Les élèves demandent un code vestimentaire plus inclusif au CECCE

Archives #ONfr

OTTAWA – Sexiste, classiste ou discriminatoire, voici quelques adjectifs utilisés par la Coalition d’Ottawa contre la violence faite aux femmes (COCVFF) et le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) pour décrire le nouveau code vestimentaire du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE). Pour Jean-Philippe Bisson, vice-président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), le code vestimentaire, même s’il est une source de débat, n’est pas néfaste pour les élèves. Il faudrait cependant que ce code soit revu en vue d’inclure les besoins de tous les élèves.  

Dans une missive envoyée à l’administration du CECCE, le COCVFF et le CALACS Ottawa ont signalé que les politiques vestimentaires du conseil « sont sexistes et ne tiennent pas compte des enjeux croisés de classe et de race ». Les deux organismes estiment que l’application de telles mesures « peut donner lieu à des situations humiliantes et blessantes pour les élèves ».

« Le code de vie ne parle pas explicitement du genre ou du sexe. Cependant, les termes « modeste » et « décents » ont souvent servi par le passé à établir des exigences sexistes ciblant les femmes ou les filles. De plus, l’utilisation d’un adjectif aussi vague que « propre » pour qualifier la tenue vestimentaire peut contribuer à renforcer le classisme », est-il écrit.

Pour la FESFO, le code vestimentaire est un outil important pour déterminer les limites au sein du cadre scolaire. Tout de même, il peut devenir discriminatoire à l’égard de certains, s’il n’inclut pas la voix des jeunes émanant de groupes sociaux marginalisés.

« Il est nécessaire de revoir ce code vestimentaire en incluant les jeunes venant de groupes marginalisés. Ce procédé permet de s’assurer que leurs besoins sont pris en considération lors de l’établissement de ces règlements. Il faut concevoir un code vestimentaire qui inclut tous les élèves », explique Jean-Philippe Bisson, vice-président de la FESFO.

Selon lui, il faudrait aussi revoir les terminologies employées dans certains codes vestimentaires. Cela éviterait l’emploi de termes offensants ou qui pourraient prêter à confusion.  

« Quand nous décidons que quelque chose est « convenable » ou non, c’est important de se souvenir que des croyances sexistes, racistes, classistes, etc. baignent dans notre société. Nous avons tous des idées préconçues qui peuvent facilement guider nos décisions », explique Valérie Auger-Voyer, vice-présidente du conseil d’administration de la COCVFF.

Valérie Auger-Voyer, vice-présidente du conseil administratif de la Coalition d’Ottawa contre la violence faite aux femmes (COCVFF). Gracieuseté

Pour elle, « les élèves de milieux culturels minoritaires ou en situation de pauvreté peuvent être davantage visés par ce genre de code vestimentaire. Ces élèves doivent se conformer à des codes qui ne correspondent pas nécessairement à leur réalité. »

Inclure les élèves dans le processus de conception

Selon le vice-président de la FESFO, les conseils scolaires prennent souvent le temps de consulter les élèves avant la conception des codes vestimentaires. Même si cette initiative est louable, il n’y a pas de suivi auprès de ces derniers pour s’assurer que les politiques émises répondent à leurs besoins.

Jean-Philippe Bisson, Vice-président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO). Gracieuseté

« Il faudrait mettre davantage un suivi avant, pendant et après le processus de consultation. Très souvent, on fait semblant de nous écouter et après on se rend compte que le produit final n’a pas pris en compte nos recommandations », déplore-t-il. « À aucun moment, on n’a fait un suivi auprès des jeunes pour présenter les points qui ont été évoqués par les parents ou les autres acteurs impliqués. »

Pour lui, il faudrait faire une consultation qui cible à la fois les élèves, les parents et les membres du personnel. Les trois devraient travailler simultanément ensemble pour éviter les malentendus et mieux comprendre les opinions de tout un chacun.

De son côté, le CECCE a déclaré que le code relatif à la tenue vestimentaire est compatible à la mission et à la vision du conseil. La directive administrative stipule que « le Conseil s’attend à ce que la tenue vestimentaire des élèves contribue à l’établissement d’un milieu d’apprentissage positif, sain et sécuritaire. »

« Les directives administratives et politiques du Conseil sont rédigées et mises en place de manière impartiale. Celles-ci sont dynamiques et mises à jour régulièrement afin qu’elles puissent prendre en considération et refléter des réalités changeantes », a déclaré le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est.

Le cas du CECCE ne serait pas unique

D’après Valérie Auger-Voyer, les dérives dans le code vestimentaire ne sont pas propres au CECCE.

« Nous encourageons tous les conseils scolaires qui n’ont pas fait, à entamer un examen de leurs politiques en ce qui a trait au code vestimentaire. Ils devraient travailler à ce que le code soit plus inclusif, moins discriminatoire, et axé sur le bien-être des élèves et de leur apprentissage, plutôt que sur de vieilles notions démodées et genrées », ajoute-t-elle

Selon Valérie Auger-Voyer, il faudrait concevoir des politiques qui mettent l’accent sur le conseil auprès des élèves au lieu de leur imposer des règles strictes.