Livres en français : les chiffres percutants à Ottawa, Sudbury et Montréal

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La polémique n’avait duré que deux jours, mais assez pour enflammer les médias sociaux. Les révélations sur le retrait de livres en français des bibliothèques torontoises, suivies de la volte-face de la municipalité le lendemain, avaient mis en exergue la fragilité de la collection francophone. Une proportion de documents en français qui, à Toronto, dépasse à peine 2 % du total des exemplaires. ONFR+ a voulu savoir les chiffres pour Ottawa et Sudbury, mais aussi les données des documents en anglais à Montréal et Québec.

Bibliothèque publique d’Ottawa. 21,1 % de livres et revues en français

La capitale du Canada possède 21,1 % de livres et revues en français sur le total de sa collection. D’après les chiffes obtenus par ONFR+, quelque 296 155 livres et revues en français sont disponibles sur les étagères, ce qui représente 21,1 % de la collection « d’articles imprimés » de la bibliothèque, nous fait-on savoir.

À titre de comparaison, cette proportion est sensiblement la même qu’à l’avant-dernière révision effectuée (21 %).

La bibliothèque de la Ville d’Ottawa laisse entendre qu’elle possède une collection en français dans l’ensemble de ses 33 succursales.

Informée de nos données, l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa) se satisfait.

« La Bibliothèque publique d’Ottawa fait beaucoup pour les francophones. La Directrice de division, Programmes et services Bibliothèque publique d’Ottawa dépense annuellement 800 000 $ pour le matériel en français. De plus, les francophones bénéficient de la carte BiblioGéniale, laquelle permet entre autres d’emprunter des livres à Ottawa, Gatineau, et dans les institutions post-secondaires francophones », explique la directrice générale Ajà Besler.

Et de poursuivre : « Il n’y a pas de menaces pour les livres en français, et nous sommes choyés d’avoir deux librairies en français. Maintenant, est-ce que les personnes font l’effort pour aller lire des livres en français? Sont-ils en train d’appuyer les livres en français? »

D’après le dernier recensement en 2016, Ottawa compte environ 16 % de résidents francophones.

Bibliothèque publique du Grand Sudbury. 26,2 % de livres en français

Avec plus de 40 000 francophones, Sudbury est considérée comme le troisième « pilier franco-ontarien » avec Ottawa et Toronto.

Selon les données transmises à ONFR+, la municipalité posséderait un total de 45 883 livres en français dans la collection de la ville, évaluée à 175 000 livres.

C’est sensiblement la proportion de résidents identifiés avec le français comme « première langue officielle parlée » (25,6%) par Statistique Canada.

« C’est un peu décevant, mais c’est quand même pas mal. Disons qu’il semble y avoir une volonté d’être équitable », soutient la présidente de l’Association canadienne-française de l’Ontario du grand Sudbury (ACFO du grand Sudbury) Joanne Gervais.

La directrice générale de l’ACFO du grand Sudbury, Joanne Gervais. Crédit image : Archives ONFR+

La responsable de l’organisme porte-parole des Franco-Sudburois souhaite une meilleure promotion de ces livres francophones.

« Est-ce que ces livres sont des titres récents ou est-ce que c’est les mêmes livres depuis 10 ans, 20 ans, 30 ans ou plus? Est-ce que les livres en français sont bien identifiés ou est-ce qu’ils se retrouvent dans les salles les plus éloignées de la bibliothèque? C’est bien d’avoir des livres en français, mais est-ce qu’il y a une offre active de services en français, de l’affichage en français, des claviers en français? »

Grande Bibliothèque de Montréal. 24 % de livres en anglais

La Grande Bibliothèque de Montréal agit comme bibliothèque centrale pour les Montréalais et les bibliothèques montréalaises, en vertu d’une entente entre la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec. Différence avec Ottawa et Sudbury : elle ne relève pas uniquement du réseau de la Ville de Montréal.

Pour 2019, la bibliothèque dispose d’une collection totale de 1 229 092 de livres en français (74 %), contre 397 763 pour les ouvrages anglophones (24 %), et 38 437 pour les documents dans les autres langues (2 %).

À noter que les chiffres de l’avant-dernière révision sont quasiment identiques, ce qui signifie aucune hausse ni aucune baisse des livres en français.

Au moment de publier ces informations, ONFR+ n’avait pas obtenu de données de la part des réseaux de bibliothèques de la Ville de Montréal.

Bibliothèque de Québec. 4 % de livres en anglais

Un total de 46 931 livres en anglais est proposé à la bibliothèque de Québec, l’équivalent d’une proportion de 4 % de livres dans la langue de Shakespeare. Le reste des exemplaires est très majoritairement en français.

Les 26 bibliothèques qui composent le réseau proposent des livres en anglais, nous dit-on du côté de la Bibliothèque de Québec, dans un échange de courriels.

Archives ONFR+

Cette proportion de livres anglophones est-elle en augmentation?

« Lors des derniers élagages 2018-2019, environ 3 000 documents en anglais furent élagués et réintégrés à la collection. Le taux d’élagage est en adéquation avec le taux d’acquisition par souci d’une collection attrayante et actuelle », affirme l’institution.

Bibliothèque de Toronto. 2 % de livres en français

Contactée par ONFR+ quelques jours après la polémique nationale sur le retrait des livres, la Bibliothèque de Toronto le confirme : quelque 134 000 livres et magazines en français sont disponibles dans ses différentes succursales. Si l’on ajoute les CD et le DVD, le nombre des documents en français grimpe à 150 000.

Mais cette donnée flatteuse, laquelle équivaut à la moitié des livres en français présents à la bibliothèque d’Ottawa, ne représente qu’environ 2 % du total des exemplaires torontois, c’est à dire 5,5 millions de documents.

« Le nombre total de livres en anglais, français et multilingues est de 5,5 millions, ce qui comprend environ 1,6 million de livres, principalement en anglais, à la Bibliothèque de référence de Toronto », explique la bibliothèque.