Les Acadiens nous montrent souvent la voie

Le grand tintamarre du 15 août, à Ottawa. Gracieuseté: Association acadienne de la région de la capitale nationale

[ANALYSE]

Le tricolore étoilé sera déployé aujourd’hui aux quatre coins de l’Acadie, malgré le contexte particulier de la pandémie. Plus que jamais, les 600 000 Franco-Ontariens doivent marcher main dans la main et revendiquer avec les « cousins » Acadiens.

Au cours des dernières années, des zones de convergence se sont dessinées entre les francophones des différentes provinces en contexte minoritaire. Des alliances forgées sur les vestiges du délitement d’une « société francophone » centrée sur la Belle Province.

En dépit d’une démographie déclinante, des francophones formés dans les différentes institutions scolaires arrachées aux gouvernements provinciaux dans les années 80 et 90 ont développé un nouveau type de militantisme.

Réunis sous le couvert de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Franco-Ontariens et Acadiens – épaulés entre autres par les « Francos de l’Ouest » -, défendent avec une ardeur nouvelle des objectifs communs : une revitalisation de la Loi sur les langues officielles, une immigration francophone bonifiée ou encore, une enveloppe financière rehaussée pour les communautés.

Inquiétudes parallèles pour Acadiens et Franco-Ontariens

Ces deux dernières années, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick, qui représentent environ les trois quarts des francophones en contexte minoritaire, ont connu des inquiétudes parallèles.

Les progressistes-conservateurs qui ont pris le pouvoir dans les deux provinces avaient moins pour objectif de gouverner au centre, comme le firent Bill Davis et Bernard Lord, que d’assainir les finances publiques. Résultats en Ontario : la suppression de l’indépendance du Commissariat aux services en français et celle provisoire du projet d’Université de l’Ontario français (UOF) au cours du fameux « jeudi noir » de novembre 2018.

Les Acadiens du Nouveau-Brunswick n’ont pas connu d’attaques directes de la part du gouvernement Blaine Higgs. Mais comme en Ontario avec la Loi sur les services en français, l’urgence de revitaliser la Loi sur les langues officielles de la province est aujourd’hui mise de côté.

Preuve que la sensibilisation et la résistance payent, les Acadiens de Nouvelle-Écosse ont obtenu quant à eux une victoire précieuse l’automne dernier, en obtenant du gouvernement provincial le retour des circonscriptions électorales francophones de Clare, Argyle et Richmond.

À l’image des mesures sanitaires pesant sur les rassemblements de ce soir, l’année 2020, exceptionnelle en raison de l’épidémie, met sur la glace certains projets communs des francophones en contexte minoritaire.

2020 aurait même dû matérialiser le rapprochement avec le Québec, de par la Conférence interministérielle sur la francophonie et le Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes, tous deux initialement prévus dans la Belle Province, et annulés en raison du coronavirus.

Une identité basée sur la résistance

La Déportation des Acadiens, débutée à partir de 1755, a contribué à façonner l’identité acadienne basée sur plus de deux siècles et demi de résistance à l’impérialisme britannique.

Les Franco-Ontariens ont eu besoin de nombreuses piqûres de rappel pour comprendre leurs droits, du sinistre Règlement XVII de 1912, jusqu’à la crise linguistique de l’automne 2018, en passant par les manifestations contre la fermeture de l’Hôpital Montfort. Autant de combats qui font figure de référents communs.

Les Acadiens nous montrent souvent la voie à suivre. Ne dit-on pas, après tout, que le soleil se lève toujours à l’Est?

Ce sont eux qui ont résisté en premier aux Britanniques lors du Grand Dérangement, eux encore qui obtenu du Nouveau-Brunswick le premier statut de province officiellement bilingue. À Moncton, tout comme en Nouvelle-Écosse, les francophones ont mis en place leur propre université depuis belle lurette.

Bon quinzou à tous les Acadiens de Moncton, Cap-Breton, Charlottetown, Saint-Jean de Terre-Neuve et d’ailleurs!

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 15 août.