« Les communautés rurales toujours laissées de côté » – Nicole Fortier Levesque

Nicole Fortier Lévesque AFMO Moonbeam
Nicole Fortier Levesque, mairesse de Moonbeam et présidente de l'AFMO. Archives ONFR+

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Nicole Fortier Levesque, maire de Moonbeam et présidente de l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO), l’organisme porte-parole des municipalités francophones de la province.

LE CONTEXTE :

Doug Ford s’est exprimé lundi devant les maires des communes rurales et du Nord au cours d’une conférence organisée par la Rural Ontario Municipal Association (ROMA) pour tenter de trouver des solutions à la crise de logement sur leur territoire.

L’ENJEU :

Avec la pandémie, la rareté des ressources et les migrations économiques, les prix du logement ont doublé et même triplé dans certaines régions. Le premier ministre a annoncé un investissement d’un milliard de dollars sur cinq ans au fond ontarien pour l’infrastructure communautaire pour aider 424 collectivités ontariennes à améliorer leurs routes, ponts et réseaux d’égout.


« Est-ce que les annonces faites par le gouvernement correspondent aux attentes des municipalités rurales?

Je dois vous avouer que je suis un peu déçue, car pour moi l’amélioration de la Route 11 est une des préoccupations qui me touchent en ce moment. Chaque année, nous avons énormément de pertes en vies humaines à cause du mauvais état de la route.

Est-ce que les mesures prises vont répondre aux besoins des communautés rurales? J’en doute vraiment. Je suis très déçue de cette situation. On dirait que les communautés rurales sont toujours laissées de côté. On parle de Congrès des municipalités rurales de l’Ontario, je pense qu’il serait de mise d’offrir du financement à ces communautés.

Quels sont vos besoins concrets en termes de logement abordable?

Notre plus grand défi est tout simplement le manque de logement. Nous n’avons rien. Que ce soit des appartements à louer ou des maisons à vendre, nous n’avons aucun inventaire sur le marché. J’aurais souhaité que l’on puisse construire des logements pour les gens à la retraite, car la demande est très forte à Moonbeam. Les gens veulent rester, mais il n’y a plus de logements disponibles. Nous voulions de l’aide de la province pour construire des quadruplex accessibles pour notre population vieillissante. C’est un problème très sérieux pour notre communauté.

L’essentiel des annonces a été dévoilé auprès des maires des villes de plus de 100 000 habitants, la semaine dernière. Peut-on appliquer les mêmes formules mises en place dans les grandes villes aux localités rurales?

Les besoins sont différents d’une région à l’autre. Il est plus que nécessaire de prendre en compte les besoins et les spécificités de chaque région si l’on veut trouver des solutions durables. Ce n’est pas possible d’appliquer les mêmes mesures à tous. Pourtant, on dirait que c’est l’approche que le gouvernement souhaite prendre.

Doit-on densifier la construction dans les grandes villes ou rendre les communes rurales plus attractives si l’on souhaite résoudre le problème de logement?

On doit trouver un moyen d’attirer les gens dans le Nord de l’Ontario. On a de grands terrains qui sont disponibles. Pour cette raison, le gouvernement devrait se pencher sur cette situation. Ce dernier devrait offrir du financement aux municipalités pour qu’elles puissent construire des bâtisses qui sauront attirer la population loin des centres urbains.

Au vu de la situation actuelle, quelles mesures devraient être instaurées pour aider les municipalités rurales, en dehors du financement?

Il est primordial que, par l’intermédiaire de congrès, le gouvernement réalise qu’il se doit d’offrir du financement à l’AFMO pour lui permettre d’offrir des services en français. À travers des formations et des forums aux élus municipaux, aux employés et aux corps des corporations des 444 municipalités de l’Ontario, nous voulons présenter l’importance d’offrir des services de qualité aux habitants dans la langue de leur choix. Il va falloir aussi trouver un moyen pour répondre aux besoins des francophones en même temps. Pour moi, c’est extrêmement important. »