Les détails du budget très attendus par les francophones

Le président de l'AFO,

TORONTO – Le budget ontarien sera dévoilé dans les prochaines heures, mais une grande partie de son contenu a déjà été révélé par la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne au cours des derniers jours. Du côté des francophones, on surveillera surtout un éventuel financement concernant l’Université de l’Ontario français.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
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SÉBASTIEN PIERROZ
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« On veut s’assurer que les sous vont etre la, que le conseil des gouverneur va être formé bientôt et qu’un emplacement sera choisi bientôt », assure le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin.

Le gouvernement s’était engagé à offrir quelque 1,7 million de dollars pour le comité de mise en œuvre du futur établissement. Une somme de 18,3 millions sera ensuite disponible pour le fonds de démarrage géré par le Conseil des gouverneurs.

Le hic, c’est que la date de démarrage de 2020 commence à urger. « On veut un budget spécifique, et non sous forme de promesse », clame-t-on du côté de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO). « Du fait que 2020 semble difficile à tenir, on espère que le gouvernement rattrapera cela », précise la vice-présidente, Koubra Haggar.

Pour les deux organismes francophones, un autre dossier vaut aussi son pesant d’or : le ministère des Affaires francophones. Bien qu’autonome depuis fin juillet, la somme injectée chaque année dans le ministère reste identique à 5 millions de dollars.

« Il faut que le budget de ce ministère reflète le travail », argue Mme Haggar. Il y a quelques semaines, l’AFO demandait même une augmentation de 75 % de la somme allouée à ce ministère. M. Jolin se basait alors sur la membriété de l’Ontario dans l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) effective depuis 2016, et exigeant selon lui deux ou trois employés de plus travaillant pour le ministère.

La santé sera l’autre secteur scruté par les francophones à la lecture du budget. Dans un échange de courriels avec #ONfr, l’Hôpital Montfort dit attendre « avec impatience plus de détails », sur les différentes mesures annoncées par le gouvernement Wynne la semaine dernière capable de « soulager les hôpitaux », victimes de « pressions croissantes ». À commencer par le 2,1 milliards de dollars pour les soins en santé mentale.

« J’espère que le ministre des Finances, Charles Sousa, mentionnera dans son discours l’importante des soins de santé mentale pour les francophones », analyse M. Jolin. Si le gouvernement a promis d’injecter quelque 140 millions de la somme pour les « groupes prioritaires », l’argent spécifique pour les francophones demeure encore flou.

Budget à saveur électoraliste

Sur une note plus générale, le gouvernement Wynne s’est engagé au cours de la semaine dernière à étendre son programme d’assurance-médicaments au 65 ans et plus, une mesure évaluée à 575 millions de dollars, et à augmenter le budget des hôpitaux de 4,6 % au lieu de 3,3 % comme prévu. Cette dernière mesure devrait coûter 822 millions de dollars aux contribuables.

Avec toutes ces annonces, le déficit annoncé du prochain budget devrait s’établir à 8 milliards de dollars.

À la veille du dépôt du budget, le ministre des Finances de l’Ontario, Charles Sousa, s’est porté à la défense du gouvernement Wynne face à ces nombreuses annonces. Selon lui, l’équilibre budgétaire atteint l’an dernier a mis le gouvernement en position « d’investir » dans les secteurs clés, comme la santé et l’éducation.

M. Sousa a aussi défendu le choix du gouvernement de dépenser à quelques semaines du début de la campagne électorale, rappelant que c’est « grâce à une gestion saine des finances pendant les dernières années » que tout cela est possible.

Même si plusieurs annonces ont eu lieu avant le budget, le ministre des Finances a assuré qu’il resterait des « surprises » le 28 mars prochain.

Les conservateurs ont des attentes

Lisa MacLeod, critique en matière de finances du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, a demandé au ministre Sousa un plan pour le retour à l’équilibre budgétaire, de réduire davantage les factures d’électricité des Ontariens et de ne pas augmenter les impôts.

« La vie est plus difficile pour les Ontariens sous le gouvernement Wynne et chaque mois, c’est un défi pour une famille de boucler leur budget », a martelé Mme MacLeod.

Mme MacLeod a martelé que les budgets ne devraient pas être une occasion pour les libéraux de tout promettre dans le seul but de se faire élire en juin.

Pour France Gélinas, députée du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, les annonces des dernières semaines ne sont pas crédibles.

Mme Gélinas dit « ne pas croire » les intentions du Parti libéral de l’Ontario (PLO) et a déploré que le gouvernement « se réveiller » à seulement quelques semaines d’une élection.


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