Enfants des autres de Rebecca Zlotowski avec Virginie Effira et Roschdy Zem ».

À cela, elle ajoute : « Le bruit court dans les queues et les couloirs qu’il faut absolument aller voir Une Belle course de Christian Carion avec Line Renaud et Dany Boonm, mais aussi Saint Omer d’Alice Diop. »

À titre informatif, Saint Omer vient d’être doublement couronné à la Mostra de Venise en décrochant le Grand Prix du Jury et le prix du premier film.

Et la production franco-ontarienne dans tout cela?

Comme les autres années, on ne rencontre que très rarement des productions franco-ontariens. Toutefois, selon Jocelyn Pogorbsky, cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. 

« On peut trouver des films franco-ontariens, mais il faut bien les chercher parce que ce sont souvent des petits films à petit budget. le TIFF est connu pour être le point de départ de la saison de grandes récompenses comme les Oscars, c’est pour cela que d’une manière générale, les films américains et anglophones font plus de bruit », note-t-il.

Qui plus est, le jeune cinéphile fait le constat d’un manque de promotion, de financement et d’un déficit de confiance de la part des diffuseurs, ce qui, indéniablement a des conséquences sur la qualité du rendu final. 

« C’est difficile de trouver les financements à la hauteur des ambitions des cinéastes francophones hors du Québec » – Jocelyn Pogorbsky

« Les films franco-ontariens ne sont pas bien promus par les instances locales. C’est difficile de trouver les financements à la hauteur des ambitions des cinéastes francophones hors du Québec, ce qui se reflète sur la qualité et le processus de professionnalisation des cinéastes. Aussi, il y a très peu de distributeurs qui sont prêts à diffuser des films franco-ontariens, par peur de ne pas trouver le public au rendez-vous, ce qui n’est pas vrai », avance-t-il.  

Le jeune homme en veut pour preuve la fois où il a présenté une demande au Cineplex pour passer des films francophones. Cela a fini par être accepté et les séances ont affiché complet, d’après lui. 

Marcelle Lean, fondatrice et directrice du festival Cinéfranco. Archives ONFR+

Ce même constat d’ordre financier revient chez Marcelle Lean : « Une des interlocutrices du panel a évoqué les maigres subventions accordées par les gouvernements comme un obstacle à la production des films canadiens en général. On pourrait appliquer cet argument aux productions franco-ontariennes qui se dirigent vers le court-métrage et le documentaire, car plus gérables du point de vue finance et personnel. »

Et d’ajouter : « L’industrie du cinéma franco-ontarien prend lentement son essor et produit des films encore peu nombreux, mais de qualité peut-être pas à la hauteur de celle des cinémas francophones plus établis et plus expérimentés. »

Ceci dit, le train du 7e art n’attend pas! la tâche risque d’être encore plus compliquée puisque les organisateurs du TIFF ont jugé bon de réduire la liste de films sélectionnés cette année, et ce par souci qualitatif.