Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre. Crédit image: Stéphane Bédard

OTTAWA – Pierre Poilievre a commencé son règne de chef en attaquant et en mettant au défi Justin Trudeau, en plus de tendre la main à ses députés francophones au Québec. Le premier ministre canadien a riposté dénonçant « des slogans, des phrases creuses et des attaques insouciantes » de la part de son adversaire.

Dans son premier discours lundi adressé à son caucus en tant que chef conservateur, M. Poilievre a lancé un appel, probablement en direction des membres francophones québécois qui ont en majorité appuyé Jean Charest lors de la course à la chefferie. 

« Peu importe les candidats que vous avez appuyés pendant la course à la chefferie ou si vous êtes resté neutre, je suis très reconnaissant de votre contribution et, tous ensemble, nous faisons partie de la grande famille conservatrice », a-t-il dit quelques minutes après avoir souligné dans son allocution le premier anniversaire de son fils Cruz.

Le leader conservateur a aussi rencontré les députés du Québec en privé, ce lundi matin. Quelques-uns d’entre eux comme Alain Rayes et Joël Godin avaient signifié par le passé leurs craintes par rapport à la victoire de Pierre Poilievre. Joël Godin, qui occupe le poste de porte-parole aux langues officielles, et Alain Rayes, qui occupait aussi cette fonction auparavant, n’étaient toutefois pas présents devant les médias. 

« C’est ce qui est important aujourd’hui. On parle d’unité et le caucus Québec est très important au sein du caucus national. On est tous unis et fiers d’être avec Pierre Poilievre (…). L’unité, c’est la première chose à faire lorsqu’on a un nouveau chef », a souligné Pierre-Paul-Hus, le seul député québécois à avoir soutenu M. Poilievre lors de la campagne. 

« C’est un très bon signal – envoyé par le chef -, d’unité et d’être à l’écoute du Québec », a commenté de son côté le député Gérard Deltell, qui s’était rangé derrière Jean Charest dans les derniers mois.

« Je suis très heureux de ça. C’est une suite logique de son discours », a appuyé le député Bernard Généreux, qui appuyait lui aussi M. Charest.

Le député conservateur Bernard Généreux. Archives ONFR+
Le député conservateur Bernard Généreux. Archives ONFR+

Message à Trudeau 

Pierre Poilievre en a aussi profité pour lancer quelques flèches au premier ministre Justin Trudeau. Il a notamment évoqué la présente retraite du caucus libéral au Nouveau-Brunswick et celle du cabinet la semaine précédente en Colombie-Britannique. Justin Trudeau et la ministre des Finances, Chrystia Freeland, avaient indiqué que la priorité du gouvernement était de trouver des solutions pour aider les Canadiens à supporter le poids de l’inflation.

« Après deux ans à les avertir que leur déficit massif d’impression monétaire ferait monter en flèche le coût de la vie, ils ont finalement eu une révélation que les Canadiens paient trop et, en fait, que les Canadiens sont à court d’argent. Ce premier ministre est déconnecté », a dit le chef fransaskois dans son discours qu’il a débuté en français.

Ce dernier a mis d’ailleurs au défi le chef libéral : « Faites un engagement aujourd’hui, pas d’augmentation de taxe, pas d’augmentation d’impôt. Réduisons le coût de la vie pour les Canadiens », a-t-il lancé.

Pierre Poilievre devrait procéder dans les prochains jours à la nomination de sa garde rapprochée avant de s’attaquer à la constitution de son cabinet fantôme.

Justin Trudeau réplique

Visiblement, ça n’a pas pris de temps pour avoir un premier choc entre Justin Trudeau et Pierre Poilievre. Après avoir félicité ce dernier pour sa victoire, le chef libéral a attaqué le nouveau venu, soutenant que « des slogans, des phrases creuses, des attaques insouciantes, ce n’est pas ça, avoir un plan ».

« Ce dont les Canadiens ont besoin, c’est du leadership responsable », a écorché le premier ministre.

« J’ai entendu M. Poilievre parlé de combien d’argent ont a gaspillé pendant les dernières années sur les Canadiens. Le fait d’avoir été là pour les familles, les étudiants, les aînés, les entreprises et tous les Canadiens, c’était la bonne chose à faire et c’était la chose intelligente à faire pour notre économie. On ne s’excusera jamais d’avoir été là pour les Canadiens », a poursuivi le leader des libéraux qui était avec ses troupes au Nouveau-Brunswick dans le cadre de la retraite du caucus.

M. Trudeau a rappelé le mandat que lui ont envoyé les Canadiens lors de la précédente élection en élisant un autre gouvernement minoritaire et quasi identique à 2019.

« Ils (les Canadiens) nous ont demandé de travailler avec les autres partis et on a fait tous les efforts pour travailler avec tous les parlementaires et on va continuer à faire ça, mais ça ne veut pas dire qu’on ne va pas dénoncer des idées économiques hautement discutables et imprudentes. »

Ce dernier a fustigé les attaques du chef conservateur envers les institutions, ce dernier ayant notamment promis de congédier le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, ainsi que de s’opposer aux mandats vaccinaux.

« Dire aux gens qu’ils peuvent se retirer de l’inflation en investissant leurs économies dans des cryptomonnaies volatiles n’est pas un leadership responsable », a renchéri M. Trudeau. « Soit dit en passant, quiconque suivrait ce conseil aurait vu ses économies détruites. »

Les activités en chambre doivent reprendre le 20 septembre avec une journée de travail le 15, dédiée spécifiquement à un hommage à la reine Elizabeth.