Plusieurs maires déjà élus dans les municipalités francophones

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Cinq maires ont été élus sans opposition dans les municipalités de l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO). Ils n’auront donc pas besoin de faire campagne d’ici au 22 octobre, une situation inquiétante selon la politologue Caroline Andrew.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Les résidents de Hawkesbury Est, de Casselman et de Stormont Nord, dans l’Est ontarien, ainsi que ceux de Dubreuilville et Smooth Rock Falls, dans le Nord de la province, connaissent déjà leur maire.

À la tête de la municipalité de Hawkesbury Est depuis 2003, le maire francophile Robert Kirby a été élu une nouvelle fois, sans opposition, tout comme Michel Arseneault, dans la municipalité de Smooth Rock Falls, choisi comme maire pour la troisième fois par acclamation.

« Je pense que cela démontre qu’on fait un bon travail et que les gens me font confiance. J’en veux pour preuve que tous les conseillers municipaux se représentent cette année. Ça montre qu’ils aiment la direction que la municipalité a prise », explique celui qui a été conseiller municipal de 2001 à 2010, avant de devenir maire.

Ce dernier entend continuer le travail entrepris pour développer Smooth Rock Falls et y attirer davantage de familles.

Nouveaux visages

Continuité, c’est aussi le leitmotiv de Daniel Lafleur, le nouveau maire de Casselman. Après une tentative avortée en 2010, l’ancien maire adjoint et conseiller municipal de 2006 à 2010, puis de nouveau à partir de 2016, n’aura finalement pas d’adversaire. Pressentis, le maire sortant Conrad Lamadeleine, et l’ancien maire de 2010 à 2014, Claude Levac, ont décidé de retirer leur candidature.

« Ça a été une surprise, mais je pense que je suis mûr pour le poste. L’expérience est là, je suis prêt pour représenter les citoyens de Casselman et reprendre le flambeau de M. Lamadeleine qui a fait beaucoup de bien pour la municipalité. »

Parmi ses priorités, le nouveau maire espère lui aussi continuer d’attirer de nouveaux résidents, notamment grâce au projet de 610 maisons en développement dans le nord-ouest du village. Il insiste également sur le développement économique de sa municipalité.

« Je vais travailler avec le conseil municipal qui sera élu pour nous assurer qu’il n’y aura pas de hausse de taxes et qu’on surveillera bien nos dépenses. »

M. Lafleur n’est pas le seul nouveau maire élu sans opposition. Dans Stormont Nord, l’ancien conseiller municipal Jim Wert a récupéré le siège laissé vacant par Denis Fife. Dans le Nord, à Dubreuilville, la conseillère municipale depuis 2010, Beverly Nantel, succède au maire sortant Alain Lacroix.

Des maires se retirent

Les maires Lamadeleine, Lacroix et Fife ne sont pas les seules figures du paysage politique municipal francophone à avoir décidé de se retirer pour cette élection.

À Alfred-Pantagenet, le maire sortant Fernand Dicaire ne sera pas candidat, tout comme Gary Barton à Champlain, Robert Éthier dans le canton d’Armstrong, Donald Nolet à Opasatika, Gilles Audet à Moonbeam, Al Spacek à Kapuskasing, Tony Antoniazzi à Kirkland Lake ou encore, Clermont Lapointe à McGarry.

C’est aussi le cas du maire de Rivière des Français et actuel président de l’AFMO, Claude Bouffard, qui a décidé de ne pas se représenter.

Inquiétant, selon une politologue

Si ces élections par acclamation demeurent tout de même limitées au sein des municipalités de l’AFMO, la politologue de l’Université d’Ottawa, spécialiste en politique municipale, Caroline Andrew, rappelle que plusieurs conseillers municipaux n’auront eux aussi pas besoin de passer par les urnes. Dans l’Est ontarien, à Clarence-Rockland, par exemple, quatre conseillers municipaux ont été élus sans opposition. Plus au Nord, à Rivière des français, ils sont trois conseillers sur six à avoir été acclamés.

« C’est toujours inquiétant quand un élu est choisi par acclamation. Cela témoigne du peu d’engouement pour les élections municipales. Les électeurs pensent souvent que la politique municipale, c’est très technique. »

Selon les données de l’Association des municipalités de l’Ontario, le taux moyen de participation était de 43,12 %, en 2014, sur 389 municipalités étudiées. Dans 18 d’entre elles, les conseils municipaux ont été élus par acclamation dans leur totalité.

Le maire Arseneault y va de son explication.

« C’est un travail très exigeant et qui se fait majoritairement en journée. Ça prend une personne à la retraite. »

La volonté du gouvernement provincial de réduire la taille du conseil municipal de Toronto de 47 à 25 sièges n’est pas là pour rassurer Mme Andrew.

« Ça limite encore plus la possibilité pour les citoyens de connaître leurs élus et de développer un lien avec eux, car les conseillers, en étant moins nombreux, risquent d’être encore plus débordés et moins disponibles. Ça contribue à affaiblir ce niveau de gouvernement et ça peut nuire au taux de participation aux élections municipales qui est déjà bas. C’est d’autant plus regrettable que les économies escomptées sont très limitées [le gouvernement provincial estime pouvoir faire une économie de plus de 25,5 millions $ sur quatre ans], mais que l’impact est réel sur la démocratie. »


POUR EN SAVOIR PLUS :

L’ACFO-Toronto préoccupée par une réduction du conseil municipal