Léonie Tchatat se défend : « La Passerelle n’a pas de problèmes »

TORONTO – La directrice de la Passerelle-I.D.É., éclaboussée par une enquête du Toronto Star, défend son intégrité et la manière dont son organisme gère les fonds publics. Léonie Tchatat parle d’un malentendu et dénonce les acteurs franco-torontois qui tenteraient de profiter de la situation pour lui nuire.

« Je ne vais pas me substituer à des raisons banales. Je n’ai pas de raison de me justifier. La réalité est que nous sommes transparents dans nos processus. La Passerelle n’a pas de problèmes, n’a jamais eu de problèmes », lance Léonie Tchatat, dans une entrevue accordée à ONFR+.

Mme Tchatat est à la tête de cet organisme d’aide aux immigrants, qu’elle a fondé il y a deux décennies, et qui obtient environ deux millions de dollars en financement fédéral, provincial et municipal.

Elle rejette avec vigueur et colère les allégations selon lesquelles les dirigeants et employés de La Passerelle-.I.D.É. auraient utilisé à leurs fins personnelles des billets de faveur obtenus gratuitement de l’organisme Kids Up Front pour être remis à des enfants dans le besoin.


« Il y a beaucoup d’interprétations. La Passerelle est transparente » – Léonie Tchatat


« Il ne faut pas activer ce qui n’est pas nécessaire d’activer. Vous connaissez la grandeur des jalousies, des compétitions. Pour certains, c’est une occasion », renchérit Léonie Tchatat.

Caroline Mulroney et Léonie Tchatat. La ministre des Affaires francophones a participé à la dernière activité de la Passerelle I.D.É., il y a quelques semaines. Crédit image : gracieuseté.

« Au fil des ans, La Passerelle-I.D.É. a envoyé de nombreuses photos à Kids Up Front montrant des personnes assistant aux événements pour lesquels elles ont eu des tickets, y compris des personnes ayant plus de 18 ans. La Passerelle-I.D.É. a reçu des emails de Kids Up Front reconnaissant l’utilisation de tickets à l’occasion par des membres du personnel et par des bénévoles de La Passerelle-I.D.É », explique l’organisme par voie de communiqué. La Passerelle-I.D.É. affirme que l’entente de 2014 permettait aux employés de bénéficier des billets, mais qu’un « malentendu » a pu se produire après le retrait de cette clause en 2016.

Train de vie : « Ils n’ont qu’à aller se faire foutre! »

Dans son article, le Toronto Star partage moult détails sur le train de vie de Léonie Tchatat et de son mari, Guy Taffo, aussi à l’emploi de la Passerelle-I.D.É.. L’article fait état de la maison du couple dans le quartier huppé de Rosedale, en plus de lister les voitures du couple (SUV Range Rover, Mini-Cooper, une BMW vendue récemment,…).

« C’est tout simplement bête. Je travaille fort pour ce que je mérite et j’ai un rythme de vie qui convient à ma qualité de vie. J’ai commencé à travailler à l’âge de 16 ans, ils n’ont qu’à faire des mathématiques. Je n’ai pas de justifications à donner pour ce que j’ai. Je l’ai obtenu de manière honnête. Ils n’ont qu’à aller se faire foutre! », lance-t-elle, exaspérée, à l’intention de ceux qui critiquent son train de vie.

La Passerelle I.D.É. est le seul organisme franco-ontarien a avoir un bureau à Paris, ce dont ce défend aussi Mme Tchatat.


« C’est hors sujet, je ne réponds pas à ça. Ça fait 20 ans que je travaille avec mes bailleurs de fonds et si j’avais un problème, en 20 ans, ils me l’auraient fait savoir » -Léonie Tchatat


Le fait d’employer son mari place-t-elle Léonie Tchatat en situation de conflit d’intérêt? « Ça a toujours été transparent. On a commencé à deux et nous sommes là. Nous avons travaillé fort pour impacter la communauté et il a fait sa part, j’ai fait ma part. Le plus important est de voir le nombre de personnes que nous mettons à l’emploi. Le plus important est de voir les succès de La Passerelle dans la communauté, mais pas ma vie privé. Ce n’est pas important », laisse-t-elle tomber.

Les révélations du Toronto Star ont provoqué des réactions fortes dans la communauté franco-torontoise. De nombreux acteurs francophones ont contacté ONFR+, évoquant également certains problèmes dans la gestion du personnel. « S’il y a deux employés qui parlent de mauvais traitements, il y a dix ou cinquante employés qui parlent des bons traitements. C’est un pour et un contre. Il y a des cas d’employés qui peuvent ne pas être contents et ils décident de faire ce qu’ils ont à faire. Mais nous, nous concentrons à ce que nous faisons de bien. La Passerelle est reconnue, elle a une crédibilité et on s’en tient à ça », affirme Léonie Tchatat.

« Là, on parlait des tickets. Ne changeons pas de sujets. Ce n’est pas une question de bureau à Paris, de financement, restons sur le sujet », rajoutera-t-elle, agacée.

Léonie Tchatat en compagnie du président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Carol Jolin, et de son directeur, Peter Hominuk. Crédit image : gracieuseté

Léonie Tchatat joue un rôle de premier plan dans la francophonie ontarienne, depuis quelques années. Elle est notamment commissaire à la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP), mais a aussi obtenu un mandat de l’Assemblée francophonie de l’Ontario afin qu’elle anime sa série de consultations sur les minorités raciales et ethnoculturelles francophones.

Léonie Tchatat affirme être victime d’un mauvais travail journalistique.


« Je n’ai pas succombé à son intimidation. On veut me faire avouer des choses qui ne sont pas vraies » – Léonie Tchatat


Si d’autres révélations s’ajoutent, elle compte se défendre bec et ongle.

« Au fur et à mesure que ça viendra, on va réagir en temps et lieu. Je pense que je suis une très bonne cible. Ça fait du sensationnel et c’est tout », conclut-elle.

 


POUR EN SAVOIR PLUS :

La Passerelle éclaboussée par des allégations dans le Toronto Star