Négociations en vue pour les enseignants franco-ontariens

Le président de l'AEFO, Rémi Sabourin, lors de l'assemblée annuelle 2019, à Mississauga. Gracieuseté.

MISSISSAUGA –  Plus de 160 membres délégués de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) étaient réunis, cette fin de semaine, à Mississauga. Au menu de leur assemblée annuelle, les enseignants ont pu évoquer les négociations à venir de leur nouvelle convention collective.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

La convention collective des enseignants et du personnel en éducation arrivera à échéance le 31 août prochain et déjà l’AEFO se tient prête.

« En 2014, les négociations avaient été ardues, car de nouvelles règles avaient été mises en place. Ça avait pris du temps. Pour les prochaines négociations, on entend beaucoup de choses. Il y a des craintes chez nos membres. Mais on se prépare. Notre message, c’est que le système scolaire en Ontario est très performant, mais qu’il est aussi très fragile et que ce n’est donc pas le moment de faire des coupures », résume le président du syndicat franco-ontarien, Rémi Sabourin.

Sans vouloir spéculer sur ces bruits de couloir, ajoute-t-il, préférant attendre le dépôt du prochain budget provincial, le président de l’AEFO reconnaît que les récentes décisions du gouvernement progressiste-conservateur l’inquiètent.

« Concernant les changements en mathématiques ou sur l’éducation sexuelle, par exemple, on se demande comment sont prises les décisions et comment s’informe le gouvernement. On veut faire partie de discussions et donner notre point de vue », dit-il.

Raison sans doute pour laquelle, l’AEFO insistera beaucoup, lors des négociations de la prochaine convention collective, sur le respect de l’expertise des enseignants.

« L’enseignant, c’est l’expert. Il faut lui donner les outils et les ressources pour bien faire son travail, mais aussi respecter son jugement. »

Des sujets plus classiques à chaque négociation, comme les salaires ou les congés, se mêleront à des questions nouvelles, comme la violence dans les écoles, la sécurité des élèves et des enseignants ou encore, celle d’élèves à grands besoins.

Lobbying le 4 mars

La négociation réunira autour de la table l’AEFO, les deux associations de conseils scolaires francophones (l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques et l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario) et le gouvernement provincial.

Depuis l’arrivée au pouvoir des progressistes-conservateurs en juin dernier, les relations de l’AEFO avec le gouvernement de Doug Ford sont limitées. Lors de l’assemblée annuelle de l’organisme, la ministre de l’Éducation, Lisa Thompson, et la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, n’ont pu participer à l’événement et venir s’adresser aux membres du syndicat franco-ontarien. L’adjoint parlementaire de Mme Thompson, Sam Oosterhoff, était quant à lui disponible et disposé à parler, mais son emploi du temps ne coïncidait pas avec le moment choisi par l’AEFO. Une chose est sûre pour M. Sabourin, il faudra accroître les communications dans le futur.

« On participe aux consultations publiques, mais on aimerait des rencontres plus régulières, en un à un. Je n’ai rencontré la ministre Thompson, en un à un, qu’à une seule reprise, en octobre dernier. Depuis, les communications sont très sporadiques. Avec l’ancien gouvernement, nous avions pris l’habitude de plus communiquer. On espère que la communication avec ce gouvernement va augmenter. »

Pour y parvenir, le président de l’AEFO se joindra aux intervenants en éducation de langue française, dont les conseils scolaires, pour une journée de lobbying à Queen’s Park, lundi 4 mars.

« On veut parler aux députés de tous les partis de nos succès, mais aussi de nos défis. Faire connaître notre réalité et sensibiliser. »

Projet de loi 48

Le président était déjà à l’Assemblée législative ontarienne, ce lundi 25 février, pour y présenter le mémoire de l’AEFO, relatif au projet de loi 48, Loi de 2019 pour des écoles sûres et axées sur le soutien.

Le syndicat avait plusieurs recommandations, notamment sur le fonctionnement de l’Ordre des éducatrices et des éducateurs de la petite enfance et l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, les élèves à besoins particuliers et les animaux d’assistance, la composition du conseil et des comités de l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, et l’obtention du certificat de qualification et d’inscription et la nouvelle exigence pour l’obtention d’un certificat de qualification et d’inscription.

« On se positionne notamment sur la volonté de mettre en place un examen d’entrée en profession en mathématiques pour les étudiants en éducation. Nous sommes d’accord que les mathématiques sont importantes, mais on pense que si c’est si important, il faut aussi considérer les enseignants qui sont déjà en place. Ce que nous proposons, plutôt qu’un test, ce sont des cours obligatoires en enseignement des mathématiques dans les facultés d’éducation et du perfectionnement professionnel pour les enseignants en place. Ce sera beaucoup plus efficace comme solution. »

Concernant la composition de l’Ordre des enseignants de l’Ontario, l’AEFO demande le maintien de trois postes francophones désignés, que le conseil de l’Ordre soit composé de plus de membres élus que de membres nommés et que la présidence de l’Ordre continue à être un membre élu.

Cet article a été mis à jour le mardi 26 février 2019, à 10h52.