Pas avant 2021-2022 pour le Carrefour francophone de Kingston

L’école élémentaire Madeleine-de-Roybon et l’école secondaire Mille-Îles. Archives ONFR+

KINGSTON – La communauté francophone de Kingston devra encore patienter avant de voir se concrétiser le projet de construction des futures écoles secondaires francophones de Kingston, anciennement appelé Carrefour scolaire francophone de Kingston. Déjà repoussée à 2021, leur ouverture ne devrait pas intervenir avant, au mieux, le courant de l’année scolaire 2021-2022.

Dans une lettre adressée aux parents de la communauté, le 4 mars, et dont ONFR+ a obtenu copie, le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO) et le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) se voulaient rassurants. Les deux partenaires du projet indiquaient avoir complété le processus d’achat du terrain, au 700 chemin Gardiners, le 27 janvier dernier.

Une bonne nouvelle pour ce projet réclamé depuis plusieurs années et qui doit réunir sous un même toit l’École secondaire catholique Marie-Rivier, l’École secondaire publique des Mille-Îles, le Centre culturel Frontenac, une garderie et un centre ON y va pour les enfants de moins de six ans.

L’École secondaire catholique Marie-Rivier. Gracieuseté CECCE

Mais entre les lignes, les parents d’élèves ont surtout noté un élément crucial : les deux conseils scolaires n’ont toujours pas reçu l’autorisation du gouvernement ontarien d’aller en appel d’offres.

Les parents ne veulent pas de nouveau report

Jointe ce matin par ONFR+, Sandra Poulin, présidente du Conseil d’école de l’École secondaire publique Mille-Îles, témoignait de l’état d’esprit actuel de la communauté.

« La communauté est inquiète et ne veut pas de nouveau report. Si l’appel d’offres n’est pas fait dans les prochaines semaines, c’est pourtant ce qui risque d’arriver. »

D’abord espérée en 2020, l’ouverture du futur établissement, qui doit permettre de répondre à l’explosion des inscriptions à l’École secondaire publique des Mille-Îles partagée avec l’établissement élémentaire de Madeleine-de-Roybon, avait déjà été repoussée à 2021, il y a un an.

« Tout délai accentue le problème de rétention et a des conséquences sur notre communauté francophone » – Sandra Poulin, parente d’élève

Ces reports ont des conséquences dramatiques, estime Mme Poulin.

« Le déménagement [des élèves de la 7e à la 12e année de Mille-Îles dans le bâtiment de l’école catholique anglophone St-Patrick, en 2018] nous a permis de garder certains élèves, mais ce n’est pas adapté et nous n’avons toujours pas d’infrastructures équivalentes aux écoles anglophones! Pour aller au gymnase, par exemple, les élèves sont obligés de prendre le bus pour l’Université Queen’s… Beaucoup de parents choisissent donc de transférer leurs enfants dans une école anglophone et je ne les blâme pas. »

Les conseils scolaires confirment le retard

En après-midi, les deux conseils scolaires ont confirmé que l’ouverture des futures écoles secondaires francophones de Kingston devra encore attendre.

« L’appel d’offres prend six à huit semaines, puis les travaux devraient durer de 18 à 22 mois », estime Stéphane Vachon, surintendant des Affaires au CEPEO. « Ça reste réalisable d’ouvrir dans le courant de l’année scolaire 2021-2022 si on a une approbation d’aller en appel d’offres rapide. Nous aurons un échéancier plus précis dès que nous aurons l’autorisation de la province. »

Marc Bertrand, surintendant de l’Éducation au CECCE, précise que la demande des deux conseils a été formulée en septembre 2019. Mi-février, la province a envoyé une demande de clarifications à laquelle les deux partenaires prévoient répondre ce vendredi.

« Depuis deux ans, les délais [pour obtenir une autorisation d’appel d’offres] sont plus longs », reconnaît M. Vachon.

Les plans du futur site dévoilés par les deux conseils scolaires. Gracieuseté : CEPEO et CECCE

Dans un échange de courriels avec ONFR+, le ministère de l’Éducation assure que le dossier suit son cours.

« Le ministère est en pourparlers continus avec ces deux conseils au sujet de ce projet. Il examine les plans qui lui ont été soumis en vue de s’assurer que ce projet répond aux besoins de la communauté et qu’il optimise l’utilisation des fonds publics de l’Ontario. Le ministère informera les conseils dès qu’il aura pris une décision en cette matière. »

Longue attente

Mais l’annonce d’un nouveau report sera difficile à accepter pour une communauté francophone qui « a été négligée et a dû beaucoup se battre ces dernières années », souligne Mme Poulin.

« Le processus d’octroi de la nouvelle école a été long et pénible pour notre communauté. L’annonce de cette construction a été accueillie avec un grand soupir de soulagement, mais plus le projet est retardé, plus la déception se fait sentir. »

Avec d’autres parents, elle envisage de mener une campagne de lettres au ministère de l’Éducation pour « mettre la pression et faire comprendre l’urgence de la situation ».

Les deux conseils scolaires tentent de se montrer rassurants.

« Nous voulons rassurer les parents que ce projet demeure une priorité pour nos deux conseils scolaires. On se rencontre chaque semaine pour faire avancer le dossier. On veut aller aussi rapidement qu’on peut le faire », assure M. Bertrand.

Reste que ce nouveau délai pourrait aussi signifier une hausse de la facture pour un projet évalué à 28 millions de dollars.

« Il est trop tôt pour le dire, on attend d’aller en appel d’offres », tempère M. Vachon. Mais M. Bertrand reconnaît : « Il faudra voir l’état du marché d’ici là pour connaître le budget. Si c’est au-delà de l’enveloppe, nous verrons nos options. Il est trop tôt pour le dire, mais nous allons continuer à tenir les parents au courant. »

Cet article a été mis à jour le jeudi 5 mars 2020, à 15h51