Les organismes francophones attendent encore le financement promis

La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly. Archives #ONfr

OTTAWA – Promis lors du dévoilement du Plan d’action pour les langues officielles et réitéré en mai, l’engagement du gouvernement fédéral d’augmenter le financement de base des organismes communautaires tarde à se concrétiser.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

En mars dernier, lors de la conférence de presse de dévoilement du Plan d’action pour les langues officielles, le gouvernement de Justin Trudeau annonçait avec fierté une augmentation du financement de 70 millions de dollars sur cinq ans, dont près de 58 millions de dollars pour augmenter le financement de base des organismes communautaires « qui œuvrent au développement des communautés francophones et anglophones en situation minoritaire ».

Une annonce qui avait été saluée par les organismes qui réclamaient depuis longtemps une telle mesure, après plusieurs années de gel financier. Mais six mois plus tard, la hausse de 20 % promise en mai pour cette année ne s’est toujours pas matérialisée dans leur compte en banque.

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin. Archives #ONfr

« On nous avait d’abord parlé de mi-juillet, mais nous n’avons toujours rien reçu », indique notamment le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin.

Une situation qui est également celle de la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador (FFTNL).

« Patrimoine canadien nous avait indiqué sa volonté que ça arrive le plus vite possible. Mais il y avait des choses à régler au niveau des ministères et, avec le remaniement ministériel et la sortie tardive des lettres de mandat, on imagine que ça a retardé le processus, d’autant qu’il y a eu la création d’un nouveau ministère et qu’il fallait déterminer qui était responsable du dossier », suggère le directeur général, Gaël Corbineau.

Les organismes en attente

Pour ces deux organismes provinciaux, ce délai d’attente ne pose pas de gros problèmes, mais pour ceux qui ont moins de ressources ou une moins grande diversité de financement, l’attente est là.

« On vient de finir une ronde de tables de concertation. Personne ne nous a indiqué être en mauvaise situation à cause de ce délai, mais il y a eu plusieurs questions, car les organismes réfléchissent à comment ils vont utiliser ces sommes additionnelles », explique M. Jolin.

Le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson, indique ne pas être au courant d’un quelconque problème. Mais pour M. Corbineau, ces délais nuisent à la planification des organismes.

« Je connais au moins deux organismes qui tentent de compléter leur équipe, mais qui ne peuvent pas recruter tant qu’ils ne sont pas certains d’avoir ce financement additionnel. Ça crée une incertitude, d’autant que, plus le temps passe, moins ils auront de temps pour dépenser les sommes additionnelles, ce qui veut dire que peut-être ils ne pourront pas embaucher pour seulement quelques mois avant la fin de l’année fiscale. »


« On est encore dans le flou » – Gaël Corbineau, directeur général FFTNL


Au niveau local, l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa) attend une enveloppe supplémentaire de quelque 8 200 dollars.

« Heureusement, nous avons d’assez bonnes liquidités, donc on s’adapte. Mais je sais que pour certains organismes, c’est plus difficile d’attendre. Le remaniement a certainement joué dans les délais, car même dans d’autres programmes de financement de projets, on voit que c’est plus long, notamment pour notre demande de financement pour des murales », explique Ajà Besler, la directrice générale.

D’ici quelques semaines

Au bureau de la Mélanie Joly, on assure que la ministre suit le dossier de très près, tout en ajoutant que le remaniement ministériel n’est pas en cause.

« C’est un engagement que nous avons pris. La ministre a approuvé cette hausse de financement, mais il y a plus de 260 dossiers à traiter et le ministère y travaille. On veut aller de l’avant rapidement, c’est une question de temps », assure la directrice des communications de Mme Joly, Sandra Aubé.

Le président de l’AFO se montre patient.

« Ces derniers dix ans, les organismes se sont habitués à faire beaucoup avec très peu. Aujourd’hui, ils nous disent que cette somme additionnelle va faire une grosse différence. Cela va leur permettre d’être plus visibles, d’avoir plus d’activités, de combler leurs besoins en personnel… On espère donc que c’est une question de jours et non pas de mois avant que ce financement supplémentaire soit versé. »

Dernière mise à jour le vendredi 14 septembre 2018, à 11h22.


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