Objectif gagner les élections pour le Parti PC de l’Ontario

Le député progressiste-conservateur de Nipissing, Vic Fedeli. Archives #ONfr

[ANALYSE]

TORONTO – Tremblement de terre. Coup de théâtre. Bombe politique. Les expressions n’étaient pas trop fortes la semaine dernière après la démission du chef progressiste-conservateur Patrick Brown.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Il aura fallu à peine 24 heures pour défaire une partie de la légitimité acquise pendant deux ans et demi par le parti. Car depuis mai 2015, date de son élection à la tête du Parti progressiste-conservateur (Parti PC), Patrick Brown caracolait en tête des sondages. Sa prise de pouvoir lors des élections de juin prochain semblait une évidence. Moribonds, les libéraux auraient dû mordre la poussière, les néo-démocrates ramasser les miettes. Mais la nuit de mercredi à jeudi dernier a tout changé…

Résolument centriste, capable – au moins en façade – de mettre en sourdine les oppositions au sein de son parti, M. Brown était parvenu à s’imposer comme une alternative crédible à la première ministre Wynne. Le désormais ex-chef avait pour lui la jeunesse et la nouveauté, autant de qualités non négligeables pour diriger un parti réputé à tort ou à raison peu inclusif.

Fedeli candidat consensuel pour le caucus

Pour le moment, c’est en tout cas Vic Fedeli qui a pris provisoirement les rênes du Parti PC. Dans la maison conservatrice, le député de Nipissing incarne la loyauté et la fidélité. Un atout important avant la course à l’investiture prévue très bientôt. Une investiture qu’il compte d’ailleurs briguer et pour laquelle il a reçu déjà de précieux soutiens au sein du caucus.

Mais qui d’autres pour s’opposer à M. Fedeli? Quelques noms ont circulé, et non des moindres. Un moment pressentie, l’ancienne ministre fédérale, Lisa Raitt, a décliné l’offre. Pendant ce temps, John Baird, un autre ancien ministre fédéral, et l’ex-députée du parti, Christine Elliott, ne semblent pas vraiment intéressés.

De quoi laisser de l’espace à Caroline Mulroney dont le nom a été très prononcé au cours des derniers jours. Candidate en juin dans York-Simcoe, la fille de l’ancien premier ministre du Canada bénéficie d’un fort capital-sympathie. Dans les circonstances actuelles, on ne peut se tromper en affirmant que sa féminité serait un « plus ».

Caroline Mulroney se fait attendre

Non déclarée mais pressentie, Mme Mulroney pourrait s’appuyer sur d’anciens soutiens de Patrick Brown. C’est peut-être là où le bât blesse. Aura-t-elle assez de militants pour l’emporter? M. Brown était devenu chef du parti en ralliant une base importante de nouveaux membres. Rien n’indique que les membres seront de nouveau enclins à choisir un candidat non-élu. L’échec de l’ancien chef John Tory, venu de nulle part et tout à coup leader du parti pour les élections de 2007, puis l’expérience avortée de M. Brown, transfuge du fédéral, ont sans doute refroidi quelques ardeurs.

Mais les 200 000 membres du parti ne sont pas les électeurs. Et l’on voit mal Vic Fedeli pouvoir susciter autant l’intérêt des foules que Mme Mulroney. Dans le cas d’une investiture, la femme de 43 ans apparaîtrait la mieux placée aujourd’hui pour défier Kathleen Wynne ou la néo-démocrate Andrea Horwath.

De Patrick Brown, en revanche, il ne restera dans les livres d’histoire qu’une parenthèse inachevée. Un politicien somme toute brillant, mais dont les réalisations resteront inconnues. Hormis une peut-être : avoir malgré lui totalement relancé une campagne électorale jusque-là promise à son parti, et permis peut-être l’élection de la première femme à la tête du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario.

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 29 janvier.