« On finissait par gérer tellement de temps avec l’édifice des Compagnons » – Michel Pagé

Michel Pagé, président des Compagnons des francs loisirs. Archives ONFR+

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Michel Pagé est le président des Compagnons des francs loisirs qui est devenu, par la force des choses, l’organisme représentant les francophones à North Bay depuis la fermeture de l’ACFO locale.

LE CONTEXTE :

L’organisme a annoncé mardi soir vendre l’édifice qu’il occupe pourtant depuis 1963. Une situation inédite et nécessaire devant le prix beaucoup trop élevé des rénovations de l’établissement. Le bâtiment représentait le véritable poumon de la francophonie de cette ville constituée de plus de 6 000 Franco-Ontariens. 

L’ENJEU :

Les Compagnons des francs loisirs devront donc trouver un nouveau local, mais aussi assainir leurs finances s’ils veulent survivre.

« Pourquoi cette vente était-elle devenue inéluctable?

On a débuté les consultations en 2015 pour évaluer l’édifice. On a vraiment fait une révision, analyser ce que l’édifice avait besoin. On a regardé le taux d’utilisation, les possibles réfections, et le coût d’opération versus les revenus. On s’est rendu compte que l’édifice avait besoin de réfections importantes, mais que les locaux étaient sous-utilisés par les francophones et les Compagnons en général.

Pourquoi le bâtiment était sous-utilisé?

On avait besoin d’autres locaux, du fait d’un problème d’accessibilité, le son n’était pas très bon, les salles soient trop petites ou trop grosses. De plus en plus, on s’assure d’être visible dans la communauté, comme célébrer la Saint-Jean-Baptiste au quai de North Bay. Le fait qu’on ne s’en servait pas beaucoup faisait que l’édifice était déficitaire, et les dépenses dépassaient les revenus.

Le risque financier était donc trop grand?

Oui, car on s’est rendu compte que les rénovations représentaient 80 % de la valeur de l’édifice déjà estimé à 550 000 $. Il était clair qu’une telle dette pouvait mettre l’existence de l’organisme en péril. On a donc décidé que l’édifice avait fait son temps.

Comment se portent aujourd’hui Les Compagnons financièrement?

Ça va pas pire, mais ça pourrait aller mieux. On veut s’assurer de mettre l’accent sur la stabilité financière et la programmation. On finissait par gérer tellement de temps avec l’édifice. Ça devenait une distraction. On va pouvoir se concentrer sur notre programmation. En ce moment, l’organisme n’est pas en péril. La vente va nous permettre dans le court terme de renflouer de l’argent, car nous sommes propriétaires à 100 % du bâtiment, mais l’objectif n’est pas de vivre avec ces fonds-là.

Est-ce que l’on sait déjà où vont être relocalisés Les Compagnons des francs-loisirs?

Le « où » n’est pas encore déterminé, mais la visibilité sera importante, trouver un lieu où les gens doivent s’associer, peuvent avoir des billets pour un spectacle. »