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L’Université York pas prête à céder Glendon

Temps de lecture : 3 minutes

TORONTO – L’Université York n’a aucunement l’intention de céder son collège Glendon aux francophones de l’Ontario pour qu’ils y installent leur propre université, et ce, même si la ministre Madeleine Meilleur affirme sans ambages que le petit campus à Toronto serait le meilleur site.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

L’université torontoise dit qu’aucune négociation n’a lieu avec le gouvernement de l’Ontario pour la création à Glendon d’une université de langue française. Elle dit continuer à « accroître la programmation » en français de son campus bilingue pour répondre aux besoins de la communauté francophone du centre et du sud-ouest de la province.

« Bien que nous ne remettons pas en question le désir d’une partie de la communauté francophone d’établir une université francophone, nous croyons fermement dans le rôle important du campus Glendon (…) pour dispenser un enseignement en français et bilingue en Ontario », affirme l’Université York (UY) dans un échange de courriels avec #ONfr, mardi 1er mars.

La ministre Madeleine Meilleur, responsable des Affaires francophones, privilégie ouvertement le site de Glendon pour y établir une université entièrement francophone. Elle se montre optimiste même si ce n’est pas dans les cartons de l’UY de céder son campus bilingue. « Il y aurait des façons de le faire », a-t-elle laissé entendre au quotidien LeDroit, le 27 février.

Une prise de position que l’UY juge « inhabituelle » sans la commenter davantage.

Mme Meilleur reconnaît elle-même qu’une université franco-ontarienne à Glendon est un souhait pour le long terme. « Il n’y a pas de négociations à ce moment-ci », concède-t-elle à #ONfr. « C’est seulement mon opinion. On veut une solution qui va fonctionner. On ne veut pas d’une solution qui sera vouée à l’échec dès le départ. »

La responsable des Affaires francophones à Queen’s Park croit que le collège Glendon est le meilleur endroit où regrouper tous les programmes universitaires en français à Toronto, ainsi que les programmes offerts par le collège Boréal et, depuis l’an dernier, par le collège La Cité. « Nous aurions une masse critique d’étudiants francophones et francophiles », dit-elle.

Le dernier mot dans le dossier de l’université franco-ontarienne ne revient cependant pas à Madeleine Meilleur mais à son collègue Reza Moridi, responsable de l’Enseignement supérieur. Et celui-ci souhaite étudier les recommandations d’un comité consultatif sur l’accès aux programmes d’études en français dans le sud-ouest de la province, dont il attend un rapport final, avant de rendre son verdict.

« Dangereux », dit Gélinas

L’opposition à Queen’s Park craint, pour sa part, qu’une prise de position d’un membre du gouvernement en faveur du site de Glendon fasse « dérailler » le projet d’université.

« C’est dangereux », fustige la néo-démocrate France Gélinas, qui parraine un projet de loi privé pour la création d’une université de langue française. « Ça vient d’une ministre qui est quand même respectée dans la sphère francophone. Elle dit des choses qui n’ont aucune base valable. Ça commence à polariser les discussions. Ça sème la zizanie. Et ça ne fait que multiplier les embûches. »

L’élue de Nickel Belt croit que cette idée de guichet unique pour le postsecondaire en français à Glendon n’est pour l’instant qu’« un vœu pieux » et qu’il faut « défaire les rumeurs » au plus vite.

« Pour que l’université de l’Ontario français voie le jour, il nous faut un conseil des gouverneurs. Il n’y en a pas. Donc, en ce moment, il n’y a aucun mécanisme pour avoir une conversation comme celle-là, sur l’emplacement d’une université », affirme Mme Gélinas à #ONfr. « Ce sera à un conseil des gouverneurs de décider, par exemple, de l’emplacement et du nombre de campus qu’aurait une université franco-ontarienne. »

Des voix dans la communauté franco-ontarienne s’élèvent régulièrement depuis 40 ans pour réclamer la gouvernance au niveau universitaire, comme c’est le cas au niveau des écoles élémentaires et secondaires ainsi que des collèges. Le projet a pris de la vitesse au cours des trois dernières années, notamment à la suite d’une vaste consultation à l’échelle provinciale.

Le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), principal organisme militant pour une université de langue française, a préféré ne pas commenter le dossier dans l’immédiat.

Une première « journée d’action » a rassemblé quelque 200 manifestants à Toronto, le 18 février, pour dénoncer « la lenteur » du gouvernement de Kathleen Wynne à s’engager clairement dans le sens d’une université de langue française. Des élèves et étudiants qui prenaient part à l’événement ont dit en avoir assez « de devoir s’exiler ou de se laisser assimiler » au moment d’entreprendre leurs études postsecondaires.

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