Plus de 4 000 personnes attendues aux manifestations

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À quatre jours des manifestations, les militants franco-ontariens sont sur leur pied de guerre. Aux quatre coins de la province, le drapeau franco-ontarien sera déployé devant une quarantaine de bureaux de députés, ce samedi, de 13h à 15h. Une manière de s’opposer aux compressions des services en français, décidées par le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Depuis l’appel à ces différentes manifestations, jeudi dernier, les inscriptions vont bon train. C’est en tout cas l’avis d’Alain Vachon, engagé par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) pour coordonner les rassemblements. « 3 500 personnes se sont inscrites avec leur nom sur le site web de l’AFO, 4 500 sur les différentes pages Facebook des organismes gérant les manifestations. »

Difficile donc de prévoir le nombre de participants, même si l’on peut en déduire que le nombre va encore croître.

« Ce sont les ACFO locales qui gèrent les événements. Dans certaines régions, il n’y a certes pas d’ACFO. C’est alors un autre organisateur ou même la radio communautaire qui parfois doit mobiliser du monde. »

Ce sont dans les heures qui viennent que l’AFO promet de révéler la fameuse liste des lieux de rassemblement. De la quarantaine des manifestations envisagées, on sait déjà que quatre seront à Ottawa, dont la plus centrale devant le monument des droits de la personne. À Toronto, quatre aussi sont au programme, dont une devant le bureau de circonscription de Doug Ford.

200 à 300 personnes attendues à Timmins

À Timmins, par exemple, on tente de mettre les bouchées doubles, à quatre jours du grand rendez-vous. Faute d’avoir un député progressiste-conservateur, le rassemblement se déroulera devant les bureaux que partagent le député provincial, Gilles Bisson, et son homologue fédéral, et aussi néo-démocrate, Charlie Angus.

« On attend 200 à 300 personnes », confie Sylvin Lacroix, de l’Alliance de la francophonie de Timmins, en charge de l’organisation. « On vient d’avoir notre Centre de santé communautaire, avec un financement provincial. Ça va être une manière de dire qu’on n’accepte pas que Doug Ford touche à ce centre. Par ailleurs, il y a aussi l’éducation postsecondaire. Le Collège Boréal et l’Université de Hearst sont présentes dans notre communauté. On sait que des coupures sont passées sous le tapis. C’est quoi la prochaine? »

Pour M. Lacroix, les compressions ont déjà un impact pour les plus de 10 000 francophones de Timmins.

« Le Centre culturel francophone La Ronde a toujours besoin d’être reconstruit depuis son incendie. On ne sait pas si l’argent provincial s’en vient. Le fonds de plusieurs millions de dollars qui devait servir à rénover des écoles pour qu’elles deviennent plus vertes a été aussi annulé. »

Les francophones de North Bay devant le bureau de Fedeli

Quelques centaines de kilomètres plus loin, à North Bay, on peaufine aussi les derniers préparatifs. À défaut de bénéficier d’une ACFO, c’est le groupe de citoyens Résistance Nipissing depuis plusieurs jours de rassembler les troupes.

« On veut faire sortir les gens », laisse entendre Michel Pagé, l’un des organisateurs. « On veut faire entendre notre voix face à Vic Fedeli. » Car c’est bien le ministre des Finances, Vic Fedeli, le responsable de l’énoncé économique déclencheur de la fronde le 15 novembre dernier, lui qui est le député de Nipissing. North Bay est la ville principale du territoire.

« On a toujours eu un bon appui de Vic Fedeli. Nous ne lui avons pas encore parlé, mais je pense que pour sa part, il n’a pas compris l’ampleur de ses décisions. »

Tout une organisation devant chez Mulroney à York

Reste des défis plus logistiques pour tenir les pancartes devant le bureau des députés. Certains sont situés dans la rue, d’autres directement dans des endroits publics. C’est le cas des locaux de Caroline Mulroney, ministre aux Affaires francophones, mais aussi députée de York-Simcoe, directement situés dans un centre commercial.

« En ce moment, on est pas mal occupé », affirme Nadia Martins de l’Association des francophones de la région de York (AFRY). « Il faut discuter avec la police, car le stationnement est propriété privé, donc savoir où l’on peut stationner. Il y a toute la question des règlements pour le bruit aussi… Peu importe si les bureaux seront fermés, l’objectif est de démontrer qu’on est là, que ce soit vide ou pas. »

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Pour le moment, un peu plus de 100 personnes ont déjà répondu présent pour la manifestation. « Il y aura des représentants de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) », affirme du même souffle Mme Martins.

À Cornwall, « une attaque contre l’ensemble de la francophonie »

Plus à l’Est de la province, les manifestants sont prêts pour le combat. À Cornwall dans l’Est ontarien, quelque 40 personnes sont attendues pour la journée de samedi. Là encore, le nombre pourrait grandir dans les heures à venir. « On espère en voir une centaine », prévient Diane Poirier, la présidente de l’ACFO Stormont, Dundas et Glengarry (ACFO-SDG).

« Les gens en parlent, et même les anglophones nous soutiennent. C’est très différent de la crise linguistique vécue en 2012 lorsque la municipalité de Stormont-Sud avait annulé sa subvention à l’Hôpital de Cornwall pour protester contre les embauches bilingues. Les services sont restés à l’hôpital, ce n’est pas le cas du commissaire aux services en français et de l’Université. Ce que nous avons vu est une attaque contre l’ensemble de la francophonie. »

À savoir si la mairesse francophone élue, Bernadette Clément, sera de la partie, l’ACFO-SDG préfère ne pas se prononcer. « Nous ne l’avons pas contactée pour cela. Elle est encore en période de transition, puisqu’elle n’est pas encore entrée en fonction. »


POUR EN SAVOIR PLUS :

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