Les mesures sanitaires à prendre pour la rentrée scolaire, selon des docteurs

Le premier ministre, Doug Ford, et son ministre de l'Éducation, Stephen Lecce. Source: compte Twitter Stephen Lecce

Alors que l’Ontario s’apprête à dévoiler son plan pour la rentrée scolaire dans les prochains jours comme l’a dit le premier ministre Doug Ford, la possibilité d’une rentrée en personne et les mesures sanitaires qui seront mises en place sont deux des nombreuses variables qui restent encore inconnues. ONFR+ a interrogé deux experts médicaux pour savoir à quoi devrait ressembler le plan de retour en classe dans la province.

Une année complète en présentiel?

L’an passé, les écoles ont été ouvertes et fermées à de nombreuses reprises durant la deuxième et troisième vague de la province avant de rester fermées partout en Ontario du mois d’avril à la fin de l’année scolaire.

« Il faut vraiment que le gouvernement change sa façon d’agir au sujet des écoles. Il faut vraiment prioriser les écoles et protéger à 100 % les professeurs », souligne Santiago Perez Patrigeon, professeur au département de médecine de l’Université Queen’s.

« Nous savons que les enfants sont protégés naturellement et nous avons les vaccins chez les 12 ans et plus. Dans quelques mois, les vaccins pour les moins de 12 ans. En attendant cela, il faut mettre des protocoles en place pour cerner et isoler les cas pour fermer une salle de classe ou même une école… mais pas toutes les écoles dans toute la province. »

« Fermer toutes les écoles, ça ne mène à rien », Dr Santiago Perez Patrigeon

Ce dernier rappelle que c’est dans la communauté et non dans les écoles qu’une grosse partie de la transmission se fait chez les élèves.

« Fermer toutes les écoles, ça ne mène à rien. Les enfants ne sont pas plus protégés à la maison qu’à l’école. Ils s’infectent de toute façon via leurs parents. Qu’ils soient à l’école ou à la maison, ils sont affectés de toute façon. Au contraire, il faut vraiment protéger l’école et la considérer de façon essentielle. »

Vaccination

Peu de choses ont découlé du possible plan du ministre de l’Éducation Stephen Lecce, mais on sait déjà que l’Ontario prévoit des règles différentes pour les élèves vaccinés. Les élèves et les enseignants qui ont reçu deux doses du vaccin pourront retourner dans les salles de classe immédiatement après un test de dépistage négatif s’ils ont été en contact avec une personne infectée, tandis que les non-vaccinés devront rester en quarantaine de 10 à 20 jours.

Le plan du ministre de l’Éducation, Stephen Lecce est fort attendu en Ontario. Capture d’écran

Pour le virologue Hugues Loemba, de l’Hôpital Montfort, le fait d’être vacciné sera un avantage pour l’apprentissage scolaire des élèves.

« Ceux qui ont les deux vaccins sont moins infectés alors ils vont peut-être manquer quelques jours, mais pas les 14 jours de la quarantaine. Il faut que ça soit un incitatif. Ceux qui ont pris le vaccin n’auront pas besoin de rester en quarantaine ou de rester isolés pendant trop longtemps pour revenir en présentiel. »

De son côté, le professeur de l’Université Queen’s souligne que la vaccination est de la plus grande importance lorsque le virus se promène.

« Je pense qu’il faut surtout faire attention à la transmission communautaire. Si le nombre de cas reste en dessous de 200, je pense que le taux de vaccination n’est pas déterminant. Mais si le nombre de cas augmente, il est très important de vacciner au maximum, même au-dessus de 90 %, c’est idéal… Si on regarde aux États-Unis et au Royaume-Uni, c’est une quatrième vague de gens non vaccinés. Même si l’on a un taux de 80 %, ça fait quand même plusieurs millions de personnes, notamment aux États-Unis. Alors si on a une 4e vague au Canada, ça sera chez les non-vaccinés. »

Traçage des cas

Pour le Dr Loemba, une des clés de la rentrée serait d’utiliser les tests antigéniques rapides pour détecter une présence de virus chez les étudiants.

« Les tests antigéniques peuvent manquer de cas, mais ils sont très bons lorsque les cas sont les plus infectieux… alors on peut quand même utiliser une combinaison des tests rapides antigéniques et PCR. On fait ces tests pour ceux vaccinés, au moins une fois par semaine et pour ceux qui ne le sont pas, au moins trois fois par semaine. »

Le professeur de l’Université Queen’s prône une utilisation des tests plus modérée, mais souligne que la détection de symptômes reste primordiale : « Il faut être très vigilant sur les symptômes et dès qu’on en a un, il faut isoler la personne et tester les gens tout autour. »

Maintien du port du masque?

Pour le Dr Loemba, le masque avec la vaccination est probablement l’une des choses qui pourraient permettre d’éviter les scénarios yo-yo entre ouverture et fermeture de l’année dernière.

« On doit garder le masque pour assurer la pérennité des cours en présentiel, sans le masque, il va y avoir des éclosions. »

Le docteur Hugues Loemba. Source : Hôpital Montfort

Les masques pourraient toutefois être retirés si la situation sanitaire dans une communauté est dans le « vert », croit le Dr Santiago Perez. « Tout dépend de la transmission communautaire », pense ce dernier.

« Si dans la communauté, il y a très peu de cas, les enfants peuvent être sans masque, surtout s’ils sont vaccinés… Par contre, quand on se rapproche de l’hiver, on voit normalement beaucoup plus de maladies respiratoires. Là on va voir ce qui arrivera, mais peut-être que le masque sera obligatoire surtout dans la salle de classe, car les enfants vont être enfermés dans la salle de classe pendant beaucoup d’heures. »

Distanciation physique réduite?

Si on a une grande proportion de gens vaccinés, la distance peut être réduite à un mètre s’ils prennent les précautions requises comme le port du masque, mais le docteur Loemba prévient que le scénario est différent pour ceux sans leurs doses du vaccin.

« S’il n’y a pas de distance entre les non-vaccinés, il va y avoir des éclosions et une transmission de la maladie. Si on garde la distance entre les non-vaccinés et qu’on a de la ventilation avec ça, on diminue le risque. »

Ce dernier rappelle que plus il y a de précautions, plus ça va permettre d’avoir une rentrée normale.

« Si tout est bien fait, la distanciation, les masques, l’aération, alors on va pouvoir offrir du présentiel beaucoup plus longtemps et pour les enfants de moins de 12 ans, quand on va avoir plus de données, ils auront peut-être l’opportunité de recevoir un vaccin. »

Une meilleure ventilation?

Pour le professeur Perez Patrigeon, la ventilation est importante, mais il ne faut pas non plus en faire un point centralisateur dans la prévention de la transmission du virus.

« On n’a pas besoin de filtres très chers et très compliqués pour avoir un échange de l’air. Il y en a qui prennent l’exemple des hôpitaux mais souvent, dans les hôpitaux, on n’a pas un bon système de ventilation. Donc, je pense que oui, il faut une bonne ventilation, mais il ne faut pas non plus exiger des écoles un système ultra complexe. »