Les candidats à la chefferie plaident pour plus de bilinguisme au Parti vert

L'ancienne chef du Parti vert du Canada, Elizabeth May. Source: Site internet Parti vert du Canada

Les candidats à la course à la chefferie du Parti vert du Canada se retrouvaient, ce lundi, pour une troisième assemblée publique, la première – et la seule – en français. Tous ont d’ailleurs reconnu l’importance d’améliorer le bilinguisme au sein du parti.

« Tant que tout le monde au sein du parti n’aura pas compris que le français doit avoir la même importance que l’anglais, le parti n’ira nulle part. C’était pitoyable lors de la dernière élection, il faut que ça change! »

Meryam Haddad n’a pas mâché ses mots quand est venu le temps de se prononcer sur la place du bilinguisme au sein du parti qu’elle aspire à diriger. L’avocate québécoise, née en Syrie et installée au Canada depuis 1993, milite pour que des postes clés soient bilingues au sein du Parti vert du Canada (PVC), rapportant de nombreux problèmes dans les communications et sur le site internet du parti.

Un constat que ses adversaires ont reconnu.

« C’est un problème qui dure depuis longtemps. Nous n’avons pas assez défendu la langue française qui fait pourtant partie de la fondation du Canada », a analysé l’avocat, Dimitri Lascaris, qui milite pour la création d’un poste de direction de la francophonie au PVC afin d’assurer des communications fluides avec tous les Canadiens de langue française.

L’ancien ministre de l’Environnement de l’Ontario, sous le gouvernement libéral de Kathleen Wynne, Glen Murray, estime que « le français n’a pas la place qu’il mérite » au sein du parti, alors que le candidat originaire d’Owen Sound, Andrew West, souhaite que des formations de français soient offertes aux employés et que plus de francophones et bilingues y soient recrutés.

Trois des candidats à la chefferie du Parti vert du Canada. De gauche à droite, Meryan Haddad, Judy Green et Glen Murray. Montage ONFR+

L’avocate ontarienne Annamie Paul a montré une approche plus nuancée.

« C’est un problème systémique et il faut trouver des solutions. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a des barrières à l’accès à l’éducation en français pour les anglophones et les immigrants et je ne veux pas que le bilinguisme soit une barrière à la participation de ces gens. De plus, il y a d’autres langues, comme les langues autochtones, ce serait important de les inclure dans nos communications. »

L’ancien président du Parti libéral du Canada en Colombie-Britannique, David Merner, a livré sa solution.

« Ça commence par un leader qui doit être complètement bilingue. Nous devons avoir une culture francophone et anglophone au sein du parti, pour bâtir une organisation fondée sur un principe d’égalité. Je me battrai pour ce principe! »

Un prochain chef bilingue?

Une façon pour celui qu’on annonce comme étant le meneur de la course de valoriser sa candidature, alors que les difficultés en français d’Elizabeth May – malgré ses progrès – ont souvent été pointées du doigt, notamment lors de la campagne de l’automne dernier.

Le bilinguisme du futur chef est primordial, insiste Mme Haddad.

« Nous avons des opportunités de faire des gains, notamment au Québec et dans le Nord du Nouveau-Brunswick. Et cela passe par un chef qui maîtrise à la perfection la langue de Molière. »

Trois des candidats à la chefferie du Parti vert du Canada. De gauche à droite, Amita Kuttner, Annamie Paul et Andrew West. Montage ONFR+

Sur les neuf candidats à briguer la direction du PVC, sept se sont montrés capables de s’exprimer plus ou moins convenablement en français.

Seuls Andrew West, qui a préféré faire appel à un traducteur la majorité du temps, et Judy Green, dont les réponses se sont avérées souvent incompréhensibles, ne maîtrisent pas du tout le français, mais disent suivre des cours. Les candidats Glen Murray et l’urgentologue de Yellowknife, Courtney Howard, ont, quant à eux, paru un peu hésitant pour bien exprimer leurs idées.

« J’ai parlé sans note, ce soir, car je voulais rassurer que je suis capable de parler en français et de discuter dans les deux langues officielles », a souri, pour sa part, Mme Paul.  

Si le bilinguisme est essentiel, semblent s’entendre les candidats, la capacité à se faire élire le sera tout autant, a insisté M. Merner, car aucun des trois députés présents à la Chambre des communes n’est candidat à la chefferie.

« Je suis capable de gagner mon siège en Colombie-Britannique », a assuré celui qui a terminé deuxième pour les verts dans la circonscription d’Esquimalt-Saanich-Sooke, en 2019.

Seulement quatre questions

Après 13 ans à la tête du parti, Mme May avait annoncé, en novembre dernier, sa démission du poste de chef.

Avec neuf candidats à sa succession, depuis l’expulsion de Dylan Perceval-Maxwell pour des propos jugés inappropriés par le comité électoral du parti, il a toutefois été bien difficile de débattre, ce lundi.

En 90 minutes, seulement quatre questions ont pu être abordées et les répliques ont été rares, rendant difficile pour les candidats de se distinguer ou d’aller dans le détail.

Trois des candidats à la chefferie du Parti vert du Canada. De gauche à droite, Dimitri Lascaris, Courtney Howard et David Merner. Montage ONFR+

Déjà abordée lors du débat de TVO le 23 juin, la question du racisme systémique n’a pas provoqué d’échanges virulents, cette fois, les candidats s’entendant pour un définancement de la police, certains plaidant même pour son abolition.

Tous se sont également engagés à défendre les droits des autochtones et à promouvoir leur participation au sein du parti, alors qu’en matière de crise climatique, les candidats souhaitent la fin du financement de l’industrie pétrolière et une transition écologique qui s’accompagne d’une transition économique et sociale, afin de ne laisser personne en route.

Débat bilingue jeudi

Cinq assemblées publiques sont encore programmées entre les candidats d’ici au 30 juillet, dont une, bilingue, le 23 juillet.

Le vote en ligne débutera le 26 septembre et le choix des militants sera connu en octobre.