Les libéraux promettent du logement abordable par et pour les francophones

Steven Del Duca a dévoilé sa plateforme électorale ce lundi dans l'Est de Toronto. Crédit image: Rudy Chabannes

TORONTO – Dans sa plateforme chiffrée dévoilée ce lundi, le Parti libéral de l’Ontario (PLO) s’engage sur plusieurs points pour les francophones, certains déjà connus comme le rétablissement du Commissariat indépendant aux services en français ou la francisation de l’Université de Sudbury, d’autres moins comme le logement supervisé.

En déplacement dans l’Est de Toronto, Steven Del Duca a rendu publique sa plateforme qui comporte plusieurs engagements en direction des Franco-Ontariens. Le chef des libéraux s’engage notamment à désigner l’ensemble de la province de l’Ontario en vertu de la Loi sur les services en français, allant plus loin que la modernisation récemment actée par le gouvernement sortant.

Objectif : apporter des services en français aux 20% de francophones résidant hors des régions actuellement désignées.

Le parti affirme en outre qu’il fera de l’Université de Sudbury une institution francophone indépendante. « Nous investirons dans le maintien de l’Université Laurentienne et ferons de l’Université de Sudbury une université francophone indépendante avec une entente facilitant le transfert de crédits entre les deux », explique-t-on.

Autre engagement : accroître le nombre de travailleurs de la santé francophones et investir dans le logement abordable et supervisé pour les francophones. Il entend ainsi répondre à la fois à la pénurie de main d’œuvre bilingue et à la crise du logement, sans toutefois apporter de précision consistantes sur la manière dont il envisage le faire concrètement. Pour la pénurie de travailleurs, une partie de l’équation serait d’augmenter le nombre d’étudiants internationaux. Pour le logement abordable, l’idée serait de développer le modèle des Centres d’accueil Héritage de Toronto.

La plateforme mentionne également des intentions d’investir dans les opportunités artistiques, culturelles et communautaires francophones, alors que les organismes francophones ont été durement frappés par la crise sanitaire, particulièrement dans la sphère culturelle. La plateforme identifie la nécessité de construire un nouveau bâtiment pour le Mouvement d’implication francophone d’Orléans, tandis que le Programme d’appui à la francophonie ontarienne serait bonifié d’un million de dollars additionnel, portant l’enveloppe globale à 3 millions.

Dans le domaine de la santé, il est question d’identification linguistique sur la carte Santé, une revendication de longue date de la communauté, ainsi que de rendre l’accès à un médecin en 24 heures, y compris en français.

Retour d’un commissaire aux services en français indépendant

Sans surprise, on retrouve dans le document de 80 pages la promesse de rétablir le Commissariat aux services en français, dans sa forme indépendante, un engagement identique à celui des néo-démocrates dans leur propre plateforme dévoilée la semaine précédente. Conséquence des coupes de 2018, le gouvernement l’avait rattaché ce bureau à l’Ombudsman de l’Ontario.

S’il est porté au pouvoir le 2 juin prochain, le Parti libéral appliquera plusieurs autres mesures majeures qui pourraient impacter indirectement les francophones de la province, comme l’amélioration de l’éducation publique, du logement et de la santé. L’arsenal de mesures annoncées ce lundi creuserait le déficit à 19,9 milliards de dollars en 2022-2023, selon les estimations du PLO, une projection identique à celle des progressistes-conservateurs.

Les libéraux entendent, entre autres, interdire les foyers de soins de longue durée lucratifs, supprimer l’impôt sur les sociétés pendant deux ans, réduire la taille des classes par l’embauche de 10 000 enseignants supplémentaires, ou encore protéger la ceinture verte et créer de nouveaux parcs provinciaux.

Principales mesures issues de la plateforme libérale

  • Interdire les armes de poing
  • Encadrer les loyers
  • Réduire la semaine de travail à quatre jours
  • Régionaliser le salaire minimum
  • Réduire le coût des transports en commun à 1$
  • Financer une 13e année scolaire facultative
  • Donner dix jours de congé maladie aux travailleurs
  • Accès à un médecin en 24h dans les deux langues officielles

« Après quatre années de coupes, de chaos et de confusion, nous devons reconstruire ce qui a toujours fait notre force : les écoles, les hôpitaux et les services publics qui soutiennent les familles de travailleurs », a déclaré M. Del Duca.

Depuis la déroute du parti aux dernières élections provinciales de 2018, les libéraux ne constituaient plus un parti officiel à Queen’s Park. Sept députés siégeaient sur les bancs de l’opposition au moment de la dissolution de l’Assemblée législative, incluant la députée indépendante Amanda Simard, qui ralliée en janvier 2020.

Un récent sondage de l’institut Léger place la formation de Steven Del Duca, ancien ministre des Transports de Kathleen Wynne, en deuxième position dans les intentions de vote à 29 %, intercalée entre les progressistes-conservateurs (36 %) et les néo-démocrates (25 %).