Maison de la francophonie : la voie municipale privilégiée

Le drapeau franco-ontarien devant l'hôtel de ville de Toronto.

TORONTO – Les instigateurs du projet de Maison de la francophonie misent dorénavant sur la Ville de Toronto pour faire débloquer ce dossier qui piétine. Avec l’appui du maire de la métropole en poche, ils espèrent être en mesure de convaincre les autres élus du bien-fondé de leur initiative.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« On a jamais été en phase entre le financement du projet et un édifice. Voilà le problème. L’aide de Toronto est primordiale, il faut identifier un édifice concret pour remonter un plan d’affaires qui permet de déposer une demande de financement auprès de la province », a confié Richard Kempler, administrateur du comité provisoire de la Maison, à #ONfr.

Au cours des derniers jours, le Comité consultatif francophone de Toronto a voté en faveur de l’étude du projet par la Ville de Toronto, en plus de donner le mandat à l’appareil municipal de trouver un bâtiment qui pourrait accueillir la Maison. Si les choses vont comme prévu, le Conseil municipal pourrait être invité à voter sur le projet.

L’automne dernier, le maire John Tory a confirmé au micro d’#ONfr qu’il avait été séduit par le projet d’une Maison de la francophonie. Il avait lui-même proposé que la Ville prête l’un de ses bâtiments inoccupés pour permettre sa naissance.

Mais M. Kempler souligne que l’appui du maire ne signifie pas que tout est réglé. « Le maire n’a qu’une voix de conseiller, le pouvoir appartient au Conseil municipal », insiste-t-il.

Gilles Marchildon, membre du Comité consultatif francophone, affirme que le projet va d’abord être analysé par les fonctionnaires municipaux, puis présenté aux élus. « C’est encourageant. Ça va prendre un certain temps avant que la recommandation du Comité fasse son chemin, cependant », dit-il.

Richard Kempler révèle qu’un bâtiment, où la Maison aurait pu s’installer, était disponible sur le marché récemment. Les engagements des bailleurs de fonds nécessaires n’étant pas au rendez-vous, l’immeuble a cependant filé entre les doigts des instigateurs du projet.

Depuis des années, des discussions se déroulent avec des représentants du gouvernement ontarien pour le financement de la Maison de la francophonie. Mais ça ne semble pas aboutir. « Avec l’Ontario, ça progresse oui et non. On est au niveau de la chefferie et de la ministre (Madeleine) Meilleur, tout le monde est bien au courant », selon M. Kempler.

Du côté fédéral, il affirme que l’arrivée de Justin Trudeau vient changer la donne. « Ça ne débloquait pas jusqu’en octobre. Le changement de gouvernement au fédéral fait que les minorités deviennent plus importantes. Les astres sont alignés », dit-il avec enthousiasme.

Aucune promesse

Le projet de Maison mise sur la location de locaux à des tarifs préférentiels à des organismes de la communauté franco-torontoise.

Les locataires potentiels ne sont pas encore connus. « Est-ce qu’il y aura volet culturel? Social? Pourra-t-on aller y manger ensemble, faire du conditionnement physique ou nager? », s’est questionné Diane Chaperon-Lor, représentante du Club canadien de Toronto et membre du Comité consultatif francophone.

Pour l’instant, les instigateurs du projet ne font aucune promesse. Ils disent attendre de connaître les caractéristiques du bâtiment qu’ils pourront dénicher avant d’évaluer le bouquet de services qu’on pourrait y retrouver. Ils affirment cependant que le collège Boréal, qui doit quitter ses locaux avant 2020, pourrait être intéressé à s’y établir. Le président du collège a déjà indiqué qu’il était en faveur de regrouper en un même lieu son institution, la Maison de la francophonie et une future université franco-ontarienne.

Une autre membre du Comité consultatif francophone a suggéré que la future Maison avait tout avantage à miser sur une approche collaborative. « Il ne faut pas juste mettre des organismes l’un à côté de l’autre. Il faut créer des ponts et créer des alliances stratégiques. On pourrait peut-être enfin avoir un continuum de services au même endroit, que ça soit en immigration, de santé… », a souligné Isabelle Girard.

Si le Centre francophone de Toronto est bien installé dans ses nouveaux locaux jusqu’en 2029, sa directrice Lise Marie Baudry n’écarte pas d’établir un point de service dans la future Maison. « Si elle ouvre ses portes et selon l’endroit où elle va se trouver, ça pourrait être intéressant d’y avoir certains de nos programmes. Il faudrait que ça soit dans un coin de la ville où nous ne sommes pas présents. Et aussi qu’on s’assure de ne pas être en compétition avec les agences qui seraient dans la Maison », a-t-elle fait valoir à #ONfr.