Les Acadiens de la Nouvelle-Écosse en cour pour une autre circonscription protégée

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DARTMOUTH – La Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE) se tourne vers la cour suprême de la province afin d’obtenir une quatrième circonscription électorale protégée. En avril 2019, dans son rapport final, la Commission de délimitation des frontières électorales de la Nouvelle-Écosse, recommandait que soient maintenues les circonscriptions électorales acadiennes protégées de Clare, Argyle et Richmond, mais avait rejeté la demande de création d’une circonscription pour Chéticamp. 

La FANE a obtenu un financement provenant du programme de contestation judiciaire, afin de pouvoir identifier les fondements juridiques à l’appui de la création d’une circonscription électorale pour Chéticamp. L’organisme a retenu les services d’une équipe juridique pour mener à bien ses démarches auprès du plus haut tribunal de la province.

La requête en vue de créer une circonscription électorale pour la région de Chéticamp n’est absolument rien de nouveau, comme l’explique Marie-Claude Rioux, directrice générale de la FANE.

« Ça fait depuis 1970, aux alentours de ça, que la Fédération acadienne (de Nouvelle-Écosse) demande une circonscription pour Chéticamp, donc ça ne date pas d’hier, au même titre que les trois autres circonscriptions acadiennes », souligne-t-elle.

Marie-Claude Rioux, directrice générale de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE). Gracieuseté

Selon elle, ce qui explique que cette demande soit demeurée lettre morte depuis si longtemps est justement le fait que la circonscription, dont cette enclave acadienne fait partie, n’a pas eu de député acadien depuis près de cent ans. « Je crois que la dernière élection d’un député (acadien) date de 1926 », estime-t-elle.

« D’où l’importance d’aller chercher le principe de représentation effective pour permettre une plus petite circonscription et donner l’occasion aux gens de Chéticamp d’élire leur propre député, ce qui se fait dans les régions de Clare, d’Argyle et de Richmond, justement parce que ces circonscriptions-là sont plus petites », fait valoir Mme Rioux.

En 2012, ces trois circonscriptions électorales acadiennes avaient été abolies, mais cette décision avait été jugée inconstitutionnelle par la Cour d’appel de la Nouvelle-Écosse. Le gouvernement libéral de Stephen McNeil avait quant à lui décidé de ne pas contester cette décision.

La création de la circonscription de Chéticamp soumise au vote des commissaires

« La Commission de délimitation des frontières électorales de la Nouvelle-Écosse s’est rendue à deux reprises dans la région pour entendre les gens. Les gens étaient unanimes à vouloir une circonscription et on nous a fait miroiter la possibilité que Chéticamp puisse avoir cette circonscription », fait-elle remarquer.

Mme Rioux ajoute qu’il a plus tard été révélé « que le dossier de Chéticamp avait été soumis au vote des commissaires, c’est la seule circonscription qui a eu ce traitement-là, et que les commissaires ont voté cinq contre quatre contre le fait de donner une circonscription à Chéticamp ». La commission comprenait neuf membres dont deux Acadiens.

Mais Marie-Claude Rioux rappelle également que lors de cet exercice de redécoupage, une autre circonscription a été scindée justement parce qu’elle a été considérée comme étant trop grande géographiquement.

En effet, de la circonscription de Guysborough-Eastern Shore-Tracadie, deux nouvelles circonscriptions ont été créées, soit celle de Guysborough-Tracadie et celle qui porte désormais le nom de Eastern Shore.

À droite le découpage recommandé. À gauche, le découpage actuel. Source : Élections Nouvelle-Écosse

« C’est exactement la même situation dans la région d’Inverness. Le comté d’Inverness (où se trouve la localité de Chéticamp) est très grand, il fait la moitié du Cap Breton, essentiellement, et quand on sait à quel point les chemins sont accidentés, c’est encore plus difficile de se rendre du point ‘A’ au point ‘B’ que (dans) l’autre circonscription qui a été divisée pour des raisons géographiques. »

« Ce qu’on dit essentiellement, au bout du compte, c’est qu’on est convaincus que Chéticamp n’a pas été traité avec justesse (ni) avec justice et équité par rapport aux autres circonscriptions, et qu’on n’a pas fait une analyse comme on aurait dû la faire pour le dossier de Chéticamp. D’ailleurs la commission n’a donné aucune justification pour expliquer pourquoi Chéticamp n’était pas désigné comme circonscription », déplore Marie-Claude Rioux.

Cette absence d’explication est, pour beaucoup, déconcertante, surtout lorsque l’on sait que des communautés anglophones du Cap Breton qui se trouvent à proximité de Chéticamp réclament, elles aussi, la création de cette circonscription parce qu’ils sont trop éloignés d’Inverness, chef-lieu de la circonscription.