Les syndicats d’enseignants favorables à la vaccination obligatoire

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TORONTO — Les quatre principales organisations syndicales ontariennes en éducation se prononcent en faveur de la vaccination obligatoire dans les écoles, une option jusqu’ici écartée par le gouvernement.

L’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens, la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO), l’Ontario English Catholic Teachers’ Association (OECTA) et la Fédération des enseignantes et enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (OSSTF/FEESO) sont parvenues à une position commune sur une question clivante ces derniers jours au sein de leurs troupes : la vaccination obligatoire pour l’ensemble du personnel scolaire, ainsi que des élèves admissibles au vaccin.

« Toutes les personnes dans une école, qu’elles y travaillent ou qu’elles y étudient, devraient être vaccinées si elles sont admissibles au vaccin et en mesure de le recevoir en toute sécurité », déclarent conjointement les leaders syndicaux, mettant en avant la sécurité à l’école, alors que le nombre de cas quotidien de COVID-19 reste supérieur à 500, en grande partie à cause du variant Delta.

L’annonce intervient dans la foulée de celle du gouvernement d’obliger la vaccination pour les personnels hospitaliers et de milieu de la santé en général, incluant les maisons de retraite et les soins à domicile. Une mesure qui n’a pas été étendue au milieu scolaire.

Une école franco-torontoise à l’ère de la COVID-19. Archives ONFR+

La présidente de l’AEFO, Anne Vinet-Roy, et ses homologues de la FEEO, de l’OECTA et de la FEESO jugent l’action gouvernementale « bien en deçà de ce qui est nécessaire », appelant à « un programme de vaccination obligatoire, assorti de directives provinciales appropriées, qui contribuerait à éviter la propagation de la COVID-19 dans les collectivités scolaires et protégerait les élèves, particulièrement ceux n’ayant pas encore 12 ans, de même que ceux qui ne peuvent être vaccinés ou qui n’ont pas accès au vaccin ».

Dans ses déclarations les plus récentes, le ministre de l’Éducation a annoncé le déploiement de cliniques à l’intérieur des écoles, ainsi que de tests rapides. Il a par ailleurs étendu, à compter de ce mercredi, l’admissibilité au vaccin Pfizer aux enfants nés en 2009, c’est-à-dire âgés de 12 ans avant la fin de l’année. Insuffisant répondent les syndicats.

Une unanimité syndicale tardive : « On devait aller dans cette direction-là »

Mais cette unanimité syndicale a mis du temps à dessiner et de précieuses semaines se sont écoulées qui auraient pu accroître la pression sur le gouvernement. Mme Vinet-Roy explique ce délai par le fait que les réponses apportées cette semaine dans l’annonce gouvernementale (sur la vaccination obligatoire uniquement chez les travailleurs de la santé) ont été insuffisantes et que, la quatrième vague de pandémie devenant une réalité, le contexte a changé, rendant la situation bien plus urgente.

« Avec la quatrième vague potentielle dans laquelle on se trouve et la dangerosité du variant Delta, c’est certain que nos membres ne veulent pas revivre les deux dernières années scolaires d’ouverture-fermeture des écoles », dit-elle au micro d’ONFR+. « L’enseignement en ligne a été très pénible pour tout le monde. Alors on veut à tout prix éviter ça. »

Elle ne croit pas que, si cette revendication était intervenue plus tôt, elle aurait été plus persuasive puisque, dit-elle, « ce gouvernement ne nous écoute pas. La grande majorité de la population lui demande la vaccination obligatoire depuis des jours et il ne le fait pas. »

« La déclaration de conscience, ce n’est pas un mot passe-partout que tout le monde pourrait utiliser » – Anne Vinet-Roy

Mais l’obligation vaccinale resterait toute relative, dans le sens où l’entendent les organisations syndicales. Si le gouvernement venait à plier à leurs exigences, des membres de personnels pourraient passer au travers des mailles du filet en se faisant exempter pour des raisons médicales, religieuses ou encore de conscience, un terme ambigu.

« Si ce sont des raisons médicales, ça peut se prouver à l’aide des médecins. Si ce sont des motifs religieux, ça peut s’appuyer par l’entremise de la Charte des droits et libertés. Pour ce qui est de la déclaration de conscience, c’est un peu plus complexe mais ça ne veut pas dire que c’est un mot passe-partout que tout le monde pourrait utiliser. Ça devrait être étudié au cas par cas par l’employeur et les syndicats. »

Cet article a été mis à jour le jeudi 19 août à 18h30.