Les chiffres « au-delà des attentes » du centre de services francophones à l’aéroport Pearson

Les voyageurs ne sont plus soumis aux restrictions sanitaires pour entrer dans le territoire canadien. Archives ONFR+

TORONTO – Les sept premiers mois du centre de services francophones à l’aéroport Pearson ont été encourageants, a appris ONFR+. Depuis fin mars, quelque 1 200 nouveaux arrivants ont utilisé les services du kiosque d’accueil située dans la zone réservée à l’immigration aux terminaux 1 et 3 du plus grand aéroport canadien.

« On s’attendait pas à voir autant de nombres, car on nous a toujours dit qu’il n’y avait pas de francophones qui arrivaient, mais surprise surprise, il y en a 200 par mois et seulement avec quatre employés sur place », souligne la directrice générale du Centre francophone de Toronto (CFT), Florence Ngenzebuhoro.

C’est justement son organisme qui dirige la mise en œuvre de ce service d’accueil des nouveaux arrivants francophones, le tout avec l’appui financier du ministère de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).

La directrice générale du Centre francophone de Toronto, Florence Ngenzebuhoro. Crédit image : Sébastien Pierroz

Une fois parvenu à ce kiosque, les immigrants reçoivent des informations sur les services d’accueil et d’établissement en Ontario français, dont l’emploi, le logement, l’éducation et les soins de santé.

« C’est au-delà de nos attentes, mais on sait qu’il y a des vols qui arrivent en permanence, donc notre travail en ce moment, c’est de revendiquer plus de ressources. »

Selon les données d’IRCC, quelque 2 500 nouveaux arrivants francophones à l’extérieur du Québec passent par l’aéroport Pearson, chaque année.

« On voit des bienfaits, car ces gens-là arrivent dans nos services, pas seulement avec le Centre francophone. Nous avons des ententes avec des centres d’accueil à Windsor ou Ottawa par exemple. À Toronto, nous recevons plus de clients dans nos services de l’enfance, mais il faut faire un meilleur travail avec tout le système, sur comment accueillir et retenir les immigrants. C’est beau d’avoir les chiffres mais il faut un travail sur le terrain car on ne veut pas les perdre. »

Le bouche-à-oreille comme source d’information

Pour la  nouvelle titulaire de la Chaire de recherche sur l’immigration et les communautés franco-ontariennes à l’Université d’Ottawa, Luisa Veronis, l’opportunité est belle. D’autant que les nouveaux arrivants venus d’Afrique ont leur propre spécificité.

« Au moment de leur arrivée, beaucoup n’ont pas pu avoir les informations par internet. Pour le succès de l’immigration francophone, les meilleurs informations pour certains d’entre eux restent souvent le bouche-à-oreille. »

Et de poursuivre : « Les immigrants ne savent pas toujours où sont les points francophones. Juste en se baladant dans les rues, ils ne vont pas les voir. La visibilité des communautés et des services en français est un gros problème pour les immigrants. »

La spécialiste de l’immigration estime qu’il faudra « un an peut être pour voir les résultats » du kiosque dans la communauté francophone.

Faire de l’idée un projet pilote permanent

Enfin, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) s’est félicitée des chiffres. « Il arrive parfois que les immigrants n’ont pas eu de services et de contacts en français à leur arrivée, avec la conséquence d’inscrire leurs enfants dans des écoles anglophones pour se rendre compte six mois plus tard qu’il y avait une communauté francophone vibrante, avec des services, et des écoles pour les enfants. »

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Carol Jolin. Crédit image : Étienne Ranger

Ce projet pilote est prévu pour une durée d’un an. Le CFT a reçu plus de 825 000 $ pour administrer ce service.

« Il faut que ce projet pilote devienne permanent, et voir juste qu’il n’y a pas seulement Toronto et Ottawa. Il y a trois villes qui ont été identifiées comme communautés accueillantes récemment [Hawkesbury, Hamilton et Sudbury] », conclut M. Jolin.