Livres en français retirés à Toronto : la décision sera « renversée »

La ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly. Crédit image: Stéphane Bédard

TORONTO- Coup de théâtre vendredi en soirée dans la polémique entourant le retrait de 26 000 livres en français dans les bibliothèques publiques de Toronto. Après l’intervention de la ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, la Ville de Toronto a décidé d’annuler la décision et annonce que le budget pour l’achat de livres en français sera même doublé.

« Nous renversons la décision et nous conserverons l’ensemble des livres de la collection. Nous allons seulement retirer ceux en mauvais état ou dépassé. Nous allons aussi doubler le budget pour les collections [francophones] pour l’achat de nouveaux livres. Nous voulons offrir les livres que la communauté désir », a annoncé la porte-parole des bibliothèques publiques de Toronto, Ana-Maria Critchley, un peu avant 21 heures.

Une confirmation qui est tombée quelques minutes après un tweet envoyée par la ministre Joly.

« Suite à ma conversation avec le maire de Toronto John Tory, la décision sera renversée. Les livres seront sauvées. La réseau de bibliothèques investira aussi davantage cette année par rapport à l’an dernier en contenu francophonie. Merci John et aux alliés d’être aux aguets », avait-elle tweeté.

En début d’après-midi, la ministre avait fait part de son inquiétude dans un premier tweet.

« Je suis très préoccupée. Comment pouvons-nous enseigner le français et vivre dans notre langue sans que les bibliothèques encouragent la lecture de nos livres? »

Écoutez l’entrevue accordée par Mélanie Joly, en soirée, quelques instants après la décision de la Ville de Toronto

Mulroney affirme avoir parlé à Tory

Vendredi tard en soirée, la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney, a aussi tweeté avoir parlé avec le maire Tory.

« Après avoir pu échanger avec le maire, aujourd’hui, celui-ci a parlé au libraire en chef et aux hauts responsables des bibliothèques au sujet de l’enjeu des livres en français. Ils lui ont confirmé qu’en fait les responsables des bibliothèques publiques de Toronto pensent investir davantage dans les documents francophones en 2020 qu’en 2019. La décision de réorganiser la collection et de réduire la quantité de livres français sera repensée. »

Jeudi, un article d’ONFR+ révélait que la Bibliothèque publique de Toronto envisageait la diminution de 18 % du nombre de livres en français, et mettre fin à la diffusion des ressources en français pour adultes dans 25 bibliothèques. Un total de 26 000 livres étaient concernés par cette annonce.

Si le budget de l’achat de livres sera augmenté, un flou subsiste sur la localisation de cette offre francophone. Il semble que la décision de centraliser une partie de l’offre demeure.

La Ville de Toronto confirme

Le porte-parole du maire de Toronto, Don Peat, a confirmé l’intervention in extremis de John Tory, alors même que des milliers de livres avaient déjà été retirés des tablettes.

« Le maire de Toronto a parlé avec la libraire en chef, Vickery Bowles, et il a confirmé que la décision allait être révisée. Elle a confirmé que son organisation allait dépenser plus pour les collections francophones en 2020 pour bâtir des collections consolidées dans des bibliothèques plus grandes avec plus de matériel », a-t-il fait savoir.

La centralisation des livres en français semble inévitable. « Notre organisation va consolider les petites collections en français pour bâtir au sein de plusieurs bibliothèques de plus grandes collections », a confirmé vendredi soir, la porte-parole des bibliothèques publiques.

Jeudi, les bibliothèques publiques de Toronto affirmait que la « faible utilisation » des livres francophones justifiait qu’ils soient retirés des tablettes. Cette décision de la Bibliothèque publique de Toronto, un organisme directement dépendant de la municipalité de John Tory, faisait immédiatement réagir sur les médias sociaux.

« Ce n’est pas logique de s’attaquer aux livres francophones. Il ne faut pas juste regarder les chiffres. Ce n’est pas acceptable », déclarait alors le président de l’Association des communautés francophones de l’Ontario (ACFO-Toronto), Serge Paul.

Les bibliothèques de Toronto annonce maintenant que des consultations seront aussi menées auprès de la communauté francophone pour s’assurer que l’offre répond aux besoins des Franco-Torontois.

Article écrit avec la collaboration d’Étienne Fortin-Gauthier