Nomination controversée de Meilleur : la FCFA veut rencontrer Trudeau

Sylviane Lanthier a été réélue à la tête de la FCFA, le samedi 10 juin. Archives #ONfr

OTTAWA – La saga sur la nomination de Madeleine Meilleur à titre de commissaire aux langues officielles continue. La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) demande maintenant une rencontre avec le premier ministre du Canada, Justin Trudeau.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Une décision prise jeudi 25 mai en soirée au moment où l’organisme porte-parole des francophones hors Québec tenait une réunion extraordinaire avec la dizaine de ses organismes membres.

« La FCFA demande de toute urgence une rencontre avec le premier ministre. Il est plus important que jamais de clarifier de quelle manière le gouvernement prévoit protéger l’intégrité de la fonction de commissaire aux langues officielles. Il est essentiel que le premier ministre entende les communautés sur ces questions », écrit l’organisme dans un communiqué paru vendredi, en fin de matinée.

Et de préciser : « Le fait que ce processus soit perçu, par une part importante de l’opinion publique, comme ayant mené à un choix partisan, demeure le nœud du problème. Il est justifié de se questionner en ce qui a trait aux effets à court et long terme sur l’intégrité d’une institution qui revêt une importance primordiale pour les communautés francophones en situation minoritaire. »

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Jointe par #ONfr, la FCFA a laissé entendre qu’elle n’accorderait pas d’entrevue sur le sujet. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) n’a pas souhaité réagir non plus, précisant « se rallier » à la position de la FCFA.

D’autres organismes de la FCFA se sont montrés en revanche plus loquaces sur le contenu de la réunion. À commencer par la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), présente jeudi soir, et qui dénonce depuis plusieurs jours la nomination de Madeleine Meilleur jugée partisane.

« Le consensus n’existe pas tout à fait entre les différents organismes membres », explique son président Kevin Arseneau, en entrevue pour #ONfr. « Il y a des organismes qui veulent dénoncer et d’autres qui ne veulent pas se mettre à dos la nouvelle commissaire (…) Il y a chez eux une peur de prendre des décisions, ce qui montre que l’indépendance des organismes n’est pas gagné. »

Qui sont vraiment ceux-qui parlent à demi-mots? « En Acadie, on l’impression qu’on parle déjà d’une voix, en accord avec certains des organismes de l’Ouest », met en avant M. Arseneau. La FCFA l’avoue d’ailleurs en préambule de son communiqué : « La discussion a permis de constater que ce processus ne fait toujours pas consensus. »

« Frustrations »

Du côté de l’Association canadienne française de l’Alberta (ACFA), la réunion de jeudi soir n’a pas vraiment convaincu. Plus encore, elle fut le théâtre de beaucoup de « frustrations », selon le président de l’organisme, Jean Johnson.

« La culture de la FCFA a toujours été de se faire des amis sur la Colline parlementaire plus que de représenter les francophones », décoche celui qui sera candidat contre la présidente sortante de la FCFA, Sylviane Lanthier, le 10 juin prochain.

« Il faut arrêter d’avoir peur de se froisser avec le gouvernement. Il faut vraiment se prononcer et prendre notre place. »

Selon M. Johnson, le consensus a prévalu au moment de demander une rencontre avec M. Trudeau. « Il faut savoir que les organismes de chaque province ont quand même l’habitude de rencontrer le premier ministre provincial régulièrement. »

Officialisée par M. Trudeau le 15 mai, la nomination de l’ancienne ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario doit encore être validée par la Chambre des communes et le Sénat.