Libéraux accusés : Wynne et Thibeault doivent défendre leur intégrité

TORONTO – Les députés progressistes-conservateurs de l’Ontario ont quitté en bloc la chambre, le mercredi 2 novembre, à Queen’s Park, après l’expulsion d’un des leurs. Ce dernier avait auparavant questionné le député libéral Glenn Thibault à la suite des accusations portées contre deux libéraux en lien avec l’élection partielle de Sudbury.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Les événements se sont bousculés en matinée à Queen’s Park : si la première ministre a d’abord été interpellée sur les accusations de deux libéraux la veille, l’attention s’est ensuite tournée vers le député de Sudbury, Glenn Thibeault.

Les progressistes-conservateurs et les néo-démocrates ont talonné le gouvernement pour savoir si un poste de ministre avait été promis à M. Thibeault pour le convaincre de se présenter lors de l’élection partielle de 2015. Il s’agirait là d’un acte de corruption en vertu de la Loi électorale ontarienne.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario a d’ailleurs demandé, en matinée, au directeur des élections de l’Ontario qu’une enquête soit ouverte sur la question. « L’une des accusations contre Patricia Sorbara est liée spécifiquement à une contrepartie qu’elle aurait offerte à M. Thibeault, qui est maintenant député de Sudbury et ministre de l’Énergie », a indiqué le parti dans un communiqué, citant les documents déposés la veille en cour par la police ontarienne.

Mardi 1er novembre, Mme Sorbara, l’ancienne chef de cabinet adjointe de la première ministre ontarienne et présidente directrice-générale du Parti libéral de l’Ontario (PLO), et Gerry Lougheed, ex-organisateur libéral de Sudbury, ont été accusés de divers chefs d’accusation de corruption en vertu de la Loi électorale de l’Ontario.

Les questions adressées à Glenn Thibeault se sont rapidement multipliées en chambre, mercredi, notamment une du progressiste-conservateur Steve Clark. Le président, Dave Levac, lui a intimée de retirer sa question, estimant qu’elle contenait des allégations pouvant être mensongères à l’endroit de Glenn Thibeault. Face à son refus de coopérer, le député Clark a été chassé de la chambre. Dans un coup d’éclat, il a été suivi par l’ensemble de la députation du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario (PC de l’Ontario), menée par le chef, Patrick Brown.

Dans les corridors de Queen’s Park, M. Brown a affirmé que le gouvernement avait le devoir de répondre aux questions des élus sur le scandale en cours.

Période de questions chaotique

Quelques minutes plus tôt, une dizaine de députés progressistes-conservateurs posaient la même question en chambre à la première ministre ontarienne dans une tentative de lier Kathleen Wynne à l’arrestation de la présidente-directrice générale de son parti. Les néo-démocrates ont aussi multiplié les attaques dans une période de questions teintée par les accusations de corruption portées la veille contre les deux libéraux.

Tour à tour, une dizaine de députés progressistes-conservateurs ont posé la même question à la première ministre Kathleen Wynne : « Qui a ordonné à la chef de cabinet adjointe de la première ministre de soudoyer de manière présumée Andrew Oliver? ».

La première ministre a d’abord répondu qu’elle collaborait à l’enquête pour ensuite inviter le procureur général de la province, Yasir Naqvi, à répondre aux questions suivantes. Ce dernier a affirmé que le dossier était devant la justice et qu’il ne pouvait pas commenter davantage.

« La première ministre a été parfaitement transparente et ce n’est pas le moment de commenter le dossier, il faut respecter le processus », a-t-il affirmé.

Jagmeet Singh, critique néo-démocrate en matière de justice, a été plus direct lors de son intervention : « Est-ce que la première ministre a demandé à Pat Sobera de faire cet appel? », a-t-il lancé, avant d’être rappelé à l’ordre par le président de la chambre. Ce dernier a multiplié les interventions à l’endroit des deux oppositions.

Glenn Thibeault se défend

Devant une horde de micros et de caméras, le député de Sudbury, Glenn Thibeault, a affirmé qu’on ne lui avait jamais offert de contrepartie en échange de sa candidature à l’élection partielle de 2015.

« Je suis un peu confus par la nature des allégations. La décision a été prise par ma personne pour des raisons personnelles », a-t-il affirmé. Le PLO lui aurait garanti qu’il était le candidat choisi. Mais à aucun moment, il n’y aurait eu une offre d’un poste futur au sein du cabinet ministériel, affirme-t-il.

Son avocat a aussi envoyé une lettre aux médias pour réaffirmer les propos de Glenn Thibeault.

« Je comprends que Mme Sorbara est accusée d’avoir voulu corrompre mon client pour le convaincre de quitter son poste de député fédéral afin qu’il joigne les libéraux provinciaux. Je veux être clair – M. Thibeault a indiqué aux enquêteurs dans cette affaire, avec qui il a pleinement coopéré, qu’une telle offre n’a jamais été faite ou acceptée […] De croire qu’il aurait pu prendre sa décision en raison d’une incitation indue est, franchement, absurde. » – Ian Smith, avocat de Glenn Thibeault.