Les frontières interprovinciales doivent ouvrir, dit un docteur

Crédit image: Bobby Hidy / CC BY-SA 2.0

OTTAWA – Alors que l’économie ontarienne vient de compléter sa première fin de semaine de réouverture, les frontières entre le Québec, l’Ontario et le Manitoba sont toujours fermées. Une mesure qui n’a plus de sens au niveau épidémiologique, croit un médecin.

« Les frontières devraient être ouvertes depuis plusieurs semaines. Les chiffres ont commencé à baisser depuis plusieurs semaines. Les hôpitaux recensent de moins en moins de cas. Tous les indicateurs sont à la baisse. Le rôle de la frontière n’a pas eu un impact sur la tendance. Je ne sais pas pourquoi la frontière a été un facteur sur lequel le gouvernement provincial a voulu s’accrocher ces deux derniers mois », affirme le virologue et immunologiste de l’Hôpital Montfort Hugues Loemba.

Au gouvernement de l’Ontario, on refuse de dire si le décret de loi fermant les frontières pourrait être prolongé après le 16 juin, soit la date limite pour l’instant.

« Il (le décret) peut continuer d’être prolongé par tranches de 14 jours par le gouverneur général en conseil. Nous communiquerons avec le public avant sa résiliation », répète depuis quelques jours le bureau de la Solliciteuse générale Sylvia Jones.

Au Québec, le premier ministre François Legault a affirmé jeudi dernier que de donner la permission aux Québécois d’aller dans la province voisine se fera prochainement.

« Avec l’Ontario, on pense que dans les prochains jours, on va enlever les barrières entre le Québec et l’Ontario. »

Pour l’immunologiste de l’Hôpital Montfort, la situation épidémiologique dans la région de Ottawa-Gatineau n’est pas liée au fait que les deux villes sont dans deux provinces aux mesures sanitaires différentes.

« Au niveau de la santé, ce n’est pas la frontière entre Ottawa et Gatineau qui a fait en sorte qu’on a eu une troisième vague, ce sont les variants (…). Si on a une quatrième vague, ça va être à cause du variant Delta, mais heureusement qu’il y a le vaccin. »

Le docteur Hugues Loemba. Crédit image : Hôpital Montfort

Ce dernier croit que les ponts entre le Québec et l’Ontario auraient seulement dû être fermés pour un court laps de temps. Le plus important reste la frontière canadienne, selon M. Loemba.

« Ce que je crois est que les frontières externes, le flux de gens qui arrivent et qui doivent se faire tester et faire leur quarantaine sont plus importants. Les variants viennent de là. Par exemple, le variant indien, il y a des gens qui sont passés à travers les mailles avant que l’on ferme les frontières. »

La semaine dernière, le maire d’Ottawa Jim Watson, qui a souvent demandé à ce que la frontière reste ouverte, a réitéré sa demande au premier ministre Ford arguant que l’ouverture de l’économie ne justifie plus cette fermeture

« Cela n’a tout simplement aucun sens d’avoir cette limite artificielle verrouillée des deux côtés. J’espère que le premier ministre de l’Ontario reconnaîtra que nous sommes une seule union économique », avait soutenu Watson.

Fausse route avec une réouverture provinciale

Pour le docteur Loemba, il était nécessaire de rouvrir l’économie avec la progression du vaccin et avec la baisse des cas et des hospitalisations.

« On est arrivé à un point où il fallait ouvrir. Les gens sont tannés, ils veulent être dehors, car il fait chaud et rester à la maison n’est pas bon. »

Il croit toutefois que le gouvernement fait fausse route avec la décision de ne pas régionaliser l’ouverture provinciale.

« Je pense que la situation dans des régions comme Toronto, Peel et de York avec le variant indien est différente qu’ici à Ottawa par exemple. Je ne sais pas ce qu’il (le gouvernement) pense à faire tout le monde pareil, car il y a des différences et des changements d’une région à une autre. »

L’expert médical dernier pense que de tout ouvrir d’un coup à l’échelle provinciale fût injuste pour quelques régions et aurait préféré que le gouvernement ontarien s’inspire de sa province voisine.

« Au Québec, ils n’ont pas déconfiné tous en même temps. On voyait que du côté de Montréal, il était dans telle couleur, en Mauricie, une autre couleur. En Ontario, ça aurait pu être beaucoup plus juste entre chaque région. »