Nouvelle vague country : place aux Canadiennes-Françaises

Le festival de la Country Music Association Ontario (CMA) à London vient de prendre fin. Souvent perçu comme un milieu à dominance nettement masculine et anglophone, le festival accueille les artistes féminines francophones et entend bien transformer le monde du country et le rajeunir.

« Je suis là pour prouver que la fille de Bourget qui parle français peut faire du country elle aussi! », lance Gabrielle Goulet en entrevue avec ONFR+.

« Être francophone dans le milieu country m’ouvre des portes, ça fait de la diversité et c’est ce que le milieu veut plutôt que toujours la même affaire », ajoute la chanteuse Erica Brighthill.

Faire de la musique country en français est un défi pour les artistes de la scène ontarienne. Bien souvent, les premières chansons sont écrites dans la langue de Luke Bryan. Par exemple, Erica Brighthill a récemment sorti un nouveau single intitulé Girls don’t need a guy to dance.

« Je suis ouverte à écrire éventuellement des chansons en français, mais ça a adonné que je me suis lancée avec l’anglais, vu que c’est plutôt ce que j’écoute. Cependant, j’incorpore toujours des chansons en français dans mes spectacles, car c’est important pour moi », raconte Erica Brighthill. « J’aime voir les gens qui sont francophones à mes spectacles être contents quand je fais des chansons en français. »

Erica Brighthill. Crédit image : Novovisio Productions

Pour sa part, Gabrielle Goulet a fracassé le monde country francophone en 2017 avec Elle sait et prépare un nouvel album qui devrait sortir en mars 2023. « Je me suis débarrassée de ce que je pensais que le monde pensait de la musique francophone. J’ai réalisé que la musique francophone c’était bon et je me suis mise à en consommer plus avant de sortir mon premier album en français à l’âge de 19 ans », explique la chanteuse de Bourget. « C’était plus naturel car c’était ma langue natale, c’est avec elle que je m’exprime le mieux. »

Nouvelle génération, nouveaux thèmes

En plus de devoir faire leur place comme femmes et francophones, les artistes souhaitent également populariser le nouveau country, un style incorporant plus de sonorités pop aux trames musicales traditionnelles.

« Il y a des gens qui vont nous accueillir les bras ouverts, d’autres vont se dire que le country pop n’est pas bon et n’a pas sa place dans les festivals. Le défi est de montrer à ce public que ce n’est pas obligé d’être ce qu’ils sont habitués d’entendre pour que ce soit bon », explique Gabrielle Goulet.

La chanteuse Gabrielle Goulet. Crédit image : CMA Ontario

« On ne veut pas qu’être la relève, on veut être qui on est comme artiste. Oui on les aime les vieux classiques mais on veut aussi notre style. C’est une question de trouver un juste milieu », renchérit Erica Brighthill.

En plus d’amener son nouveau style à la musique country, les jeunes artistes féminines éloignent ce style musical des stéréotypes qui lui sont associés.

« Ce n’est plus comme avant où le country parlait principalement des trucks, la bière, le party, pis des filles. Maintenant, les filles vont amener des sujets un peu plus deep dans les histoires racontées », pense Erica Brighthill. « On s’éloigne des stéréotypes. On mélange le country avec la pop, on s’ouvre à un autre monde. »

Transformer les traditions, bousculer les conventions, tout cela représente de beaux défis pour les nouvelles chanteuses country du Canada français. Alors qu’il peut y avoir un sentiment d’insécurité au début, l’ouverture dont le milieu fait preuve aide beaucoup dans la confiance. « Si l’on m’invite à un gala country, c’est que j’ai mérité ma place », affirme Gabrielle Goulet.

Un grand défi se pose encore pour le milieu country et c’est celui du passage de flambeau au niveau du public. « Il faut incorporer de la nouveauté sinon il n’y aura pas de relève générationnelle », affirme Erica Brighthill.

La chanteuse Erica Brighthill. Crédit image : Novovisio Productions

La diversité venue des voix féminines et francophones permet un renouvellement de la scène country canadienne. Alors que les jeunes artistes attirent également un public plus jeune, du travail reste à faire pour que la transformation soit complète. Entre l’amour des grands classiques et le besoin de nouveauté, les amateurs de cette légendaire musique nord-américaine peuvent avoir confiance en la bravoure de celles qui saisissent le micro du pèlerin.