Médias francophones : une plainte au commissaire Fraser s’intensifie

L'ancien commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, avait-il assez de pouvoirs?

OTTAWA – Les francophones en situation minoritaire se mobilisent après que le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, eut confirmé avoir ouvert une enquête sur le financement des médias hors Québec.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) et l’Association de la presse francophone (APF) déposeront chacune très prochainement une plainte dans ce sens au Commissariat. Des voix qui s’ajouteront dès lors à la plainte initiale sur le dossier envoyée au mois de juin par la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE).

Pour les organismes francophones, la coupe est pleine depuis la décision de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (TPSGC) en 2013 de miser sur internet pour les communications avec le public. Un changement de méthode pour ce ministère, responsable de la politique d’achat publicitaire du gouvernement fédéral, qui s’accompagnait par ailleurs d’une réduction de l’ensemble des publicités.

Conséquence? La baisse des achats de publicité fait souffrir de plus en plus les journaux et radios communautaires, très dépendantes de ce type de revenus.

« Pour 2006-2007, les revenus pour l’ensemble de nos journaux issus de la publicité du gouvernement fédéral étaient de 1,9 million $. En 2013-2014, on ne parlait plus que de 400 000 $ », illustre à #ONfr, Francis Sonier, président de l’APF.

Dès 23 journaux inclus dans le réseau de l’APF, beaucoup auraient « de la difficulté à joindre les deux bouts », selon M. Sonier. « Il faut alors essayer d’aller chercher des revenus ailleurs (…) Les lecteurs sont pourtant bien là et fidèles. »

 

Loi sur les langues officielles

Car pour les francophones hors Québec, la décision de TPSGC contrevient directement à l’article 41 de la Loi sur les langues officielles, qui prévoit le soutien du gouvernement fédéral pour « favoriser l’épanouissement des minorités francophones et anglophones et d’appuyer leur développement ».

« Les médias sont la meilleure façon de rejoindre les francophones dans les milieux minoritaires », affirme à #ONfr, la présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier. « Il est clair que le gouvernement n’a pas regardé les choses avec une lentille francophone. Ça peut clairement menacer les journaux, et éventuellement les faire disparaitre. »

L’organisme porte-parole des francophones en situation minoritaire n’a de cesse de marteler l’importance de la défense des médias. Élue à la présidence en juin dernier, Mme Lanthier avait souvent mentionné durant sa campagne vouloir élargir la mobilisation au-delà du soutien à CBC/Radio-Canada.

« Ça serait une bonne chose que les élus et candidats profitent de la campagne électorale pour appuyer les médias communautaires », croit M. Sonier.

Joint par #ONfr, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada s’est défendu par courriel de contrevenir à la loi : « TPSGC respecte ses obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles. TPSGC n’a émis aucune directive visant à changer la distribution des avis publics ou autre forme de publicité. »