Les enseignants franco-ontariens maintiennent la grève de jeudi

Du Nord au Sud, on dénombrera 94 piquets de grève de l'AEFO en Ontario. Crédit image: Rudy Chabannes

TORONTO – L’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) dit maintenir, pour l’instant, son mouvement de grève prévu jeudi. Aucune nouvelle ronde de négociations n’est encore planifiée entre le syndicat franco-ontarien et le gouvernement.

La conférence de presse du ministre de l’Éducation a surpris plus d’un observateur, ce mardi, à Queen’s Park. Le ministre a clairement montré une inflexion sur la question de la taille des classes et des cours en ligne. Ces deux points d’achoppement empêchaient jusqu’ici toute entente depuis plusieurs semaines entre le gouvernement et les quatre syndicats, dont l’AEFO.

Mais le scepticisme demeure dans les rangs des travailleurs en éducation car, derrière les annonces, aucun détail concret n’est écrit noir sur blanc dans une proposition faite à la table des négociations, le processus normal pour aboutir à un accord.

Rémi Sabourin : « C’est inacceptable et malsain »

« Le ministre décide tout d’un coup de négocier dans un forum public au lieu de la faire à la table », fustige Rémi Sabourin, le président de l’AEFO. « C’est inacceptable et malsain. Nous demandons au gouvernement de faire ses propositions à la table. Les négociations, c’est du donnant-donnant. »

Le leader syndical qui défend les intérêts des 12 000 enseignants franco-ontariens a confié au micro d’ONFR+ maintenir, pour le moment, le mouvement prévu jeudi. Pour la troisième fois, un débrayage complet affectera l’ensemble des écoles des 12 conseils scolaires de langue française de la province, tandis que se poursuit la grève du zèle.

Rémi Sabourin, le président de l’AEFO. Crédit image : Étienne Fortin-Gauthier

« Plusieurs des déclarations (du ministre Lecce) sont des demi-vérités », ajoute par ailleurs le leader syndical. Et de rebondir sur la question des cours en ligne obligatoires finalement laissés à l’appréciation des parents : « C’est la première fois que nous entendons ça. Nous demandons à ce que cela soit proposé à la table et non dans des annonces publiques. C’est confidentiel. Nous aussi, on verra si on lève le sceau de la confidentialité. »

Pierre Côté : « Des annonces à tout bout de champ »

Le scepticisme est également palpable du côté de la Fédération des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEÉSO) qui défend 60 000 travailleurs, dont le personnel de soutien francophone.

Son secrétaire général, Pierre Côté, dénonce la « confusion » entretenue par le ministre dans la taille des classes. « D’abord 28, ensuite 25, maintenant 23… Pourquoi pas revenir à 22? »

Ironie de la situation, l’annonce de Stephen Lecce est intervenue le jour même où se déroulait une négociation avec la FEÉSO.

« Ces détails (dévoilés en conférence de presse) n’ont pas été partagés à la table », affirme M. Côté. « On a eu d’autres discussions de haut niveau sur des points très précis. »

Selon lui, ces « annonces à tout bout de champ », parasitent le processus de négociation, plus qu’elles ne les facilitent. C’est difficile de comprendre. On va étudier tout ça », conclut-il, perplexe.

La FEÉSO a, elle aussi, planifié un débrayage ce jeudi mais, fidèle à la stratégie de grève tournante, une partie seulement des écoles seront fermées.

Liz Stuart : « Un retrait complet des services »

De son côté, l’Association des enseignants catholiques anglo-ontariens (OECTA) – qui représente 45 000 travailleurs -, sera en revanche dans une logique de grève générale. Sa présidente Liz Stuart l’a annoncé quelques instants avant l’annonce ministérielle.

« Comme dernière ligne de défense contre les coupures, notre association prévoit un retrait complet des services à l’échelle de la province le jeudi 5 mars », a-t-elle indiqué par voie de communiqué. « Cependant, comme nous l’avons toujours dit, notre priorité reste de négocier un accord équitable à la table de négociation. »

L’OECTA a informé le médiateur qu’elle était prête à reprendre les négociations dès demain, mercredi 4 mars, et à continuer de négocier jeudi et vendredi si les discussions étaient fructueuses.