Marée verte pour le lever du drapeau franco-ontarien à Toronto

Lever du drapeau franco-ontarien
Les élèves faisaient leur grand retour depuis trois ans sur la place Nathan Phillips. Crédit image: Soufiane Chakkouche

TORONTO – Après deux ans d’absence, les élèves francophones de la Ville reine ont déferlé devant l’hôtel de ville, ce vendredi, pour célébrer le drapeau franco-ontarien, tandis qu’à Queen’s Park la classe politique a rendu hommage à l’épanouissement et la combativité de la communauté.

C’est débarrassé de toute contrainte sanitaire que le drapeau franco-ontarien a été hissé ce vendredi, 48 heures avant le 25 septembre, Journée des Franco-Ontariens. Plus de 450 personnes ont convergé sur la place Nathan Phillips, selon les organisateurs, en grande majorité des élèves.

Pour ce retour en présentiel, un parterre de dignitaires a répondu présent à la cérémonie, parmi lesquels le maire de la ville, John Tory, la conseillère municipale de Toronto, Jennifer McKelvie, la cheffe du bureau du Québec à Toronto, Catherine Tadros et le consul général de France à Toronto, Tudor Alexis.

Accueilli dès son arrivée par un bain d’une foule jeune, verte et en délire, le maire de la ville s’est adressé à l’assistance en français, un français que les acteurs de la francophonie présents sur place jugent de plus en plus travaillé.

John Tory, maire de Toronto, à quelques minutes de son discours. Crédit image : Soufiane Chakkouche

« Nous sommes rassemblés là pour marquer la journée des francophones de Toronto et hisser le drapeau franco-ontarien. Merci à la communauté francophone de Toronto pour tout ce que vous avez fait et que vous faites pour notre ville », a déclaré M. Tory qui brigue un nouveau mandat aux élections municipales en octobre prochain. »

Et d’ajouter : « Nous reconnaissons aujourd’hui les nombreuses contributions qu’a apporté et que continue d’apporter la communauté francophone à notre province. Ceci est possible grâce à vous tous qui avez travaillé fort pour préserver et protéger cette langue et cette culture. »

Une foule de jeunes Franco-Ontariens massés sur la place Nathan Phillips. Crédit image : Soufiane Chakkouche

Des paroles qui ont été immédiatement suivies par le chant Mon beau drapeau entonné en cœur par les centaines de voix d’enfants.

« Depuis qu’on fête ce drapeau, ça m’a toujours ému de voir autant d’enfants et de personnes de la communauté chanter cet hymne et être fière d’être Franco-Ontariens, encore plus cette année où on peut se réunir pour cette belle fête », a confié Serge Paul, président de l’Association des communautés francophones de l’Ontario (ACFO) de Toronto.

Son organisation est derrière cette initiative en collaboration avec la mairie de Toronto, et ce depuis 2010.

Des hommages et des pics à Queen’s Park

Sur le parvis de l’Assemblée législative, l’ambiance était sensiblement différente, le ton plus solennel et évidemment teinté de politique.

« N’hésitons pas à nous battre pour que nos enfants puissent étudier en français de la maternelle au postsecondaire, au Nord comme l’est et au sud de la province », a clamé au pied du mât protocolaire Carol Jolin, dont c’était le dernier lever de drapeau à titre de président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Il a également plaidé pour une communauté plus vivante, plus forte et plurielle « pour que notre langue soit encore plus présente dans notre vie quotidienne ».

Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Crédit image : Rudy Chabannes

Avant de procéder au lever de drapeau, la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney a cité l’écrivain et historien Max Gallo, saluant « une communauté historique à l’identité différente et respectable qui doit être maintenue et défendue. Elle suscite en nous cette volonté en nous de faire toujours plus et mieux pour elle. »

Plus et mieux, c’est justement ce qu’a demandé le chef intérimaire de l’opposition officielle, Peter Tabuns, remettant sur la table trois épineux dossiers : « Nous allons continuer à réclamer une université pour et par les francophones à Sudbury, des soins de santé et services publics en français partout dans la province et le retour du Commissariat aux services en français », a-t-il insisté, au côté du porte-parole aux affaires francophones Guy Bourgouin.

La représentante du Parti libéral, la députée Lucille Collard, a quant à elle rendu hommage à Gisèle Lalonde et Mariette Carrier-Fraser : « Le départ de grands piliers de la francophonie a causé une grande tristesse et nous rappelle qu’il est important de continuer de se battre pour les choses auxquelles on croit. »

Carol Jolin, Natalia Kusendova, Peters Tabuns, Lucille Collard, Guy Bourgouin, Caroline Mulroney, Donna Skelly et Peter Hominuk. Crédit image : Rudy Chabannes

En entrevue avec ONFR+, la ministre Mulroney a souligné deux nouvelles dévoilées plus tôt cette semaine : le dévoilement des bénéficiaires du Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO) et le lancement de la consultation publique pour l’offre active, un des points fondamentaux de la modernisation de la Loi sur les services en français. « C’est une très grande semaine pour les francophones en Ontario », a-t-elle dit.

Quant aux inquiétudes des aînés francophones concernant l’adoption du projet de loi 7, qui obligera le transfert de patients des hôpitaux vers des foyers de soins de longue durée pour alléger le système hospitalier, elle a affirmé comprendre les préoccupations de la communauté. « Nous avons insisté pour que dans le guide le critère linguistique soit pris en compte et c’est ce que feront les coordonnateurs. »

Soufiane Chakkouche et Rudy Chabannes

Le drapeau franco-ontarien hissé à Queen’s Park ce vendredi. Crédit image : Rudy Chabannes