Médias francophones : l’APF quitte la FCFA

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OTTAWA – L’Association de la presse francophone (APF) a décidé de ne plus siéger sur le conseil d’administration de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada. Une manière d’éviter les conflits d’intérêt, selon ce qu’a appris #ONfr.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« C’est une décision que nous avons prise fin décembre et qui est actée depuis janvier. Ce n’est pas contre la FCFA, ni contre qui que ce soit, mais nous avons simplement deux mandats différents », explique le président de l’APF et éditeur-directeur général du journal L’Acadie Nouvelle, Francis Sonier.

Même si l’organisme porte-parole de 22 journaux francophones à l’extérieur du Québec était membre du conseil d’administration de la FCFA depuis plusieurs années, son président assure que ce départ n’a rien de soudain.

« Cela fait peu de temps que je suis à l’APF (L’Acadie Nouvelle a rejoint l’APF en 2014). Au début de ma présidence, quand je suis entré en poste en juillet 2015, j’ai observé comment ça se passait et j’ai eu un certain malaise d’être membre du conseil d’administration d’un organisme à caractère politique. J’en ai parlé avec mes prédécesseurs qui avaient le même sentiment. L’APF n’a pas un rôle politique, c’est un organisme qui représente un segment de l’industrie des médias et dont les membres peuvent être amenés à écrire sur l’actualité de la francophonie canadienne. Ça pouvait devenir délicat. »

M. Sonier précise toutefois que l’APF restera membre du Forum des leaders, un regroupement de plusieurs organismes de la francophonie canadienne en milieu minoritaire qui se réunissent trois fois par année pour se concerter, collaborer et partager leurs expertises.

« Nous sommes plus à l’aise de participer dans ce cadre, car quand tu es membre d’un conseil d’administration, tu as une part de responsabilité et doit être solidaires des décisions qui sont prises. »

La présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier, dit respecter la décision de l’APF.

« L’APF juge que la situation est inconfortable pour préserver la capacité de ses membres à couvrir l’actualité francophone en toute indépendance. C’est une inquiétude qu’ils n’exprimaient pas auparavant, mais nous comprenons leur argument. Il faut respecter les rôles de chacun et je pense que leur décision est cohérente. »

Elle assure que cela n’affectera pas le travail de la FCFA auprès du gouvernement fédéral pour améliorer la situation des médias francophones en contexte minoritaire.

« La FCFA est la voix nationale des francophones en milieu minoritaire et à ce titre, elle défend toutes leurs préoccupations. L’Alliance des radios communautaires du Canada (ARC) n’est pas membre de la FCFA, cela ne nous empêche pas de travailler sur des dossiers communs. »

La décision de l’APF intervient peu de temps après la crise qui a secoué la communauté francophone de Terre-Neuve-et-Labrador.

En novembre dernier, un conflit avait opposé le journal francophone provincial, Le Gaboteur, membre de l’APF, et l’organisme porte-parole de la communauté francophone, la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador (FFTNL), membre de la FCFA.

Un rapport d’étude sur la gouvernance communautaire des organismes francophones de Terre-Neuve-et-Labrador, commandé par la FFTNL, concluait à la « faible utilisation du journal comme outil pédagogique » et à des « partis-pris qui divisent la communauté francophone » dans le journal. Le rapport avait donné lieu à de affrontements verbaux par médias et communiqués de presse interposés. Dans un communiqué, la FFTNL avait toutefois insisté sur sa volonté ne pas « remettre en cause l’indépendance du Gaboteur ».

Le président de l’APF assure pourtant que la décision de quitter la FCFA est indépendante de ce conflit.

« Il n’y a pas de lien entre les deux, ce dont deux dossiers à part. »

Il indique toutefois que l’APF travaille actuellement au développement d’une charte de la presse francophone afin de préciser le rôle de ses journaux membres, qui sera partagée avec tous les organismes francophones en milieu minoritaire.

« Certains pensent parfois que nos journaux sont des courroies de transmission, mais ce n’est pas leur mandat. Ils sont juste les témoins de ce qui se passe dans les communautés, participent à leur développement, mais doivent être le reflet fidèle de ce qui s’y passe, que ce soit positif ou négatif. »