Mulroney attaquée de tous les côtés lors du débat en français

TORONTO – Le bilan conservateur des quatre dernières années pour les francophones a été l’objet de vives critiques de la part des partis dans le débat en français de Radio-Canada et TFO. Commissariat aux services en français, Université Laurentienne, centres de soins de longue durée francophones, Caroline Mulroney a essuyé les critiques, notamment de la libérale Amanda Simard mardi.

Cette dernière a ouvert le bal en milieu de débat en accusant le parti de Doug Ford d’être une « machine à propagande ».

« Le gouvernement de Doug Ford a plus fait pour les francophones que les gouvernements libéraux ont fait en 15 ans », a soutenu Caroline Mulroney en énumérant les actions posées dans le domaine économique et du postsecondaire en français.

Cette affirmation a fait bondir l’ancienne membre du gouvernement Ford.

« Ça, c’est faux. Doug Ford a trahi les Franco-Ontariens. Vous êtes une machine à propagande. Franchement. »

Et d’ajouter quelques secondes plus tard, alors que Mme Mulroney vante le nombre de lits en soins de longue durée pour les francophones.

« Vous annoncez plein de lits, mais y a personnes pour prendre soin de ces lits-là, c’est complètement déconnecté. C’est complètement déconnecté », a répété la députée des quatre dernières années de Glengarry-Prescott-Russell alors que France Gélinas dénonçait le fait que les lits « n’étaient pas encore construits ».

La crise linguistique de 2018 est aussi revenue lors de ce débat alors que Caroline Mulroney a défendu la décision de supprimer le Commissariat aux services en français en le mutant au bureau de l’ombudsman de l’Ontario, Paul Dubé.

« Quand je lui parlais pendant la crise linguistique, il ne savait même pas la différence entre le Commissariat aux services en français et le ministère des Affaires francophones » – Amanda Simard

Caroline Mulroney a tout d’abord jugé erronées les affirmations comme quoi la commissaire actuelle Kelly Burke n’avait pas son indépendance et les pouvoirs d’un commissaire

« Elle fait son travail avec intégrité et un mordant sans gêne », a-t-elle lâché.

« Le gouvernement Ford a vraiment peur des experts, on a vu la même chose avec le commissaire à l’environnement. Pourquoi avez-vous si peur des experts dans ces enjeux-ci? », a critiqué la représentante des Verts Cara Des Granges

Ce geste de supprimer le poste de François Boileau n’a toutefois pas surpris Amanda Simard.

« Ce n’est pas très rassurant avec M. Ford. Quand je lui parlais pendant la crise linguistique, il ne savait même pas la différence entre le Commissariat aux services en français et le ministère des Affaires francophones. »

 « François Boileau n’avait pas besoin d’attendre des plaintes », a lancé de son côté France Gélinas du NPD.

Ce débat d’une heure réunissait les quatres principaux partis et leurs porte-parole en matière de francophonie en ce 14e jour de campagne dans la province. L’affrontement entre les quatres représentantes s’est axé sur les principaux thèmes de l’éducation, l’immigration, le coût de la vie, vivre en français et les leçons de la pandémie.

Les premières minutes du débat offraient la possibilité aux chefs de s’adresser à la communauté Franco-Ontarienne. Andrea Horwath du NPD et Steven Del Duca pour les libéraux ont réitéré leur soutien en français. Mike Schreiner, des verts, a opté pour une allocution à moitié en français et l’autre en anglais, tandis que Doug Ford a communiqué uniquement en anglais.

Postsecondaire dans le Nord de l’Ontario

Sur le sujet de l’Université de Sudbury, France Gélinas pour le NPD, a vivement déclaré que « le processus avance, mais l’Ontario a mis zéro… L’Université de Sudbury n’a pas reçu un sou du gouvernement provincial. Ils en ont reçu du gouvernement fédéral (…) Ça fait plus de 40 ans, que les francophones demandent une université par pour et avec partout dans la province » .

Caroline Mulroney s’est défendue en disant que le processus suit son cours devant la Commission d’évaluation de la qualité de l’éducation postsecondaire. 

Sur La Laurentienne, Amanda Simard rejoint la candidate de Nickel Belt en lançant à la progressiste-conservatrice : « Vous le saviez, que les programmes allaient être coupés à la Laurentienne, et vous n’avez rien dit, too bad », dit-elle en faisant référence à la réaction du gouvernement Ford dans le dossier.

La fille de Brian Mulroney a aussi rappelé que le gouvernement Ford avait créé l’UOF en plus de rendre l’indépendance à l’Université de Hearst, selon ses dires.

Les autres partis ont tous promis qu’il ferait de l’Université de Sudbury une institution indépendante. Le NPD, tout comme les verts, propose le transfert des programmes de La Laurentienne vers son ancien confrère de Sudbury.

Les soins de longue durée et la pandémie

Pour Cara Des Granges du Parti vert, ce qui s’est passé durant la pandémie est une tragédie, « aujourd’hui plus personne ne veut aller dans ces centres, en tout cas pas moi ». Pour Amanda Simard, Doug Ford n’a pas protégé les personnes âgées qui souffraient de la pandémie, il a préféré protéger les propriétaires négligents de ces établissements, rendant impossibles les poursuites civiles.

C’est, non sans émotion que France Gélinas explique à son tour, qu’il y a un conflit entre la recherche de profit et le soin. « Les infirmières sont épuisées, tous ces gens qui ont pris soin de nous, et avec vous (Caroline Mulroney) ils n’ont pas le droit à plus de 1 % d’augmentation de salaire par an et non même pas accès à des soins de santé mentale », dit-elle avec dégoût.

« Zéro inspection dans les centres de soins en 2020 pendant la pandémie, zéro », accuse la candidate libérale. Une allégation que Caroline Mulroney n’a pas démentie, bien qu’elle affirmait que la période était compliquée. Elle s’explique à son tour, « on a hérité d’un système basé sur un système de santé de couloir, grâce aux libéraux. Maintenant, nous allons investir. 40 milliards de dollars à travers la province ».

Encore une fois, Amanda Simard ne manqua pas de lui répondre. « Vous avez honte de votre bilan, c’est pourquoi vous vivez toujours l’élection de 2018. Abrogez la loi 124 et arrêtez d’appeler les travailleurs de santé des héros, si pour vous ils ne valent que 1%. »