L’économie au cœur de la rentrée parlementaire

Le premier ministre canadien Justin Trudeau. Archives

OTTAWA – Les députés ont repris le chemin de la Chambre des communes, lundi 25 janvier. Pour le Parti libéral du Canada (PLC), les prochaines semaines doivent permettre de concrétiser certaines de ses promesses électorales, alors que l’opposition officielle dit vouloir être la voix des contribuables.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

La session parlementaire réserve plusieurs défis de taille pour le nouveau gouvernement de Justin Trudeau qui fête, cette semaine, ses 100 premiers jours à la tête de la Chambre des communes.

En Ontario, le gouvernement de Kathleen Wynne sera particulièrement attentif aux investissements promis en matière d’infrastructures, mais également aux annonces faites concernant le Régime de pensions du Canada, que l’Ontario envisage de créer son propre régime et enfin, sur la question de la santé, puisque M. Trudeau a promis un nouvel accord avec les provinces sur le financement des soins de santé.

Économie

L’économie est sans doute le sujet sur lequel les libéraux sont le plus attendus. Élu sur la promesse d’investissements majeurs en infrastructures, le gouvernement de M. Trudeau s’est laissé les coudées franches en annonçant de « modestes » déficits de moins de 10 milliards$ dans les deux premières années de son mandat pour financer ses promesses, avant un retour à l’équilibre prévu en 2019-2020, soit à la fin de son mandat.

La chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Rona Ambrose, annonce qu’elle sera « la voix des contribuables » à la Chambre des communes et s’inquiète déjà des déficits annoncés.

« Nous attendons de connaître le plan de M. Trudeau. Lors des dernières semaines, nous avons consulté les Canadiens à travers le pays et ils sont inquiets pour leur emploi et l’avenir de leurs enfants. Le gouvernement doit nous présenter un plan économique clair et expliquer comment il compte revenir à l’équilibre. »

Le Nouveau Parti démocratique (NPD), pour sa part, dit vouloir se concentrer sur les inégalités de salaire.

« Lutter contre les inégalités doit être la priorité et le plan libéral ne va favoriser que les riches », a lancé M. Mulcair à la Chambre des communes. « Le gouvernement peut et, selon nous, doit jouer un rôle direct dans l’élimination de la pauvreté. »

Aide médicale à mourir

Les travaux du Comité mixte spécial sur l’aide médicale à mourir (PDAM) ont commencé lundi 25 janvier. Le gouvernement libéral dispose d’un délai de quatre mois, accordé par la Cour suprême du Canada, pour encadrer l’aide médicale à mourir.

L’échéance du 6 juin arrive vite, trop vite selon le député conservateur Gérard Deltell.

« J’ai eu l’occasion de travailler sur cette question lorsque j’étais député provincial, à Québec. Il nous a fallu six ans pour adopter une loi, cela me semble donc difficile à réaliser en si peu de temps. C’est un dossier très délicat et il convient que prendre le temps d’écouter toutes les opinions sans partisannerie et de respecter le vote libre et les points de vue de chacun. »

Légalisation du cannabis

Indiquant que le système actuel ne fonctionne pas, notamment pour empêcher l’accès de la marijuana aux plus jeunes, Justin Trudeau a promis de légaliser l’accès à la marijuana, y compris à des fins récréatives, d’ici un ou deux ans. Le PLC a confié ce dossier à l’ancien chef de la police de Toronto, Bill Blair.

La chef du PCC déclare se ranger derrière la décision des Canadiens qui ont élu M. Trudeau notamment sur cette promesse, tout en rappelant son opposition à cette idée.

« M. Trudeau va devoir agir vite sur cette question et là encore, il doit venir avec un plan précis. Nous voulons voir comment il va procéder pour limiter l’accès à la marijuana aux plus jeunes. »

Accueil des réfugiés

Lors de la campagne électorale, le PLC avait annoncé son intention d’accueillir 25000 réfugiés syriens fuyant les conflits dans leur pays. Ces dernières semaines, plusieurs villes hôtes canadiennes, dont Ottawa, ont demandé une pause devant les difficultés rencontrées pour accueillir et héberger les nouveaux arrivants.

Le gouvernement est attendu sur cette question, notamment par les communautés francophones en situation minoritaire, dont l’Ontario et le Nouveau-Brunswick, qui espèrent pouvoir accueillir des réfugiés francophones.

Lutte contre le terrorisme

La promesse de rapatrier les avions de chasse canadiens et de concentrer les efforts du Canada sur la formation des troupes locales et l’aide humanitaire suscite de vives critiques de la part de l’opposition officielle. Le PCC considère que l’accueil des réfugiés n’est qu’une partie de la stratégie pour lutter contre le terrorisme et ses conséquences, et qu’il faut prendre des mesures pour enrayer l’État islamique (EI).

« Nous ferons pression pour que le Canada continue à jouer le même rôle de premier plan que durant la dernière décennie dans la lutte contre le terrorisme mondial. En utilisant l’ensemble de nos capacités, nous devons soutenir les victimes de terroristes et lutter contre ces derniers pour les empêcher de causer davantage de tort », a déclaré Mme Ambrose.

Langues officielles

Dans le contexte actuel, le dossier des langues officielles n’apparaît pas prioritaire pour le nouveau gouvernement. Il fait toutefois partie de ses engagements lui qui, dans sa plateforme électorale, s’est engagé à encourager et favoriser l’utilisation des langues officielles du Canada.

La nomination attendue de cinq sénateurs, dont deux en Ontario, donnera déjà un premier aperçu de la manière dont le gouvernement gèrera ce dossier puisque la communauté franco-ontarienne s’attend à voir nommer au moins un député franco-ontarien pour remplacer Marie Charette-Poulin.