Opération séduction des libéraux d’Ottawa avec Ronald Caza

Les quatre candidats libéraux, avec Ronald Caza. Crédit image: Sébastien Pierroz

OTTAWA – Modernisation de la Loi sur les services en français, garantie de financement de l’Université de l’Ontario français, les libéraux ont sorti les grosses promesses pour les francophones, vendredi matin. Invité de marque pour le parti, Ronald Caza a appelé à voter en faveur des troupes de Kathleen Wynne, le 7 juin prochain.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Entouré des candidats Marie-France Lalonde, Pierre Leroux, Nathalie Des Rosiers, et Yasir Naqvi, l’avocat a justifié son choix : « Il ne faut pas prendre pour acquis nos institutions. Chacune peut-être menacée. Quand on entend dire que d’autres partis ne veulent même pas se prononcer publiquement pour assurer que ces institutions vont être protégées, on a raison de s’inquiéter. »

Et de conclure : « Il faut expliquer comment c’est important pour la communauté francophone que le Parti libéral revienne au pouvoir, pour assurer la continuité et la progression de notre langue et de notre culture. »

Sous les projecteurs depuis la crise linguistique de l’Hôpital Montfort, M. Caza n’avait jamais caché sa sympathie pour les libéraux.

 

Modernisation de la Loi sur les services en français

Le lieu de la conférence de presse, La Cité, tout comme le contenu – le dévoilement de la « plateforme électorale francophone » – n’ont pas été choisis au hasard par les libéraux. Mais ironie du calendrier, l’annonce intervenait un an et demi jour pour jour (18 novembre 2016) après que la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, se soit engagée à une refonte de la Loi sur les services en français (LSF).

Interrogée par #ONfr sur les garanties de voir les libéraux livrer la marchandise cette fois, en cas de réélection, la principale intéressée se justifie : « Je m’étais engagée à discuter, à travailler sur cette modernisation de la loi. Il y a eu des étapes qui ont fait que l’on a travaillé ensemble avec la communauté (…) On est maintenant à l’étape de modernisation de la Loi. Cette Loi n’est plus adaptée au 21e siècle. »

Que les libéraux décident de faire de la LSF leur projet-phare de la plateforme francophone ne surprend pas beaucoup. « C’est ce que nous avions demandé, et nous avons toujours eu un engagement du gouvernement », laisse entendre le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin. « Je vois des éléments qui commencent à se dessiner. »

 

Université de l’Ontario français

Sujet de revendication numéro 1 pour les militants francophones, l’Université de l’Ontario français ne semble pas oubliée par les libéraux. Le fonds de démarrage de 18,5 millions de dollars pour 2018-2019 est même « garanti » pour les francophones. Chose qui ne l’est pas, selon le même parti, si l’adversaire progressiste-conservateur (PC de l’Ontario) prenait le pouvoir.

Il y a quelques semaines, la présidente du comité de mise en oeuvre, Dyane Adam, avait confirmé que l’établissement aura un campus temporaire lors de son ouverture. Cela pourrait-il signifier un environnement anglophone? Mme Lalonde balaye d’un revers de bras : « Si on revient au pouvoir, on va être certain qu’il y ait un par et pour les francophones. Le conseil des gouverneurs travaille pour avoir un site dans les délais. »

« En écoutant Marie-France Lalonde et les libéraux ce matin, j’ai cru compris que la nécessité d’un milieu francophone allait être prise en compte », avance M. Jolin.

La plateforme francophone présentée par les libéraux ne se limitait pas à la LSF et l’Université de l’Ontario français. On retrouvait aussi pèle-mêle la construction de davantage d’écoles et d’espaces de garderie francophones, « favoriser » l’immigration francophone, conserver les enseignants francophones présents en Ontario, ou encore allonger l’enveloppe consacrée au Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO).

« Toutes ces annonces étaient déjà connues », lâche M. Jolin. « Je pense que le budget (présenté fin mars) était leur plateforme. »

À la traîne dans les sondages depuis le déclenchement de la campagne, la semaine dernière, les libéraux cherchent toujours un second souffle.

Dans les régions d’Ottawa, et si l’on se fie aux dernières projections politiques du site spécialisé en analyse de sondage Qc125.com, Marie-France Lalonde (Orléans), John Fraser (Ottawa-Sud) ou encore Pierre Leroux (Glengarry-Prescott-Russell) pourraient connaître la défaite le 7 juin prochain.