L’Ontario condamne la Loi sur la neutralité religieuse du Québec

La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne Crédit image: Maxime Delaquis

TORONTO –  Fait rare, jeudi 19 octobre, les députés de Queen’s Park ont unanimement condamné la Loi sur la neutralité religieuse adoptée par le gouvernement du Québec la veille.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Tour à tour, des représentants de chaque parti politique reconnu à la législature ontarienne ont pris la parole pour dénoncer la loi québécoise.

« Forcer les gens à se montrer le visage lorsqu’ils se déplacent en autobus et empêcher le port du niqab pour les femmes lorsqu’elles vont à la bibliothèque va nous diviser. Nous devrions être en mesure de vivre nos vies et aller où l’on veut sans peur d’être discriminé », a lancé d’emblée la première ministre ontarienne, Kathleen Wynne.


« Cette loi va affecter de manière disproportionnée des femmes qui sont déjà marginalisées et les pousser davantage vers l’isolation » – Kathleen Wynne


Mme Wynne a ajouté que la diversité religieuse faisait partie de l’identité canadienne et ne s’est pas formalisée que cette différence de point de vue allait nuire à la relation avec le Québec.

Même son de cloche chez le procureur général de l’Ontario, Yasir Naqvi, qui croit que les liens économiques avec le Québec vont continuer d’être forts.

« Je suis un immigrant dans ce pays et j’ai réussi à avoir du succès jusqu’à devenir le procureur général de l’Ontario. Tout cela est grâce au fait que j’ai eu les mêmes opportunités », a enchaîné M. Naqvi.

Le procureur général a aussi indiqué que le gouvernement ontarien ne présenterait jamais de projet de loi similaire, tout en reconnaissant le caractère inusité de l’intervention de Queen’s Park.  M. Naqvi a toutefois refusé de qualifier la loi québécoise de raciste.

Le député libéral ontarien, Shafiq Qaadri, a indiqué en Chambre que cette législation avait un style « à la (Donald) Trump ».

Pas sa place au Canada

Lisa MacLeod, la députée du Parti progressiste-conservateur (Parti PC), estime que cette loi n’a pas sa place au Canada.

« Mon chef dit souvent que ça n’a pas d’importance, qui vous êtes, ou d’où vous venez, parce que vous avez une place ici dans la province de l’Ontario », a-t-elle déclaré en chambre.

Tout comme M. Naqvi, Mme MacLeod a également refusé de qualifier la loi de raciste.

« C’est un dangereux précédent. Nous avons en Ontario une population diverse et je crois qu’une pareille loi n’est pas accueillante », a-t-elle toutefois exprimé.

Lisa MacLeod a aussi assuré être « inconfortable » avec cette loi votée à l’Assemblée nationale du Québec.

Une loi dangereuse pour les députés

Peter Tabuns, le député du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, a qualifié la loi de « dangereuse ».

« C’est une mauvaise loi et je ne suis pas d’accord avec elle. Dans ce pays, les gens ont le droit à la liberté de religion et ils peuvent être « publics » avec leur foi », a-t-il lancé.


« Ce n’est pas le rôle du gouvernement de dicter aux femmes les vêtements qu’elles doivent porter » – Peter Tabuns


Mercredi, le gouvernement du Québec a adopté la Loi sur la neutralité de l’État. Cette législation prévoit que les services publics soient désormais donnés et reçus à visage découvert. La loi s’applique notamment dans les transports en commun et les hôpitaux, ce qui a fait sourciller plusieurs politiciens aux quatre coins du pays.