L’Université de Sudbury pourrait engendrer près de 90 millions de dollars selon une étude

«Les députés du NDP s’engagent à livrer l’université francophone que Ford refuse», dit le Nouveau Parti démocratique de l'Ontario dans un communiqué. Crédit image : Inès Rebei

SUDBURY – Le Centre de leadership et d’évaluation (CLÉ) vient de publier une étude dans laquelle il estime l’impact économique global de l’Université de Sudbury à 89,3 millions de dollars pour le Moyen-Nord de l’Ontario pour l’année académique 2028-2029. Une donnée qui intervient alors qu’il ne manque que l’accréditation du ministère des Collèges et Universités afin que l’établissement puisse de nouveau ouvrir ses portes aux étudiants de la région.

« Les résultats de cette étude confirment son positionnement et valorisent l’importance de cet établissement de formation », peut-on lire en conclusion du rapport rendu public ce mercredi et qui présente l’Université de Sudbury comme « un élément constitutif et important de l’écosystème entrepreneurial de la zone ».

L’université franco-ontarienne générerait en retombées économiques de plus de 8 $ par dollar investi par les gouvernements du Canada et de l’Ontario en 2028-2029, selon les informations du communiqué accompagnant le rapport.

« Cette étude démontre que la transformation de l’Université de Sudbury n’aura pas que des impacts sociaux et culturels importants pour le Moyen-Nord, mais qu’elle sera un moteur économique de cette région », déclare le président de l’AFO, Fabien Hébert, avant d’ajouter qu’avec cette étude « le gouvernement de l’Ontario dispose d’un argument important pour passer à l’action en finançant l’institution ».

Même son de cloche du côté du recteur et vice-chancelier de l’Université de Sudbury, Serge Miville selon lequel « l’étude montre l’importance de la relance de l’Université de Sudbury pour le le développement social, culturel, économique et intellectuel de la région du Moyen-Nord ».

Présenté à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et à l’Université de Sudbury, le rapport utilise la combinaison des deux méthodes de collecte : l’analyse documentaire et les entrevues menées en février 2023.

Les deux instances ont aussi fourni une liste de 27 informateurs clés concernés dont 15 ont participé aux entrevues, incluant six anciens professeurs, cinq employés qui étaient liés à l’Université de Sudbury et quatre partenaires.

Des projections encourageantes

Utilisant une projection dans laquelle l’Université compterait un nombre total de 541 étudiants inscrits à temps plein pour l’année académique 2028-2029, l’étude imagine une injection monétaire directe s’élevant à plus de 23 millions de dollars. Les données des investissements des états financiers de l’Université de Sudbury de 2018-2019 ont aussi servi de référence pour faire les prévisions pour l’année 2028-2029.

La contribution directe comprend le financement lié au fonctionnement de l’établissement comme l’enseignement et la recherche non subventionnée, ou encore les investissements.

L’impact indirect lui serait de 16 millions de dollars et concernerait notamment les frais liés au logement, à l’achat de matériel didactique, au transport, ainsi qu’à l’assurance, entre autres.

La création du drapeau franco-ontarien à l’Université de Sudbury dans les années 1975 a été cité par les répondants. Crédit image : Inès Rebei

Mais la part belle revient à ce que le rapport appelle l’injonction induite, soit les retombées économiques locales liées à l’activité de chaque professionnel de l’agglomération exerçant par l’intermédiaire de l’Université de Sudbury qui, elles-mêmes, constituent des flux nouveaux de revenu. On parle d’une belle enveloppe de près de 50 millions de dollars.

L’année académique 2028-2029 a été considérée étant donné qu’elle correspond à la dernière année pour laquelle des données détaillées sont disponibles dans l’actuel plan d’affaires de l’université, justifie le CLÉ.

Autre information notable, selon l’actuel plan d’affaires, les étudiants internationaux pourraient atteindre 20 % du nombre total d’étudiants pour 2028-2029 à l’Université de Sudbury, alors qu’ils en représentaient 8 % en 2018-2019.

Le fantôme de la Laurentienne

En outre, il y est indiqué que les retombées économiques pour l’année 2019 peuvent être estimées à près de 47,1 millions de dollars pour le Moyen-Nord de l’Ontario.

L’établissement faisait alors encore partie de la fédération de l’Université Laurentienne, soit deux ans avant la crise financière l’ayant menée à se placer sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

C’est ce qui ressort de certaines entrevues menées pour cette étude, où les pertes liées à l’amputation des programmes ont étés citées dix fois par les répondants. Ces derniers estiment que celles-ci seraient considérables pour la communauté francophone de la région notamment les plans économiques et de la formation de jeunes de la région.

Huit citations concernent également la perte importante d’expertise causée par la restructuration de l’Université Laurentienne puisque les programmes coupés auraient pu pallier la pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs domaines clés de la communauté tel que l’enseignement en français.

Un autre élément cité huis fois a trait à l’opinion des répondants selon lesquels « il faudrait développer des ententes avec d’autres universités de la province en établissant un réseau d’universités francophones pour partager des ressources telles que des professeurs et des services spécialisés ».