Les premiers chiffres de la mobilisation franco-ontarienne

La Marche commémorative du 20e anniversaire de SOs Montfort au moment du passage devant La Cité en mars 2017. Crédit image: Sébastien Pierroz

La mobilisation des Franco-Ontariens se poursuit cinq jours après les annonces du gouvernement progressiste-conservateur. #ONfr vous propose en six chiffres de comprendre les enjeux et les déroulements de cette levée de boucliers.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

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C’est le nombre d’universités de langue française dans la province de l’Ontario. Celle de Hearst demeurant affiliée à l’Université Laurentienne ne peut donc être considérée comme l’université franco-ontarienne.

En annulant, jeudi dernier, le projet de l’Université de l’Ontario français, le gouvernement progressiste-conservateur a non seulement mis fin à cinq années de mobilisation, mais réveillé la colère des Franco-Ontariens. En conférence de presse, lundi, le premier ministre Ford a justifié son choix, affirmant que la province comptait « dix universités et collèges » offrant déjà des programmes en français dans la province.

La manifestation pour la création d’une université franco-ontarienne à Queen’s Park, en février 2016. Archives #ONfr

À titre comparatif, trois provinces en milieu minoritaire possèdent une université de langue française : le Nouveau-Brunswick, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse. Un retard dès lors pour l’Ontario, bien que plus de la moitié des francophones en dehors du Québec proviennent de cette province.

37

Voilà le nombre d’entrevues médiatiques réalisées par le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, depuis le début de la crise ce jeudi. Les deux annonces majeures, à savoir l’annulation de l’Université de l’Ontario français et l’éviction du commissaire aux services en français, François Boileau, n’ont laissé personne indifférent.

Pour donner un ordre de grandeur, l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens avait évalué le nombre d’entrevues de Carol Jolin à 443 durant les deux années de son premier mandat. Pas besoin de faire des calculs d’épicier pour comprendre qu’il s’agissait alors d’un peu moins de 20 entrevues par mois… contre 37 en quatre jours depuis jeudi après-midi.

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Carol Jolin. Crédit image : Étienne Ranger

Au total, cette crise linguistique a été largement couverte par la plupart des médias francophones en milieu minoritaire, avec un fort retentissement au Québec. Une partie des médias anglophones se sont intéressés aussi à l’affaire. À l’international, le quotidien français Le Figaro en a également parlé.

7 000

Il s’agit pour l’instant du nombre de signataires de la pétition mise en ligne par l’AFO. Un chiffre solide, aidé il est vrai par la réactivité et l’instantanéité des médias sociaux. Une dimension qui n’était pas présente lors de la crise Montfort en 1997.

Mais l’AFO n’est pas la seule à avoir lancé sa pétition. D’autres citoyens ont emboîté le pas pendant les heures qui ont suivi l’annonce. C’est le cas, par exemple, du leader d’Orléans, Diego Elizondo, dont la pétition dépasse les 8 700 signataires.

Au-delà de ces pétitions, beaucoup de groupes et d’organismes francophones sont aujourd’hui sur le pied de guerre. À la réunion à huis clos tenue par les principaux acteurs franco-ontariens, ce dimanche, a succédé, lundi, une rencontre avec la totalité des ACFO régionales.

« Il y a des choses toutes les heures, et énormément d’appels téléphoniques », confie la directrice générale de l’Association des francophones de la région de York (AFRY), Nadia Martins.

20 000

Comme la somme en dollars actuellement engrangée par l’AFO en dons de particuliers. Le tout en cinq jours. Un montant d’argent qui pourrait servir à l’organisme pour son plan d’action, comprendre la communication, les déplacements, mais surtout couvrir d’éventuels frais juridiques si la bataille doit se régler devant les tribunaux.

Ronald Caza, l’avocat déjà aux premières loges lors du combat SOS Montfort, se montre optimiste sur l’issue, jugeant que la jurisprudence Montfort pourrait agir en faveur des francophones.

L’avocat Ronald Caza. Archives #ONfr

« Le gouvernement Ford manque à ses obligations constitutionnelles envers la minorité linguistique par ces décisions (…) En fermant ces deux institutions, le gouvernement refuse de reconnaître les besoins des minorités et la nécessité pour sa vitalité et son épanouissement d’avoir ses propres institutions », confiait-il en entrevue à #ONfr, en fin de semaine dernière.

Une cinquantaine de juristes d’expression française doivent également se rencontrer, ce jeudi, pour faire le point sur la stratégie à adopter.

12 700

Il s’agit du nombre de membres de Je suis Franco-Ontarien/Franco-Ontarienne au dernier comptage, mardi matin, à 7h. Une progression d’environ… 7 500 membres par rapport à la veille des deux annonces.

Depuis jeudi, les messages de soutien à la cause franco-ontarienne pullulent sur le groupe. Les articles journalistiques d’#ONfr, Radio-Canada, Le Voyageur ou encore Le Droit y sont souvent commentés. Sans surprise, Doug Ford et la ministre déléguée aux Affaires francophones, Caroline Mulroney, sont montrés du doigt.

« Jeudi dernier, je regardais encore chacune des demandes », explique Mathieu Fortin, l’administrateur principal du groupe. « Avec la situation présente, je réalise que le groupe peut servir à encore plus. »

10 000?

C’est le chiffre de participants, on se souvient, atteint lors du grand rassemblement de SOS Montfort, le 22 mars 1997. 21 ans après, les images de Gisèle Lalonde haranguant la foule, et des drapeaux franco-ontariens déployés continuent de marquer l’imaginaire collectif. Une performance capable d’être rééditée dans les semaines à venir?

« On prévoit qu’il y aura une manifestation », confirme Carol Jolin. Mais aucune date ne semble encore avoir été fixée.

Le grand ralliement pour sauver l’hôpital Montfort, le 22 mars 1997. Crédit image : site web de l’Hôpital Montfort

Sur le terrain, des rassemblements plus ou moins spontanés ont déjà commencé pour s’opposer aux annonces du gouvernement Ford. À Cambrige, ils étaient une trentaine d’élèves à manifester, ce lundi, devant l’École secondaire catholique Père-Renée-De-Galinée.

Une autre manifestation est prévue ce vendredi, à Ottawa, en début d’après-midi. Cette « manifestation pour nous droits », organisée par le groupe Facebook Front de préservation de l’identité franco-ontarienne, a déjà généré plus de 800 personnes intéressées, et 130 ont d’ores et déjà confirmé leur présence.


POUR EN SAVOIR PLUS :

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