Les Noirs francophones fondent une coalition

Jean-Marie Vianney, en charge de piloter le comité transitoire. Archives #ONfr

OTTAWA – Évoquée depuis quelque temps, la création de la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario (CNFO) est désormais confirmée. Le nouvel organisme provincial se donne pour mandat « d’incarner les aspirations des Noirs francophones et de travailler en partenariat avec tous les organismes francophones et anglophones dans l’accomplissement de ses objectifs ». 

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Car les besoins sont nombreux, selon Justin Materania, membre du comité de mise en place de la CNFO.

« Nous voulons nous attaquer au taux de chômage qui est plus important chez les membres de notre communauté, notamment chez les jeunes. On veut aussi lutter contre la discrimination, le décrochage scolaire, la précarité, la faiblesse et parfois même, l’absence de financement de nos organismes, sans oublier le taux d’incarcération plus élevé. »


« La coalition vise à permettre aux membres de la communauté noire d’apporter leur plein potentiel à l’Ontario français » – Jean-Marie Vianney


Désigné en octobre 2017 pour piloter le comité transitoire de l’Union Provinciale des Minorités Raciales Ethnoculturelles Francophone de l’Ontario (UP-MREF), Jean-Marie Vianney explique que plusieurs consultations ont eu lieu ces derniers mois pour aboutir à la création de cet organisme à vocation provinciale et à la dissolution de l’UP-MREF.

« On cherchait un modèle qui nous correspondait et on s’est inspiré de la communauté noire anglophone qui a trouvé un modèle qui fonctionne », explique-t-il.

Et M. Materania de poursuivre : « La Coalition s’adresse à toutes les personnes qui s’identifient comme noires et qui épousent la cause de l’organisme. »

La CNFO se distingue ainsi de sa prédécesseure, selon lui.

« Le concept « ethnoculturel » était trop large et ne nous définissait pas bien. Aujourd’hui, nous parlons de l’identité noire, quelle que soit l’origine. »

Tirer les leçons du passé

Créée en  2005, l’UP-MREF a connu de nombreuses difficultés, entre conflits personnels et problèmes financiers, qui ont finalement eu raison de son existence.

« Nous avons appris de cette expérience en termes de concertation et de gestion des ressources. Ça a fait défaut dans le passé, mais aujourd’hui, c’est une nouvelle génération entourée de leaders communautaires qui est en place et travaille à faire les choses autrement », assure M. Materania.

Leader de la communauté franco-africaine d’Ottawa, M. Vianney rappelle que l’UP-MREF n’est pas le seul organisme à avoir eu des difficultés et à avoir dû se réinventer, citant notamment l’histoire des Associations canadiennes-françaises de l’Ontario (ACFO).

L’enthousiasme est là, selon les deux membres du comité, et l’intérêt palpable de Toronto à Sudbury, en passant par London, Hamilton et Windsor.

Si quelques détails administratifs doivent encore être réglés, notamment pour dissoudre officiellement l’UP-MREF, une première assemblée générale annuelle est espérée pour octobre prochain.

L’échec de l’AFO?

La création d’un tel organisme souligne-t-elle l’incapacité de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) à accueillir et intégrer les membres des minorités raciales ethnoculturelles en son sein? Des critiques avaient fusé lors des quatre consultations menées par l’organisme auprès de ces communautés, au début de l’été.

« La création de la coalition juste après ces consultations est une coïncidence », assure M. Vianney. « Mais nous ne nous voyons pas en compétition avec l’AFO, plutôt comme un complément, une plus-value. L’AFO, c’est l’organisme porte-parole des francophones au niveau provincial, et nous sommes francophones. »

Le président, Carol Jolin, voit la création de la CNFO d’un bon œil.

« Nous défendons tout un tas de dossiers, alors c’est toujours mieux quand un groupe décide de se concentrer sur une cause en particulier. On veut travailler avec ce nouvel organisme et j’espère qu’il deviendra membre de l’AFO. »

Sans confirmer cette adhésion, MM. Vianney et Materania plaident eux aussi pour un rapprochement avec l’AFO, mais aussi avec tous les organismes francophones et anglophones.

Alors que l’AFO dispose de deux personnes pour représenter les communautés MREF sur les 11 membres de son conseil d’administration, M. Jolin indique que son organisme continuera de s’intéresser à leurs enjeux.

« On va attendre de voir le résultat des consultations que nous avons menées pour voir ce qu’on fait. On pourrait, par exemple, avoir une table de concertation à laquelle ce nouvel organisme pourrait participer pour amener son point de vue? »


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