L’immigration syrienne « francophone » en hausse en Ontario

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TORONTO – Le nombre d’immigrants syriens francophones a explosé en Ontario, au cours de l’année 2016. Au total, 100 d’entre eux ont obtenu leur résidence permanente l’an dernier, contre seulement 20 pour 2015, d’après les chiffres obtenus par #ONfr.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Les Syriens représentent dès lors un peu moins de 4 % de toutes les admissions de résidents permanents « d’expression française » (2 380) accordées en 2016, d’après les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).

Des chiffres qui placent la Syrie en cinquième position des pays francophones en 2016 pour l’obtention du document, derrière la France (570), la République démocratique du Congo (350), Haïti (300) et le Burundi (130).

Le tableau montre les chiffres des résidents permanents originaire de Syrie et d'expression française qui s'établissent en Ontario de 2007 à 2016. On voit que les chiffres bondissent à 100 en 2016.
Admissions de résidents permanents en Ontario de provenance de la Syrie et d’expression française. Sources : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC)

« C’est une bonne nouvelle, mais c’est obtenu grâce à un programme ponctuel », regrette Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).

Une référence directe au programme d’IRCC qui a procédé à la réinstallation de plus de 40 000 réfugiés syriens depuis décembre 2015.

« IRCC ne peut pas spéculer sur les raisons pour lesquelles les individus peuvent choisir de postuler pour la résidence permanente », fait-on savoir du côté d’IRCC, dans un échange de courriels. « Cela dit, un nombre important de réfugiés syriens sont arrivés au Canada dans le cadre de #Bienvenueauxréfugiés. Les réfugiés réinstallés deviennent des résidents permanents à leur arrivée au Canada. »

Doute sur l’impact réel pour les communautés francophones

Mais sur le terrain, un sentiment de confusion règne. L’Ontario a-t-il bien été en mesure de bénéficier de l’apport francophone des réfugiés syriens? La province a accueilli 40 % de l’ensemble de ces réfugiés.

Plus de 5 500 adultes ont obtenu des évaluations linguistiques et suivent actuellement des cours de langue gratuits, soit en français ou en anglais, mais dont le ministère des Affaires civiques et de l’Immigration de l’Ontario n’a jamais fourni les chiffres exactes à nos demandes.

En mai dernier, le Commissariat aux langues officielles avait reproché au gouvernement de ne pas avoir tenu compte de l’impact de la réinstallation des réfugiés syriens dans les communautés francophones en contexte minoritaire.

« Une fois au Canada, les Syriens ont l’option de choisir l’une des deux langues officielles. Il faut les encourager à vivre en français », soutient pour sa part Jean Johnson, président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).

Un mieux pour l’immigration francophone

« Encouragé » tout de même par les chiffres de l’immigration syrienne, M. Jolin avoue que le défi reste pour eux le même que les autres échantillons de la population francophone : être accueilli à l’aéroport dans sa langue, dès l’arrivée au Canada.

Pour le président de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens, l’importance reste d’atteindre la cible de 5 % d’immigrants francophones en Ontario fixé en 2012.

Les 2 380 résidences permanentes accordées à des francophones en 2016 ont représenté un total de 2,16 % de ces immigrants. L’équivalent d’une légère remontée par rapport à 2015 (1,9%).