L’Est ontarien ne veut pas être oublié lors des élections

Une ferme de l'Est ontarien. Archives ONFR+

[ONVote2018]

Les yeux des maires de l’Est ontarien sont rivés sur les programmes des trois principaux partis. Les promesses d’investissement en infrastructures sont particulièrement surveillées dans cette région plutôt rurale qui espère ne pas être oubliée.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Pour nous, la plus grande priorité, ce sont les investissements en infrastructure », lance le maire de la Ville de Cornwall, Leslie O’Shaughnessy.

Le premier magistrat de cette ville de plus de 46 000 résidents estime qu’un déficit existe en la matière dans les milieux ruraux et les villes de petite et moyenne tailles de la province.

Traitement des eaux usées, ponts, routes… Plus au Nord, son homologue de la municipalité de La Nation, François St-Amour, abonde dans le même sens.


« Je suis écœuré d’entendre parler du train léger d’Ottawa! » – François St-Amour, maire de La Nation


« Ça fait des années qu’on demande que soit réglé le problème des embouteillages sur la 17/174, qui nuit au développement économique à Rockland, à Plantagenet, et ça n’est toujours pas fait! On nous parle de transport en commun, mais celui-ci est majoritairement financé avec la taxe sur l’essence. Et qui consomme le plus d’essence? Ce sont les gens des régions comme les nôtres qui doivent parcourir de plus grandes distances. On a quoi, nous? », s’agace celui qui est aussi président des Comtés unis de Prescott-Russell (CUPR).

À Hawkesbury, la mairesse Jeanne Charlebois reconnaît avoir été plutôt bien lotie, mais espère plus.

« On a des besoins en infrastructure, pour le développement économique de la région, mais aussi en logements abordables pour nos aînés et nos familles, car nous avons une liste d’attente. »

 

L’influence de Toronto

M. St-Amour reproche le manque de considération du gouvernement provincial pour les régions comme la sienne.

Le maire de La Nation, François St-Amour. Crédit images : Archives #ONfr

« Que ce soit avec la nouvelle certification pour les pompiers ou pour les salaires des policiers qui sont directement négociés par la province, à la fin, c’est toujours nous qui payons! »

La mairesse d’Hawkesbury encourage la province à davantage consulter quand vient le temps de légiférer.

« Quand la province décide d’augmenter le salaire minimum ou par rapport à la légalisation de la marijuana, ce sont des choses qui vont nous affecter. On doit être mieux consulté », dit-elle. « Certaines mesures ont un coût pour nous, alors qu’on compte chaque sou! »

 

Quatre enjeux pour l’agriculture

Connu pour ses fermes laitières et ses terres agricoles, l’Est ontarien aura également à l’œil l’enjeu de l’agriculture. L’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO) a d’ailleurs dressé ses priorités pour la région, mais aussi pour toute la province.


« L’industrie agricole évolue et a de nouveaux besoins. » – Simon Durand, UCFO


Ceux-ci concernent notamment les défis technologiques du secteur.

« L’internet haute vitesse n’est pas accessible partout ce qui est problématique, car de plus en plus de fermes laitières, par exemple, ont des robots qui fonctionnent avec des applications sur les cellulaires pour être plus performantes et innovantes », explique Simon Durand, directeur exécutif de l’organisme.

Si les factures d’électricité sont un enjeu dans la région pour une grande partie de la population, l’accès au gaz naturel est aussi important pour les agriculteurs, afin de faire baisser les coûts de production et être plus compétitif, ajoute-t-il.

« Le secteur agricole contribue pour une bonne part au PIB [Produit intérieur brut] de l’Ontario, parfois même plus que le secteur automobile. On voudrait que ce soit davantage considéré », explique M. Durand qui milite pour la valorisation d’une profession très éloignée des clichés qui lui sont accolés.

Car le secteur agricole a besoin de relève, ce qui dans l’Est ontarien conduit forcément à s’intéresser à la seule institution d’enseignement agricole en français de la province, le Campus d’Alfred dont l’avenir est encore fragile.

« C’est sûr qu’un redéploiement serait une grosse pièce du puzzle, mais il faut aussi y créer des programmes qui répondent aux défis des fermes agricoles, qui sont aujourd’hui des entreprises de grande envergure. »

L’UCFO insiste également sur les besoins pour la province d’améliorer les services en français, notamment quand vient le temps pour un agriculteur franco-ontarien de s’intéresser à des programmes gouvernementaux.

 

Aucun parti pris

Si aucun ne prend parti, M. St-Amour souhaite avant tout que la personne qui sera élue dans Glengarry-Prescott-Russell ait une voix forte à Queen’s Park, tout en soulignant le « bon travail » du député libéral sortant Grant Crack.

Deux élus locaux sont pressentis pour remplacer l’ancien maire d’Alexandria, puis de Glengarry-Nord, le libéral Pierre Leroux, maire du Canton de Russell et la progressiste-conservatrice Amanda Simard, conseillère municipale dans la même ville.

« C’est un avantage, même si la candidate du Nouveau Parti démocratique [Bonnie Jean-Louis] connaît elle aussi bien la région. Les élus municipaux connaissent les règlements provinciaux et les lois, ils savent ce qui ne marche pas », pense Mme Charlebois.

Glengarry-Prescott-Russell est resté dans le giron du Parti libéral de l’Ontario (PLO) durant ces 15 dernières années, pendant que la circonscription de Stormont-Dundas-Glengarry est passée d’un député libéral, Jim Brownell, de 2003 à 2011, à un élu progressiste-conservateur, Jim McDonell ensuite.

« Mais cela ne nous a pas empêchés de parler à la province quand nous en avons eu besoin », assure M. O’Shaughnessy.