L’Ontario s’engage à financer trois sites d’injections supervisées

Le Dr Eric Hoskins, ministre de la Santé et des Soins de longue durée, devant la presse à Queen's Park. Archives, #ONfr

TORONTO – Le ministre de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, le Dr Éric Hoskins, s’est engagé lundi 9 janvier à financer trois sites d’injections supervisées dans la région de Toronto, six mois après que la Ville Reine en ait fait la demande au gouvernement.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE 
jmorissette@tfo.org@JFMorissette72

Il y a quelques mois, la Ville de Toronto avait fait une demande au gouvernement pour obtenir un soutien dans le but d’implanter des sites d’injections supervisées après de nombreux cas de surdoses recensés dans la Ville Reine.

Lundi matin, le ministre Hoskins a confirmé au maire de Toronto, John Tory, que la province allait être de la partie dans ce dossier, et qu’une demande avait été faite à la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, à ce sujet.

« Plus tôt aujourd’hui, j’ai discuté avec le maire de Toronto et l’ai informé de la lettre de soutien que j’ai envoyée au gouvernement fédéral concernant les services proposés d’injection supervisée. J’ai également précisé que nous accorderons une aide financière à leur proposition », a-t-il expliqué.

L’annonce faite par le ministre Hoskins fait suite à la divulgation de la stratégie provinciale annoncée en octobre dernier afin de combattre le fléau.


« Je crois que des services d’injection supervisée soutenus et gérés par la collectivité ne feront pas que sauver des vies, mais qu’ils doivent aussi faire partie d’une stratégie plus large en matière de réduction des méfaits et de soutien pour les personnes luttant contre la dépendance » Dr Éric Hoskins


Bien que l’annonce d’aujourd’hui se limite à Toronto, le ministre Hoskins s’est engagé à élargir la politique si d’autres villes ontariennes en font la demande.

« Compte tenu de l’importance de cette question, nous mettons sur pied un cadre de travail provincial afin de répondre aux propositions de services d’injection supervisée émanant de Toronto et d’Ottawa, ainsi que d’autres municipalités ou demandeurs qui pourraient présenter des demandes semblables pour leurs villes à l’avenir », a-t-il confirmé.

Plus de détails doivent être divulgués au cours des prochaines semaines, a aussi assuré le ministre.

Quelques instants après l’annonce, le maire de Toronto, John Tory a fait une sortie dans les médias sociaux pour souligner sa satisfaction envers la décision du Dr Hoskins.

Selon les données fournies par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, une mort sur 170 en Ontario est reliée à l’usage d’opioïdes. Dans la tranche des 25-34 ans, les statistiques sont encore plus alarmantes et font état d’un mort sur huit.

À Toronto, entre 2004 et 2014, on rapporte une augmentation de 77 % des morts ayant pour cause une surdose. En 2014, le ministère a recensé 258 décès, soit le plus haut nombre rapporté à ce jour.

Un besoin criant

Dans une lettre ouverte envoyée à la première ministre Kathleen Wynne quelque temps avant l’annonce, la chef du Nouveau parti démocratique (NPD) de l’Ontario, Andrea Horwath, avait pressé le gouvernement d’agir.

« En juillet dernier, le conseil municipal de Toronto avait voté en faveur de l’implantation de trois sites d’injections supervisées dans les centres de santé communautaire déjà existants. Avec le nombre de morts ayant pour cause une surdose en constante augmentation, le besoin de ce type de site est urgent. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, les sites d’injections supervisées sauveront des vies à Toronto », avait fait valoir la chef Horwath.

Avant la divulgation de la stratégie gouvernementale, la pression commençait à grimper contre le gouvernement dans ce dossier après la mise au jour de nombreuses histoires d’horreur reliées à des décès causés par les opioïdes.

« Ces gens qui décèdent sont nos amis, nos enfants et nos voisins. L’annonce que nous faisons va sauver des vies. Nous prenons des actions avant que ça soit encore pire, comme c’est le cas ailleurs dans le monde », avait alors affirmé M. Hoskins, en ajoutant qu’il s’agissait « d’un grave problème de santé publique » qui enlève maintenant plus de vies que les accidents de voiture.

Une suite à la stratégie provinciale

En octobre, le médecin hygiéniste en chef de l’Ontario, le Dr David Williams, avait été chargé de la responsabilité de lancer un nouveau système de surveillance et de signalement des cas de surdoses d’opioïdes pour palier le manque de données sur le sujet.

Les opioïdes sont consommés « dans la rue », mais aussi par les patients d’hôpitaux à la suite d’une chirurgie pour calmer leurs douleurs, par exemple. Le gouvernement souhaitait explorer d’autres alternatives en matière de traitement de la douleur, constatant que plusieurs patients deviennent tout simplement dépendants à la substance. Le gouvernement avait alors promis d’injecter environ 17 millions de dollars dans le réseau de la santé afin d’agrandir des cliniques de traitement de la douleur chronique.