L’Ontario conserverait « 35% à 60% » d’Hydro One

Bob Chiarelli, ministre de l'Énergie de l'Ontario.

EXCLUSIF

OTTAWA – L’Ontario a bel et bien l’intention de privatiser une partie d’Hydro One. La province conserverait de « 35% à 60% » de ses intérêts dans la société publique de distribution et de transmission d’électricité, confirme le ministre de l’Énergie, Bob Chiarelli, dans une entrevue exclusive à #ONfr.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

« Peu importe l’option choisie à partir du rapport Clark, les contribuables de l’Ontario vont continuer à détenir une portion significative d’Hydro One », a signalé M. Chiarelli dans l’entrevue diffusée sur les ondes de TFO le jeudi 2 avril. « Une propriété publique significative pourrait se situer n’importe où de 35% à 60%. Ce serait ma ligne directrice. »

Le rapport d’un panel d’experts sur l’avenir de certaines sociétés d’État, avec à sa tête l’ex-banquier Ed Clark, est attendu d’une journée à l’autre à Queen’s Park. C’est à partir de ce document que le gouvernement libéral de Kathleen Wynne doit, en principe, orienter ses projets de « monétisation » d’Hydro One.

Les libéraux de l’Ontario n’ont pas encore confirmé la date du dépôt de leur prochain budget. On s’attend à ce qu’il aboutisse devant l’Assemblée législative au début mai.

« N’oublions pas (…) que le gaz naturel est réglementé à 100% par la Commission de l’énergie de l’Ontario (CÉO). Et l’industrie du gaz naturel est entièrement dans les mains du secteur privé », a fait valoir M. Chiarelli à #ONfr. « La réglementation de la CÉO fonctionne pour le gaz naturel. Elle va aussi continuer à fonctionner pour le secteur de l’électricité, peu importe qui en est le propriétaire. »

« Faux dilemme »

L’opposition à Queen’s Park n’est pas rassurée pour autant.

Le chef progressiste-conservateur Jim Wilson, un ex-ministre de l’Énergie qui avait pourtant donné le feu vert à une déréglementation du système d’électricité, à la fin des années 1990, compare la vente d’Hydro One à une « vente de feu » pour éponger un déficit de plus de 10 milliards $. Il se demande, par ailleurs, qui écopera des dettes résiduelles du réseau ontarien d’électricité, estimées à plus de 11 milliards $.

« La loi est très claire », a déclaré M. Wilson à sa sortie de la période de questions à Queen’s Park, le 2 avril. « Les profits d’une vente complète ou partielle d’Hydro One doivent aller au remboursement de la dette. Ça réduirait la pression sur les tarifs d’électricité, parce que la dette serait moins élevée et il y aurait moins d’intérêts à payer. »

La chef néo-démocrate Andrea Horwath craint, pour sa part, qu’une privatisation même partielle d’Hydro One fasse bondir les tarifs d’électricité de manière exponentielle et que le gouvernement n’ait plus les moyens de les contrôler.

« Les libéraux nous mettent honteusement devant un faux dilemme », a fustigé Mme Horwath. « Il n’y a pas si longtemps, il fallait choisir entre des péages routiers ou des investissements dans l’infrastructure. Maintenant, il faut choisir entre la vente de nos biens publics ou des investissements dans l’infrastructure. »

« Les intérêts des contribuables doivent être protégés », a insisté M. Chiarelli à #ONfr. « Le système d’électricité est tellement stratégique à l’économie, à l’entreprise et aux contribuables de notre province que nous croyons que nous devons en conserver un part importante dans le secteur public », a-t-il aussi déclaré.