Malgré les coupes, les commissaires linguistiques viendront à Toronto

Une des réunions passées de l'Association internationale des commissaires linguistiques. Crédit image: IALC

TORONTO – Malgré la disparition du commissariat indépendant aux services en français de l’Ontario, la 6e conférence annuelle de l’Association internationale des commissaires linguistiques se déroulera bel et bien à Toronto, en juin. L’ombudsman de l’Ontario, Paul Dubé, a accepté d’agir à titre d’organisateur, en remplacement de François Boileau.

Linda Williamson a confirmé à #ONfr que l’événement se déroulera les 26 et 27 juin prochains, sous le thème « Protéger les minorités linguistiques, bâtir des sociétés plus fortes​ ». Le bureau de l’Ombudsman de l’Ontario a accepté de l’organiser et accueillera ainsi des dizaines d’intervenants spécialisés dans la protection des minorités linguistiques.

Mme Williamson a partagé une ébauche du programme de l’événement. Il sera ainsi question de la protection des langues autochtones, du respect de la diversité linguistique, des bonnes pratiques en Europe et de l’avenir des droits linguistiques dans le monde.

La décision d’organiser l’événement en Ontario s’est faite bien avant les coupes linguistiques dans la province, qui ont mené à l’élimination du commissariat indépendant aux services en français. Dans le contexte actuel, la conférence prend une symbolique bien particulière. Notons, par exemple, qu’un atelier portera sur l’importance de protéger les minorités linguistiques par l’entremise d’institutions indépendantes.

Un atelier s’intéressera également aux pouvoirs limités des ombudsmans. Le fait qu’ils aient des « pouvoirs non-exécutoires » est-il « restrictif ou efficace », se demanderont les participants.

Plusieurs invités de renom participeront à l’événement, dont le rapporteur spécial de l’ONU sur les questions relatives aux minorités, Fernand de Varennes, et le juge de la Cour suprême du Canada, Richard Wagner.

François Boileau serein

La conférence devait présenter l’Ontario comme un chef de file dans la protection de sa minorité francophone. Une approche qui passait par le travail effectué par le commissariat indépendant aux services en français. François Boileau, qui devra quitter ses fonctions prochainement, admet que la crise linguistique jette un éclairage bien particulier sur la conférence.

« C’est un peu spécial. J’espère être invité! », lance-t-il, à la blague. « Le Commissariat aux services en français devait être l’hôte. C’est la plus imposante conférence de l’Association des commissaires linguistiques jamais organisée. Des experts internationaux vont venir pour voir comment on fait. Le Canada est un modèle dans le monde au niveau des droits linguistiques », insiste-t-il.

Des commissaires… sources de paix

Slaviša Mladenović, commissaire linguistique au Kosovo, sera de l’événement. « Pour moi, recevoir des plaintes, c’est une chose. Mais lui, il doit essayer d’éviter des guerres. Les droits linguistiques, c’est aussi une source de paix », lance François Boileau. « On ne le voit pas au Canada, mais c’est une façon de protéger des populations et la démocratie. Car, une démocratie qui respecte ses minorités est une démocratie en bonne santé », tient-il à ajouter.

François Boileau affirme que l’événement sera une occasion pour les Ontariens de découvrir les bonnes pratiques qui se font ailleurs sur le globe, mais aussi pour ces visiteurs étrangers d’en savoir plus sur les méthodes d’ici. « Le rapport qu’on a fait sur l’offre active en français a inspiré beaucoup de monde et ce rapport circule. Nous avons une expertise au Canada et nous pouvons partager nos bonnes pratiques », affirme Me Boileau.

Ironie du sort, François Boileau était vu par plusieurs comme la personne toute désignée pour présider l’Association internationale des commissaires linguistiques. Cela aurait constitué une vitrine de plus pour l’Ontario français sur la scène internationale, souligne-t-on.