MacLaren, symbole des gaffes du PC de l’Ontario envers les francophones

Le bureau du progressiste-conservateur Jack MacLaren. Archives #ONfr

TORONTO – Depuis 2015, le chef du Parti progressiste-conservateur (PC de l’Ontario), Patrick Brown, continue sa campagne de séduction auprès des Franco-Ontariens. Mais le discours nettement plus inclusif que ses prédécesseurs se heurte à une ouverture aux Franco-Ontariens encore très embryonnaire dans son parti. Récit de quelques dérapages du PC de l’Ontario en termes de francophonie ces dernières années, et des correctifs (ou non) mis en place.

SÉBASTIEN PIERROZ
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2011, le « changebook » de Tim Hudak. En septembre 2011, pendant la campagne des élections provinciales, le chef progressiste-conservateur, Tim Hudak, dévoile son programme électoral, rebaptisé « changebook » pour l’occasion. Stupeur pour les francophones : le document promet une réforme, voire une possible élimination de La Cité (alors Cité collégiale) et du Collège Boréal. Une « erreur », s’excusera M. Hudak. Mais le mal est fait. Depuis 2015, M. Brown promet de son côté la mise sur pied d’une université franco-ontarienne s’il arrive au pouvoir, tout en restant vague sur le montant. « Nous nous assurons que la plateforme électorale de tous les partis reflète les engagements francophones », fait part Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie (AFO), en entrevue pour #ONfr.

2013, Lisa MacLeod, une critique unilingue aux Affaires francophones. Unilingue anglophone, la députée de Nepean-Carleton, Lisa MacLeod, est nommée porte-parole du Parti PC en matière d’Affaires francophones en septembre 2013. Une annonce qui provoque la consternation dans une partie de la communauté francophone. Après les élections de 2014, elle est finalement remplacée par Gila Martow, députée provinciale de Thornhill, au nord de Toronto, dont le français est assez bon. Ironie du sort, Lisa MacLeod est aujourd’hui la seule députée progressiste-conservateur à Ottawa, depuis l’exclusion de Jack MacLaren.

2014, confusion autour de la traduction du site internet. En pleine campagne des élections provinciales de 2014, les progressistes-conservateurs créent la surprise en traduisant partiellement en français leur site internet. Une fois les élections terminées, le site web redevient toutefois comme auparavant. Aujourd’hui, le site est traduit en plusieurs langues… via Google Traduction, donnant aux 611 500 Franco-Ontariens des communiqués de presse truffés de faute. Le bureau de M. Brown continue de promettre une meilleure traduction dans les mois à venir. « Nous leur avons rappelé à maintes reprises », souligne M. Jolin. « Nous ne voulons pas d’un contrat de six mois pour la traduction du site. » Reste que les autres partis ne sont pas exempts de tous reproches. Le site du Nouveau Parti démocratique (NPD) ne traduit qu’une partie de ses communiqués dans la langue de Molière. Le Parti vert de l’Ontario ne possède pas de version française.

2015, la gaffe de Gila Martow sur l’Hôpital Montfort. La petite phrase est anodine, et lancée en entrevue à #ONfr, en février 2015. Le porte-parole aux Affaires francophones, Gila Martow, affirme ignorer l’existence de l’Hôpital Montfort. En 1997, son parti avait fait pourtant peser une menace sur la survie de l’établissement. Rabrouée dans les hautes sphères du parti selon plusieurs sources, Mme Martow visitera l’hôpital la même année. Interrogé sur le sujet par #ONfr lors des 20 ans du Grand rassemblement de Montfort, M. Brown se fait limpide : « J’ai étudié le français, et j’appuie un système de santé et d’éducation fort en français dans la province. »

2017, la vidéo exhumée de Jack MacLaren. Symbole des « landowners », la frange de droite des progressistes-conservateurs, Jack MacLaren est rattrapé par son passé. Dans une vidéo dévoilée par CFRA le 28 mai, et que certains estiment de 2012, le député de Carleton-Mississippi-Mills déplore les droits linguistiques pour les Franco-Ontariens dans l’Est d’Ottawa. Une affirmation en réponse à un militant Canadians for Language Fairness Conséquence immédiate : Jack MacLaren est exclu du caucus de son parti par Patrick Brown. « Je construis un Parti progressiste-conservateur moderne et inclusif, un parti où cela n’a pas d’importance d’où vous venez, qui vous aimez ou la langue que vous parlez », assène le chef progressiste-conservateur. « Il a bien réagi », affirme M. Jolin. « Depuis son arrivée à la tête du parti, il y a un changement de cap et d’attitude. »