Pas de chute des inscriptions universitaires, mais encore des questions

L'Université d'Ottawa. Source: Wikicomons

Les institutions postsecondaires vont connaître un été occupé. Sans savoir encore quelle sera la situation de la pandémie de COVID-19 en septembre, les universités préparent différents scénarios pour la rentrée, avec toutefois une bonne nouvelle, des inscriptions stables ou en hausse.

« Je vais continuer en septembre! Je veux terminer mon baccalauréat rapidement, alors même si je préfère les cours en personne, notamment pour la communication avec les professeurs et les autres étudiants, je n’ai pas hésité. Ça prend plus de concentration et c’est difficile de travailler de chez soi, mais il faut s’habituer aux cours en ligne, même si j’espère que ça ne durera pas trop. »

Étudiante en Administration des affaires à l’Université de Hearst, Laurenda Adanzounon a quitté le Bénin pour venir poursuivre ses études au Canada, en janvier 2019. Aujourd’hui, elle ne perd pas de vue son objectif : travailler en ressources humaines.

Alors, même si la prochaine session universitaire risque de ressembler à celle qui vient de s’achever, elle poursuivra ses études.

Inscriptions encourageantes

Malgré des projections alarmistes évoquées dans un premier temps, ils sont finalement nombreux à faire le choix de Mme Adanzounon, selon les institutions postsecondaires ontariennes.

« Il y a eu des théories selon lesquelles les cours à distance décourageraient les étudiants et j’avoue qu’on ne savait pas à quoi s’attendre », explique Chantal Beauvais.

Mais la rectrice de l’Université Saint-Paul, à Ottawa, a été agréablement surprise.

« Les chiffres sont en hausse partout, avec une augmentation de 22 % des demandes d’admission des candidats canadiens cette année par rapport à pareille date en 2019. C’est difficile à expliquer, peut-être est-ce un retour aux études pour certains? »

La rectrice de l’Université Saint-Paul, Chantal Beauvais. Crédit image : Université Saint-Paul

L’Université d’Ottawa rapporte également une augmentation des demandes d’admission d’environ 3 %, de 83 731 à 86 364 demandes cette année. À l’Université Laurentienne, les chiffres sont stables.

« Il y a deux mois, on pensait que les choses seraient différentes, notamment avec les étudiants qui ne pourraient pas accéder à des emplois d’été, mais les programmes fédéraux semblent avoir réduit ce risque-là », juge le vice-recteur aux études et provost intérimaire, Serge Demers. 

Du côté de l’Université de Hearst, la légère baisse anticipée – onze inscriptions de moins qu’en 2019 – n’inquiète pas outre mesure.

« Évidemment, l’impossibilité d’accueillir la clientèle de l’international a des conséquences sur les inscriptions nouvelles. Par exemple, à l’automne 2018, on accueillait 31 personnes de l’international. À l’automne 2019, on en accueillait 56. À présent, nous en accueillerons neuf seulement », explique la directrice des communications et des liaisons, Lysann Boisvert.

Les restrictions au voyage rendent les conditions difficiles, mais plusieurs institutions se sont adaptées en proposant des cours à distance.

« On a une hausse de 15 % des demandes d’admission des candidats internationaux comparées à 2019, à pareille date », note Mme Beauvais.

Cours à distance ou hybrides

L’Université Saint-Paul espère toutefois pouvoir aussi proposer des cours en personne à ses étudiants, en septembre, en réduisant du tiers la capacité d’accueil en salle de classe pour respecter la distanciation physique, si nécessaire.

« On étudie différentes options, car on sait que les étudiants préfèrent les cours en personne. On pourrait donc imaginer des cours selon des plages horaires, tout en laissant l’option des cours à distance pour ceux qui ne peuvent pas revenir », dit Mme Beauvais.

C’est également le souhait de l’Université d’Ottawa, même si les cours seront aussi disponibles à distance.

Mais à l’Université de Hearst comme à l’Université Laurentienne, la décision a été prise de n’offrir que des programmes en ligne pour le premier semestre, sauf quelques exceptions pour les cours de laboratoires, les projets de construction, les stages qui peuvent être offerts en face à face.

« Nous avons pris cette décision, car beaucoup de nos étudiants ne sont pas de Sudbury. Ça aurait pu être prohibitif de les obliger à venir assister à certains cours en personne. On a jugé que c’était une meilleure mesure pour favoriser la rétention », justifie M. Demers. 

L’Université Laurentienne à Sudbury. Archives ONFR+

Le mode de livraison des cours pour l’hiver sera déterminé à la mi-octobre, pour son institution, dit-il.

Encore des inconnus

L’inconnu sanitaire oblige aussi à adapter la vie en résidence. Celles-ci devront réduire leurs effectifs.

« Notre résidence est assez récente, donc on pourra accueillir des étudiants. Toutefois, peut-être qu’on devra limiter à une personne par appartement, au lieu de deux actuellement », explique Mme Beauvais.

Ces ajustements auront un impact financier, prévient-elle.

« D’habitude, notre résidence est pleine en été, on a donc une perte financière de deux millions de dollars à ce niveau-là. Quand on a un budget serré, ce n’est pas évident. Toutes nos dépenses liées à la COVID-19 n’ont pas été couvertes par l’aide de la province, on espère donc un signe de ce côté-là. On a soumis une demande. »

M. Demers souligne que l’Université Laurentienne en est encore à chiffrer la situation.

Quoi qu’il arrive, toutes les institutions assurent qu’elles se tiennent prêtes.

« C’est un été très différent des autres. C’est bien moins reposant. On est à la merci du virus et de son évolution, alors on doit se préparer », souligne M. Demers.

Joint par ONFR+, le Collège universitaire Glendon n’avait pas répondu à nos demandes d’entrevue au moment de publier cet article.